Le Percolateur

Croisée

 
 

Heuristique & Sémiologique

Croisée  (Complexité, interdisciplinarité, intersection, confluence, interférence, composition, système et processus dialogique. )

Savoir et savoir-faire

Author : Gilbert — 27 Jun 2009

Dans ‘l’introduction du Tome 2 des Hermès,” L’interférence”,(Minuit 1972) Michel Serres insiste sur l’urgence de fonder une épistémologie pluraliste, développant un spectre complet de la logique de la science, à la linguistique et à la sociologie de la science. Cette philosophie du transport, cette épistémologie pluraliste devrait supprimer sans restriction tout dogmatisme. La question de la classification se pose, Michel Serres se réfère au système de Leibniz dont chaque région est une complexion et la complexité le concept central et surplombant. Michel Serres préconise en ce premier temps de reprendre le graphe en réseau, invariant par toutes les manifestations locales de l’opération de classer : montrer qu’on doit moins considérer les cellules qu’enserrent les mailles du réticule, que cette manière d’espace fibré qu’il constitue comme tel. Autrement dit, le partage a moins d’im portance que la circulation le long des chemins ou des fibres, la circonscription d’une région a moins d’intérêt que les nœuds de confluence. L’intersection est heuristique, et le progrès est entrecroisement; on rend compte ainsi de la complexité.
Vingt ans plus tard, à cet aspect théorique Michel de Certeau ( L’invention du quotidien, Gallimard 1990) oppose la rationalité de la technique, l’art de faire qui s’accommode mal des amblguïtés, des interférences, et exige Lisibilité et Homothétie de la Reproduction, La raison technlcienne, le cède souvent à une invention du quotidien à ses ruses et tactiques de résistance Comme si la science proposait et L’art de vivre disposait. La complexion du faire est différente de la complexité du savoir, elle en est souvent la métaphore, jamais une réduction.


Michel Serres, l’analogiste et la chamarrure

Author : Gilbert — 29 Apr 2009

Ceux qui me connaissent le savent, Michel Serres fut et reste mon maître. Je l’ai découvert il y a plus de 30 ans, d’abord dans la revue “Critique”, puis avec tous les tomes des “Hermès”, J’ai toujours apprécié et sa langue et la rigueur de sa pensée. Par trois fois j’ai eu l’occasion de le rencontrer à propos du”Tiers -Instruit”. Je garde de ces conversations un souvenir ému et ébloui. Michel Serres est sans doute l’un des rares philosophes contemporains à proposer une vision du monde ouverte, fondée sur une connaissance des Humanités et des Sciences.Le Percolateur est Imprégné de sa pensée, de sa philosophie, de son épistémologie et de sa poésie,
Dans un de ces livres récents, “Écrivains, savants et philosophes font le tour du monde” Michel Serres en une passionnante circumnavigation, bien plus que dans une encyclopédie nous invite dans la tribu des analogistes, en ce paradis qui le comble de joie.
Pour ces tribus, il existe des ensembles indéfinis de disparates, corporels ou incorporels. Pour survivre, agir et penser parmi une telle confusion, reste l’épuisante obligation de travailler sans cesse à la composition, de chercher donc mille et mille relations propres à ponter ces différences. Pour Michel Serres “analogie” désigne, formellement, l’ensemble de ces liaisons possibles. Le kaléidoscope mêlé, tigré, chiné, chamarré, bariolé, bigarré, damassé, marqueté… de ces disparates ensemencés partout, dans le monde objectif comme dans le collectif et le cognitif, le jaillissement d’ensembles indénombrables aux éléments différenciés jusque dans le plus fin détail, où il faut sans cesse tenter d’en ponter l’évident éventail par un réseau connexe ou déchiré, en tout cas surchargé de communications, interférences, traductions, passages larges ou étranglés, trémies, ponts et prépositions du transfert… Dix personnages incarnaient ces médiations en traversant dix de ces entrelacs: Hermès, dieu des commerçants, voleurs et traducteurs, anges et démons, parasites et symbiotes, toute une foule de messagers… Jésus-Christ lui-même, médiateur par excellence. .. sous le patronage historique de Leibniz, premier philosophe de la communication, et parmi le bruit et les querelles (noise) des contemporains, échangeant aujourd’hui leurs messages sur la Toile. Nos technologies nouvelles s’adaptent à merveille à ce savoir et à ce monde-là. Ainsi constellé de singularités, ce tissu moiré inspire et ressemble au réel tel quel…:
au moins tel que je le vois et le pense, paysager, mais aussi tel que..je le vis,le ris, le pleure et l’ espère. Je nage en joie dans un océan de disparates ensemencé, çà et là, de voies. Dans ce tableau que depuis cinq décennies j’essaie de peindre, je reconnais le monde en son déploiement fastueux et je me reconnais moi-même, car si et quand je pense, je relie la foule ou le chaos de ces différenciations” Michel Serres.

