On connaît le goût de Michel Serres pour la langue et particulièrement pour les mots, Dans son dernier ouvrage,” Écrivains, savants et philosophes font le tour du monde…” il nous confirme qu’il a construit toute sa vie une philosophie qui le range dans la tribu des analogistes, familier qu’il est du déploiement grec des multiplicités du monde, de ses entrelacs mouvants, ou du pluralisme de Leibniz. Il qualifie de disparate cette dispersion des objets de ce monde. “Disparate” ce mot qu’il utilise souvent dans le chapitre : “Moi, Monade analogiste” porte une charge synonymique de taille ! Un dictionnaire analogique (précisément ! ) propose comme équivalents de disparate : différent, divers, contraire, autre, distinct, dissemblable, divergent, hétérogène, discordant, opposé, inégal, bigarré, multiple, différencié, hétéroclite. Pour alimenter notre percolation épistémologique, “hétérogène et bigarré” auraient suffi, en lieu et place de l’accord, de l’harmonie et de la parité disparue !
“Oui, la pensée n’a cessé, toute ma vie, de me donner, de son bruit de fond chaotique, ruisselant, lumineux, composite…le tournis ; j’en titube, trébuche, ébloui,. Fleuves et turbulences, joie.” (M.S.) Michel Serres appelle compositeur ce philosophe, analogiste, précurseur des inventeurs de notre temps, Leibniz qui dans “monadologie” soutient qu’il n’existe que des singularités. Des Monades! ! ! Leibniza passé sa vie à tenter de shunter, de ponter par comblnatoire analogique, calculs savants, par les liens d’une harmonie universelle et harmonique tous les disparates ; et Michel Serres à son instar !
Comment ne pas être fasciné par la Toile, ne pas essayer de créer des passages, d’inventer des liens, de tracer des chemins, de rêver de “desmologie” (science des liens) comme Barthes se référait à l’arthrologie (science des articulations).
Chaque fois que nous (disparates, foutoirs et pagaîes… atomisés en pixels et en bits) serons unis en groupes- monades composant nos travaux cognitifs, nos rêves subjectifs et nos mouvements collectifs, l’Esprit (au sens Valérien de souffle créateur) sera parmi nous. Comme une Pentecôte sur Babel! ! !
Heuristique & Sémiologique
Compositeurs soyez les bienvenus.
Quelques verbes de la percolation
Fragmenter.
découper, couper, inciser, trancher, tailler, déchirer, fendre, fêler, fracturer, fractionner, briser, isoler, sélectionner, supprimer, éliminer, extraire, détacher, écarter, séparer, scinder, morceler, disloquer, dissocier, disjoindre, disséquer, dépecer, démembrer, décomposer, désarticuler, démantibuler, mettre en pièces, défaire, démonter, désagréger, disséminer, éparpiller, éclater, pulvériser, analyser, distiller distinguer, écrire, simplifier, diviser, déconstruire, différencier,
Transmettre
diffuser, propager, perfuser, répandre, imprégner, inséminer, interférer, métaphoriser, prolonger, étendre, rapprocher, déplacer, rayonner, éclairer, contaminer, communiquer, transposer, produire, prédisposer, traverser, traduire, interpréter, conduire, induire, semer, transférer, transduire, induire, exposer, diriger, influer, influencer, incrémenter, transformer.
Agréger
assembler, rassembler, associer, amasser, réunir, collecter, croiser, disposer, assortir, rapprocher, alterner, juxtaposer, imbriquer, superposer, fondre, confondre, enchevêtrer, combiner composer, monter, ajuster, agencer, arranger, organiser, associer, accoupler, allier, lier, coudre, clouer, coller, sceller, souder, fixer, visser, river, cheviller, emboîter, enchâsser, encastrer, incruster, intriquer, mêler, mixer, tisser, tramer, machiner, synthétiser, lire, complexifier, mélanger, entasser, réunir, unir, joindre, attacher, ajouter, additionner, tresser, amalgamer, synthétiser, intégrer,
La métaphore et la pure idée !
Considérez les langues ; voyez si elles ne possèdent pas tous les caractères que nous avons reconnus jusqu’ici aux produits de la vie. Elles ont leurs périodes d’enfance, de jeunesse, de virilité, de vieillesse, de décrépitude; et elles ont dû nécessairement avoir, avant l’âge du nourrisson que nous pouvons observer pour quelques-unes, un état rudimentaire. ou embryonnaire, soustrait à nos observations.
