Racines et Culture, pour une botanique critique ! !
Il m’arrive de temps en temps de fouiller dans mes vieilles notes de lecture, fragments souvent difficiles à déchiffrer, bribes et citations…C’est ainsi que récemment j’ai inventé (parce que découvert) des notes et des photocopies de pages de livres dans une liasse de papiers que j’avais intitulée : “fondement et racines”, une centaine de feuilles qui peuvent peut-être alimenter mon “percolateur”, d’autant que j’y trouve une citation qui ne manque de me séduire (tant elle résume la notion de percolation) : “Chez les grecs le même mot signifie “greffé” et “civilisé “. Ce ne sont pas les racines qui comptent, mais les modifications qui leur sont faites de leur déterminisme, le changement introduit au niveau du tronc et des branches : pour des fruits différents. C’est aux fruits qu’on juge l’arbre pas au racines. Les racines c’est barbare….la culture est l’ensemble des greffons, des modifications du déterminisme des racines. Le racinisme d’aujourd’hui traduit une perte du sens grec de la culture.”
Et si parler de« racines» à propos des humains n’était qu’une méprise d’étymologie, une confusion des plantes végétales avec la plante des pieds? La plante des pieds ne prend pas racine comme une plante. Curieusement, la plante des pieds, dans la langue, a précédé la plante «végétale », qui est une création tardive du français. Aussi la marche à pied, pour le mot « plante », est-elle bien plus originaire que l’enracinement. La plante est d’abord des pieds, c’est-à-dire de la marche; puis elle donne « planter» : enfoncer avec le pied, tasser la terre avec le plat du pied, d’où « planter» au sens actuel; et finalement le mot passe à ces végétaux nés du plantage : du déplacement et du travail de la plante des pieds. La dignité de l’originaire étymologique est du côté du pied humain, et non du végétal ! Et on vient nous parler de « racines» et d’ « enracinement », nous dire que nous sommes des végétaux comme un emblème suprême de l’archaïque. Escroquerie! C’est le déplacement, la marche, le non-enracinement de la plante des pieds, qui sont fondateurs!
Le racinisme s’est exprimé dans la Révolution française avec une phrase idiote autant que célèbre: “On n’emporte pas la patrie à la semelle de ses souliers ” Ce qui est une diffamation caractérisée de la plante des pieds. Et qui est évidemment faux : quand les semelles des expulsés de la guillotine se réfugient dans les forêts de Germanie, on parle d’expatriés et d’ « émigrés» ; mais lorsque la dynamique de la Révolution propulse les semelles des patriotes jusqu’à Moscou, alors très bien! Quand il s’agit des adversaires, on dit : “anti-patriotes ! vous voyez, ils s’en vont ! “Quand il s’agit d’exporter la Révolution, on dit: “En fait je ne m’expatrie pas, car ma patrie, c’est le monde. ” Escroquerie. L’homme est cette plante qui se dépote elle-même et qui emporte tout à la semelle de ses souliers: la patrie et le reste.
Une méprise étymologique certes, mais surtout anthropologique, ontologique, un contre-sens conceptuel.
NB 1:Je n’ai retrouvé ni le titre du livre, ni le nom de l’auteur. A en juger d’après la position des documents dans la pile poussiéreuse, je pense que le livre date des années 1980 ? ( je suis demandeur d’informations ! )
NB 2 : On peut se rendre à la page : “le chêne et le rhizome” (encore de la botanique)