Pléonasme, chiasme ou tautologie ? ?

Author : Gilbert — 8 Mar 2009

Karl Raimund Popper (28 juillet 1902 à Vienne, Autriche – 17 septembre 1994 à Londres (Croydon), Royaume-Uni) est l’un des plus influents philosophes des sciences du XXe siècle.
Popper est “évolutionniste”mais il reproche à Darwin d’user de “tautologie” (et peut-être de pléonasme ou de chiasme). Dans son ouvrage “La connaissance objective” Popper développe son rationalisme critique et infléchit sa pensée, se risquant parfois à des conjectures audacieuses, propres à alimenter les débats de
l’épistémologie actuelle.
Si on laisse de côté les philosophies évolutionnistes, ce qui fait problème dans la théorie évolutionniste elle-même, c’est son caractère tautologique, ou quasi tautologique : la difficulté tient au fait que le darwinisme et la sélection naturelle, si grande que. soit leur importance, expliquent l’évolution par « la survie du plus apte » (une expression due à Herbert Spencer). Pourtant, il ne semble pas y avoir beaucoup de différence, s’il y en a une, entre l’affirmation « ceux qui survivent sont les plus aptes », et la tautologie «ceux qui survivent sont ceux qui survivent”. Car nous n’avons pas, je le crains, d’autre critère d’aptitude que l’effectivité de la survie; en conséquence, c’est à partir du fait que certains organismes ont survécu que nous concluons qu’ils étaient les plus aptes, ou les mieux adaptés à leurs conditions de vie.
Ceci montre que le darwinisme, si grandes soient ses vertus, n’est en aucun cas une théorie parfaite. Il a besoin d’une reformulation qui le rende moins vague. La théorie évolutionniste que je vais esquisser ici tente d’opérer une telle reformulation..
On peut décrire ma théorie comme une tentative pour appliquer à toute l’évolution ce que nous avons appris quand nous avons analysé celle qui fait passer du langage animal au langage humain. Il s’agit d’une conception de l’évolution qui la défmit comme système hiérarchisé et croissant de contrôles plastiques, et d’une conception des organismes selon laquelle ils incorporent – ou, dans le cas de l’homme, font évoluer exosomatiquement(★)- ce système hiérarchisé et croissant de contrôles plastiques. On admet la théorie
néo-darwinienne de l’évolution; mais on la reformnule en montrant qu’on peut interpréter ses “mutations” comme des coups plus ou moins accidentels au jeu d’essai et erreur, et qu’on peut, interpréter la « sélection nàturelle ” comme un moyen de contrôle par élimination de l’erreur”
(★)Exosomatique :
Adjectif singulier invariant en genre selon Karl Popper, qualifie un système produit par l’homme mais pourvu ensuite d’une ” vie ” propre” ,

De la poutre maîtresse au chevêtre, du linéaire au réticulaire, du simplex au complexe.

Author : Gilbert — 5 Jan 2009

La complexité caractérise un état, un système, dont le nombre des éléments et celui des liaisons en interactions est immensément grand ou inaccessible. Nos objets sont généralement de tels systèmes, le plus souvent variables avec le temps ou l’espace des sujets qui en parlent. Ainsi de n’importe quelle chose du monde, ainsi des systèmes du monde, ainsi d’un lieu quelconque du savoir, ainsi d’un chapitre de l’encyclopédie et du langage, ainsi de nos groupes et des sociétés, ainsi de l’économie, ainsi de cette multiplicité spatio-temporelle en transformation, de nos techniques et technologies et de ce qui est, sans doute, la plus fortement complexe, qu’on appelle l’histoire.
A l’époque où le savoir est encore assez simple et où, surtout, il se propose le travail de simplification, Leibniz, déjà, rencontre la question de la complexité. Au milieu de l’âge classique, il en est le premier philosophe et le premier linguiste Son système est construit par monades et multiplicités, par implications et explications, au moyen d’un art combinatoire qu’il nomme l’art des complexions, et au moyen d’une multiplicité d’unités sans portes ni fenêtres, elles-mêmes complexes. Il accomplit ainsi la variation réglée la plus large et la plus complète possible de l’un au divers, du principe d’identité à celui des indiscernables. Sa philosophie du multiple dessine les scénographies et projette l’inaccessible cadastre des chemins praticables entre l’unique inimitable et l’infinie variété des différences, du pico au téra, de l’infra au supra. C’est ainsi qu’auprès de Leibniz, en méditant ses inventions, autant voire plus, que son métalangage, on apprend à construire le modèle en réseau. Un réseau est précisément la graphie d’un système complexe. Il trace l’ensemble des liaisons ou interactions entre les éléments d’un système,.
Et nous sommes plongés dans le tissu enchevêtré du réseau. La métaphysique en clôt la connaissance, et intègre l’encyclopédie dans son sens propre où elle en accomplit le pourtour, en esquisse le périphérique. Complexe.