Elle se développent par percolation, par l’élaboration de matériaux adventices, par la fixation progressive de formes primitivement indécises, par la distinction croissante de ce qui était originairement confondu. La forme, c’est-à-dire la structure grammaticale, y persiste comme l’élément essentiel, tandis .qu’elles perdent des matériaux (c’est-à.dire des mots) et en acquièrent d’autres, et que ces matériaux eux-mêmes subissent dans leur constitution et dans leur valeur de continuelles altérations. Quand le système des formes grammaticales est viscéralement atteint et que la langue ne peut plus vivre, les matériaux qui la composaient s’en détachent pour entrer dans la composition d’un autre
organisme. Arborescence, développement rhizomatique, semence, greffe, bouture, provignage, pollinisation , ( je me réfère ici à des travaux de Max Müller et de Cournot (19ème siècle! ) que Mrs Bricmont, Sokal et Bouveresse m’excusent !
Max Muller quand il insiste dans sa “Science du Langage”sur la linguistique comme science naturelle il s’appuie sur une science gouvernée par les lois de la Nature, déclare qu’il ne faut entendre que dans un sens métaphorique tout ce qu’on dit de la vie des langues.
La science du langage ne serait donc, qu’une science naturelle à la manière de la chimie ou de la minéralogie, et conséquemment, d’après ce qu’on a expliqué, un abîme la séparerait des sciences qui ont pour objet des phénomènes du monde organique. Mais, si tel était le sens d’un passage du livre remarquable de Max Mûller on verrait en le lisant que partout l’auteur s’exprime comme s‘il n’avait fait la protestation ou la réserve dont on vient de parler, que pour se mettre en règle avec les logiciens pointilleux du pays d’Outre-Rhin. ! ! Partout il y est question de la structure organique des langues, sinon de la vie avec le cortège d’impressions sensibles que ce mot éveille en nous, et qu’on ne peut assurément attribuer aux langues que par métaphore. N’est-ce pas aussi par métaphore qu’il est question en physique de forces, d’attraction, d’affinité ? ce qui n’empêche pas les physiciens de les employer à bon escient et à bon droit, par abstraction plutôt que par métaphore, c’est-à-dire en abandonnant ce qui fait image, pour ne retenir et n’employer dans la construction scientifique que la pure idée. L’idée pure qui s’attache au mot de vie est l’idée d’un principe d’organisation, et le fait incontestable, c’est que les langues offrent partout la marque d’une origine et d’une structure organiques...
La “percolation” est-elle une métaphore autorisée pour évoquer la “transmission” ?
La métaphore, figure de rhétorique, nous intéresse ici comme se référant au mot, elle est extension ou glissement du sens des mots, elle intervient dans le lexique comme un substitut ou une illustration. L’immense majorité des termes techniques et scientifiques se fondent sur des langues vulgaires le latin, le grec et leur lexique, Archimède, Thalès, Platon… les rhéteurs romains, Pascal, les textes religieux fondateurs….. et Diderot les ont fort bien utilisés. Quand nous disons “arbre”; que nous soyons, généalogistes, agriculteurs, informaticiens, mécaniciens, théologiens, forestiers, moralistes… nous savons de quoi nous parlons, il n’y a pas usurpation, détournement mais usage d’une image qui reste une image qui se fonde sur une analogie, une ressemblance, une allusion sans transfert, ni distorsion de sens. “L’Homme est un roseau pensant”, Pascal ne tombe ni dans le “scientisme” ni dans le “littérarisme”, selon les expressions de Jacques Bouveresse qui enfourche le cheval de Sokal, D’aucuns ont reproché à Deleuze l’usage abusif de “rhizome” ils ont bien tort et défendent bien mal leur pré-carré, que je sache personne n’y cherchera le bambou et le chiendent ! ! par contre beaucoup ont appris les différences entre la genése linéaire avec ses risques de rupture, et le développement rhizomatique et son aptitude au contournement stratégique (tel le Phenix qui renait de ses cendres et qui en plus est mythique!) Et le texte, tissu de chaîne et trame, syntagme et paradigme, de rigueur canonique et d’imaginaire.
Bref soyons sérieux ! la métaphore est un instrument indispensable pour les analyses scientifiques. Mais elle implique un usage réflexif qui en précise le statut car celui-ci peut être divers (pédagogique, iconique, heuristique ou modélisateur)De simple figure de langage elle peut passer insensiblement au statut de paradigme. Simple image la métaphore peut accéder insidieusement, subrepticement au statut de concept pourquoi pas, mais il faut savoir que cette ingérence n’est pas neutre elle peut distordre la théorie, la réflexion ainsi que diverses pratiques de la communication. Il nous faut noter ici le rôle heuristique de la métaphore, aujourd’hui. les développements de la physique, par exemple dans les domaines des fractales ou de la percolation, ouvrent des perspectives nouvelles et prometteuses. Cette évolution montre aussi que les chercheurs en sciences sociales auraient intérêt à renouveler les métaphores qu’ils emploient et qui sont parfois archaïques .La métaphore est un outil qui ne doit pas être confondu avec son objet; elle relève du langage et de la communication. Elle désigne, illustre, modélise et parfois elle catalyse la création mais Il est, alors, nécessaire de distinguer les propriétés, les attributs du phénomène et de faire la part du caractéristique et non-transférable de sa métaphore.
