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Heuristique & Sémiologique

 

La métaphore et la pure idée !

Filed under: Verbe,Webzette n°26 — Author : — 27 Mar 2009 —

Considérez les langues ; voyez si elles ne possèdent pas tous les caractères que nous avons reconnus jusqu’ici aux produits de la vie. Elles ont leurs périodes d’enfance, de jeunesse, de virilité, de vieillesse, de décrépitude; et elles ont dû nécessairement avoir, avant l’âge du nourrisson que nous pouvons observer pour quelques-unes, un état rudimentaire. ou embryonnaire, soustrait à nos observations.
Elle se développent par percolation, par l’élaboration de matériaux adventices, par la fixation progressive de formes primitivement indécises, par la distinction croissante de ce qui était originairement confondu. La forme, c’est-à-dire la structure grammaticale, y persiste comme l’élément essentiel, tandis .qu’elles perdent des matériaux (c’est-à.dire des mots) et en acquièrent d’autres, et que ces matériaux eux-mêmes subissent dans leur constitution et dans leur valeur de continuelles altérations. Quand le système des formes grammaticales est viscéralement atteint et que la langue ne peut plus vivre, les matériaux qui la composaient s’en détachent pour entrer dans la composition d’un autre
organisme. Arborescence, développement rhizomatique, semence, greffe, bouture, provignage, pollinisation , ( je me réfère ici à des travaux de Max Müller et de Cournot (19ème siècle! ) que Mrs Bricmont, Sokal et Bouveresse m’excusent !
Max Muller quand il insiste dans sa “Science du Langage”sur la linguistique comme science naturelle il s’appuie sur une science gouvernée par les lois de la Nature, déclare qu’il ne faut entendre que dans un sens métaphorique tout ce qu’on dit de la vie des langues.
La science du langage ne serait donc, qu’une science naturelle à la manière de la chimie ou de la minéralogie, et conséquemment, d’après ce qu’on a expliqué, un abîme la séparerait des sciences qui ont pour objet des phénomènes du monde organique. Mais, si tel était le sens d’un passage du livre remarquable de Max Mûller on verrait en le lisant que partout l’auteur s’exprime comme s‘il n’avait fait la protestation ou la réserve dont on vient de parler, que pour se mettre en règle avec les logiciens pointilleux du pays d’Outre-Rhin. ! ! Partout il y est question de la structure organique des langues, sinon de la vie avec le cortège d’impressions sensibles que ce mot éveille en nous, et qu’on ne peut assurément attribuer aux langues que par métaphore. N’est-ce pas aussi par métaphore qu’il est question en physique de forces, d’attraction, d’affinité ? ce qui n’empêche pas les physiciens de les employer à bon escient et à bon droit, par abstraction plutôt que par métaphore, c’est-à-dire en abandonnant ce qui fait image, pour ne retenir et n’employer dans la construction scientifique que la pure idée. L’idée pure qui s’attache au mot de vie est l’idée d’un principe d’organisation, et le fait incontestable, c’est que les langues offrent partout la marque d’une origine et d’une structure organiques...

 

 

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Lyon - http://www.lepercolateur.info/ - Date d´édition: 2024-04-24 19:27:13 -

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