On peut se rendre sur la page du tisserand, homme de la complexité !

On peut aussi se reporter à la page Architectonique”, notion importante de la Complexité

Tant qu’il y aura des hommes, il y aura des chevaux de frise…

Author : Gilbert — 8 Nov 2008

La Ville sainte se découvre à un regard froid comme une foire industrielle de la clôture. Le visiteur y trouvera ce qui se fait de mieux en fait de palissade, muret, fossé, herse, porte métallique, vitre blindée, cage, tranchée, barrière, chicanes de ciment, casemate, portique (avec ou sans prothèses électroniques, type sen-seur, caméra, micro, au choix). Il y a le bas et le haut de gamme, par exemple le barbelé non plus piquant mais coupant, constellé de minuscules lames de rasoir quasiment invisibles (très tendance, m’assure-t-on). Cette inventivité, cette prolifération de techniques dernier cri me feraient presque regretter le temps consacré à la médiologie, qui est l’étude des moyens de traverser la rue, les siècles et les spécialités, alors que la moindre déambulation dans ce labyrinthe incite à une étude systématique des mille façons d’obstruer le passage. On pourrait appeler cela, soyons prétentieux, la murologie. Je ne vois pas de discipline plus urgente ni de plus grand avenir, à observer ce qui s’érigesur le Rio Grande, autour de Gibraltar, à Bagdad, et demain dans cent autres lieux. J’ignore si la névrose des enceintes est physiquement contagieuse ou encline aux jalousies mimétiques. Je sais seulement qu’elle peut alimenter les conversations du matin au soir, les travaux des cartographes (en Israël, une carte routière devient obsolète au bout de trois ans), et la migraine des automobilistes (les itinéraires étant à réinventer chaque mois). Chez tous les perclus de la clôture, reclus ou exclus, elle fait de l’emmuré et de l’emmurant un paranoïaque. À quelle heure ferment-ils? Et si je tombe sur un barrage volant ?….

Extrait de “Un candide en Terre sainte” de Régis Debray, Gallimard.

Architectonique

Author : Gilbert — 21 Sep 2008

Il y a 4 ans dans la rubrique “Graphe” du “Percolateur je montrais un tableau synoptique de l’étymon indo-européen t-k’ et de sa riche descendance. Qu’on en juge : tisser, toile, texte, textile, construire, charpentier, technique, technologie, arts, tectonique, architecte, architecture, structure,… appartiennent à cette famille, qui, par le sanskrit, le latin, l’italique, le grec et qui, sans doute par quelques dialectes ou patois de chantiers,…. Toute notre antiquité se retrouve dans ce lexique, le tisserand , le poète, le géomètre, l’arpenteur, le bâtisseur,l’artisan, le géographe, l’artifice, le géologue, le sculpteur,…Sa spécificité constructive s’ouvre à la création conceptuelle, ajoutant à son champ ! Qu’on en juge par cet extrait de “L’épistémologie constructiviste” de Jean-Louis. Lemoigne :
En philosophie, l’architectonique est la coordination scientifique de tous les savoirs, Par cela la méthode de conceptualisation relativisée s’apparente à l’Ingénierie qui, avec des fragments extraits du réel physique, construit des formes utiles nouvelles, “artificielles”, bien que soumises aux lois qui régissent les phénomènes physiques naturels ; cependant qu’elle s’apparente aussi en un certain sens à l’Art, car l’artiste, lorsqu’il est grand, extrait des profondeurs de sa factualité psychique individuelle, des fragments encore in-formes d’émotion et d’impression auxquels il donne des formes publiquement sensibles en se conformant aux contraintes matérielles qu’imposent l’utilisation architectonique de matériaux, ou l’utilisation de couleurs, ou de sons, ou de gestes.
L’architectonique est bien la coordination scientifique de tous les savoirs mais aussi des diverses parties d’un système. (Le terme a d’abord été utilisé par Aristote dans L’Ethique à Nicomaque) : la politique est l’art de l’architectonique, qui organise les activités de la Cité. La langue (texte) qui se construit par syntagme et paradigme, la toile qui se tisse de chaîne et de trame, l’Histoire qui émerge de la rencontre du contexte et l’antérieur,… L’ontologie, la percolation complexe, se fondent sur l’architectonique. Qui parlait de Dieu comme Grand Architecte de l’Univers ?