Anarchitectonicité.(an, archie, texte, technique, architectonique, tectonicité, technicitoyenneté,…)
Selon la théorie générale, le processus sémiotique provient de la rencontre d’ensembles signifiants avec des contenus de signification. Plus précisément, la sémiosis naît du rapport entretenu entre deux types de formes co-présentes : l’une organisant les expressions signifiantes et l’autre, plus abstraite, organisant les contenus signifiés. En ce qui a trait spécifiquement à la sémiotique de la construction, de l’élaboration créatrice des ensembles physiques ou sociaux, ils accèdent pour tout ou partie aux rôles de signifiants par la sélection qui est opérée lors de la mise en relation avec des contenus de signification. Il se produit alors une double segmentation, celle du continuum des ensembles physiquement constitués et celle du continuum de signification porté par eux et articulé avec eux. Ces deux segmentations co-occurrentes s’effectuent par l’inscription syntaxique et dans la composition complexe et paradigmatique d’un effet de sens ontologique ou épistémologique.
En référence à cette théorie, une question est à poser tout d’abord pour construire, à un premier degré de complexité, une « sémiotique systémique » qui serait syncrétique de ces deux constitutions physiques et de leurs contenus de signification associés. Cette façon de procéder se considèrerait sur le plan unitaire des contenus de signification et sur la disparité des plans des expressions manifestes en présence, celui de la tectonique du croisement aléatoire, de la rencontre, (voire de la contestation, du refus) d’un pouvoir, d’un ordre, d’une intention, d’une loi sous-jacente et d’un projet, d’un libre-arbitre. Ces deux physiques, en conjonction indissociable et permanente dans l’espace-temps sociétal, se caractérisent chacune par une substance spécifique, manifestant l’organisation de la forme particulière, inscrite dans leur propre matière. Cette forme n’est pas nécessairement visible ; elle est alors seulement engrammée dans cette matière, ne relevant ainsi que d’une grammaire. De plus, lorsqu’il est question de la pluralité des composantes d’un texte, d’un milieu de vie, englobé dans une structure cette matière est diverse comme indiqué Il s’agit donc de systèmes de formes distincts, opérant dans des ordres de matière séparés et responsables de la diversité des substances qui en sont la manifestation plurielle.
L’approche sémiotique consiste à intégrer en une même modélisation cognitive les formes d’organisation distinctes d’ensembles signifiants tectoniques et hétérogènes. Elle met ainsi en cause la pertinence des deux modes de l’orthogonalité et de la perspectivité qui caractérisent l’ observation élaborée, médiate.L’approche sémiotique ne considère pas séparément les expressions manifestes de ses composantes Elle s’intéresse davantage à leur mise ensemble par co-présence active de celles-ci au sein d’un même organisme pour assurer son fonctionnement selon sa destination programmatique première. Il importe de constater qu’il s’agit seulement d’une conjonction de fonctionnalités qui sont disponibles pour assumer des fonctions sociales, pragmatiques, textuelles ou symboliques..et peut-être aussi ludiques ! ! ! On peut aussi se rendre sur percolexique 3, afin de se persuader du sourire sous-jacent ! ! !
Production induite d’ “Essais et Conférences” de Heidegger (col :Tel)
(Avertissement et excuses dus aux lecteurs pour la mauvaise transcription des caractères grecs de certains mots que Heidegger utilise sous leur forme native), On comprendra, en dépit de ce défaut toute l’importance que le philosophe et son transducteur, accorde aux mots et aux nuances de leur signification, Les habitués du Percolateur retrouveront la “duction”, la technique, le texte, la tectonique,… et leur signification générique et ils comprendront que leur site préféré, s’il n’a pas produit ce texte, le produit à leur intention avec délectation ! ! !