On peut aussi voir la notion de complexité sur le percolateur.

Habitus et Coutume

Author : Gilbert — 9 Jul 2008

Habitus et Coutume, L’habit qu’il exhibe fait le moine, montre la foi qui l’habite et l’habilite parmi les siens.

Devoir, habit, habité, habitude, habitué, habile, habilité, habileté, exhiber, habitat, rédhibitoire, …tous ces mots appartiennent à la famille d’ AVOIR ; du latin “HABERE, HABITUS”, tenir, se tenir, qui a en germanique de nombreux correspondants : allemand HABEN, anglais TO HAVE, Notons que cette riche famille s’auto-distingue, s’auto-désigne par un terme dérivé de l’Anglais (et de la même racine latine, qu’il ne saurait renier ! !) le BEHAViORISME, théorie et étude du COMPORTEMENT !
On voit bien que cette famille lexicale devait séduire la sociologie et les sociologues, prodigues créateurs de concepts !
Au hasard de mes lectures, j’ai rencontré récemment un très bon petit livre de Gilles Ortlteb : Sous le crible (éditions Finitude; 2008) dont je vous livre un extrait, épiphane ! ! :

« I.’année où nous vînmes ici, j’aperçus un lièvre debout, grand comme un enfant habillé... »(Audiberti, Dimanche m’attend). Tout est dans l‘«habillé», évidemment, qui fait aussitôt penser à petit costume, raie à gauche, bottines lacées – sur quoi vient mentalement s’imprimer l’image du lièvre. Grand et debout, dès lors, coïncident L’ habit ne fait pas le lièvre, mais il l’ aide à se tenir debout.”
Les dictionnaires s’essoufflent à suivre cette sémantique foisonnante ! !

HABITUS :
a). Sens commun : « manière d’être » (Le Robert).
b). Sens philosophique : « phénomènes d’habitude sociaux qui peuvent se produire sans que ceux qui y participent en aient conscience : on en voit des exemples dans le langage et dans les mœurs » (André Lalande, Dictionnaire technique et critique de la philosophie. PUF, Quadrige, 1997).
c) Sens médical : désigne l’apparence extérieure en tant qu’elle traduit un état général du sujet (n’est pas lié au sens commun). Malade est une contraction tardive de « male habitus » .
d) Sens sociologique : « ensemble de dispositions durables où sont intégrées les expériences passées. Il fonctionne comme une grille de perceptions, jugements, et actions (…) » (Madeleine Grawitz, Lexique des sciences sociales. Dalloz, 1994).

Les sociologues ( et particulièrement Bourdieu) ont décrit et étudié l’aptitude des individus à s’orienter spontanément dans l’espace social et à réagir de façon plus ou moins adaptée aux événements et aux situations. Il n’y a rien de miraculeux dans cette spontanéité puisque tout champ exerce sur les individus une action pédagogique multiforme ayant pour effet de leur faire acquérir les savoirs indispensables à une insertion correcte dans les rapports sociaux ; le maintien de l’ordre existant et la reproduction des structures sociales reposent pour une très grande part sur ce travail éducatif, sur cette immense et incessante entreprise d’apprentissage et d’inculcation. un certain type de rapport global à autrui et aux choses, à la vie et au monde, qui une fois inculqué et constitué va engendrer, chaque fois que les conditions s’y prêteront, une foule de comportements particuliers mais tous bâtis sur le même principe, et ayant par là-même une étroite ressemblance. Habillé de la même façon (cet habit là est souvent un uniforme). Il y a là de la percolation, de l’ontologie, de la généalogie sans-gène (!), la reproduction de l’HABITUS. Et si l” habitus était à l’individu ce que la coutume est au groupe ? avec une percolation partagée.

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