〈〈 Pro.duire se dit en grec TEXTΩ. La racine TEC de ce verbe se retrouve dans le mot TÉΧνη, (la) technique Ce mot ne signifie pour les Grecs ni art ni métier, mais bien : faire apparaître quelque chose comme ceci ou comme cela, de telle ou telle façon, au milieu des choses présentes. Les Grecs pensent la pro-duction, à partir du « faire apparaitre ». La TÉΧνη,qui doit être pensée ainsi, se cache de toute antiquité dans l’élément « tectonique» de l’architecture. Encore récemment, et d’une manière plus résolue, elle se cache dans ce qu’il y a de « technique» dans la technique des moteurs. Mais l’être de la pro-duction qui bâtit ne saurait être pensé, ni à partir de l’architecture, ni à partir de la construction technique, ni à partir d’une simple association de l’une et de l’autre. La production qui bâtit ne serait même pas caractérisée d’une façon appropriée, si nous voulions la penser seulement au sens de la TÉΧνη, grecque originale, comme un« faire apparaître » qui amène une chose pro-duite, comme chose présente, parmi les choses déjà présentes. Bâtir est, dans son être, faire habiter. Réaliser l’être du bâtir, c’est édifier des lieux par l’assemblement de leurs espaces. C’est seulement quand nous pouvons habiter que nous pouvons bâtir. Pensons un instant à une demeure paysanne de la Forêt-Noire, qu’un « habiter» paysan bâtissait encore il y a deux cents ans. Ici, ce qui a dressé la maison, c’est la persistance sur place d’un (certain) pouvoir: celui de faire venir dans les choses la terre et le ciel, les divins et les mortels en leur simplicité…〉〉
Percolexique n° 3
La langue obéit à des lois qui semblent être celles de la percolation, soumise qu’elle est à l’étymologie, à l’ Histoire, aux contraintes contextuelles, à l’usage, aux perversions, à des facilités, aux reconnaissances de la Chaire comme de la Tribune. Parcours sinueux s’il en est mais toujours inscrit dans la perspective de l’échange, la langue est elle-même son propre outil de transformation qu’elle soit écrite ou parlée, auto-créatrice, inventive naturellement. Plutôt sensation que bruit, murmure léger, l’écriture (comme la lecture) engendre un mécanisme de production de sens, visant à animer un “terrain de jeu” . Ici, la pensée se développe, s’étend, se plie, se déploie, et procède par fragments épars, par blocs, associations d’idées, et dessine un réseau complexe de pistes, suggèrant autant l’inachèvement, que la possibilité d’achèvement.
Il n’est pas question ici de traiter de “création lexicale” mais tout simplement de jouer avec les lettres, les mots et leur musique, comme des signes en quête de sens sur cette petite aire de jeu de la PERCOLATION et du PERCOLATEUR. Plus ludique que savant ! Nous considérons que ces deux mots sont tels que proposés , métaphoriquement, dans les pages de ce site dédié à la Transmission. Cet “a priori” constitue déjà en soi, un saut considérable du comptoir ou du coin de table au lutrin, au scriban, à la bibliothèque où voisinent d”énormes dictionnaires, des recueils de poésies, des manuels de philo, de math et de grammaire,.. sous le regard sourcilleux mais cependant encourageant de Paul Valéry, Michel Serres et autres Montaigne ! ! (on voudra bien me pardonner si je ne suis pas à la hauteur de mes références).
Nous avons dans ces pages, beaucoup utilisé la métaphore, d’autant que le modéle appartient initialement au domaine de la physique, simple, banale de l’eau qui coule, dans un couloir, un tuyau, un colateur. Le percolateur ajouta la fonction perturbatrice du filtre et sa dimension aléatoire. La percolation désigna cet écoulement contrarié, dans son milieu obstaculaire et enrichissant, le terme fut adopté non seulement pour désigner les phénomènes de la mécanique des fluides et du fransfert des arômes ! mais aussi par les sciences humaines pour les questions que posent les notions de circulation, de transmission, de rétention, d’altération, de propagation, de sélection, de ségrégation, de transport, d’échange,…La percolation en arrive à s’ interroger sur elle même, sur son entropie, car son domaine privilégié c’est le signe et le sens, et leur diffusion ! !
Nous avons sur ce site comparé les fonctions du percolateur et celles de l’alambic, ces deux machines partagent la même paillasse au laboratoire sémiologique.On appelle distlllat le produit de la distillation, ce qui me conduit, grâce à cette proximité et à une certaine logique de désigner par “percolat“ (que l’on peut qualifier de textuel mais cela va de soi !) le produit de la percolation,. Je désigne par le mot “percologue“, sur le modèle de catalogue le “nuage de mots”, véritable célébration logorrhé!que et pratique du percolateur et de son percolat. Toute lecture est une “percolecture“ et tout lecteur un “percolecteur”. Il est aussi une caractéristique importante de la percolation, l’hétérogénéité et la fragmentation des éléments qui lui sont soumis ; c’est ainsi que je me réfère au bris-collage, et de prétendre que la percolation est un percollage…et surtout qu’elle est percoludique !!!!!
On peut aussi jeter un coup d’oeil sur : Percolexique n° 2 et Percolexique n°1
Ainsi que sur “à la fortune du mot”