Le Percolateur

Webzette n°23

 
 

Heuristique & Sémiologique

Webzette n°23  (Mois de Août à Octobre 2008 )

Production induite d’ “Essais et Conférences” de Heidegger (col :Tel)

Author : Gilbert — 12 Oct 2008

(Avertissement et excuses dus aux lecteurs pour la mauvaise transcription des caractères grecs de certains mots que Heidegger utilise sous leur forme native), On comprendra, en dépit de ce défaut toute l’importance que le philosophe et son transducteur, accorde aux mots et aux nuances de leur signification, Les habitués du Percolateur retrouveront la “duction”, la technique, le texte, la tectonique,… et leur signification générique et ils comprendront que leur site préféré, s’il n’a pas produit ce texte, le produit à leur intention avec délectation ! ! !
〈〈 Pro.duire se dit en grec TEXTΩ. La racine TEC de ce verbe se retrouve dans le mot TÉΧνη, (la) technique Ce mot ne signifie pour les Grecs ni art ni métier, mais bien : faire apparaître quelque chose comme ceci ou comme cela, de telle ou telle façon, au milieu des choses présentes. Les Grecs pensent  la pro-duction, à partir du « faire apparaitre ». La TÉΧνη,qui doit être pensée ainsi, se cache de toute antiquité dans l’élément « tectonique» de l’architecture. Encore récemment, et d’une manière plus résolue, elle se cache dans ce qu’il y a de « technique» dans la technique des moteurs. Mais l’être de la pro-duction qui bâtit ne saurait être pensé, ni à partir de l’architecture, ni à partir de la construction technique, ni à partir d’une simple association de l’une et de l’autre. La production qui bâtit ne serait même pas caractérisée d’une façon appropriée, si nous voulions la penser seulement au sens de la TÉΧνη, grecque originale, comme un« faire apparaître » qui amène une chose pro-duite, comme chose présente, parmi les choses déjà présentes. Bâtir est, dans son être, faire habiter. Réaliser l’être du bâtir, c’est édifier des lieux par l’assemblement de leurs espaces. C’est seulement quand nous pouvons habiter que nous pouvons bâtir. Pensons un instant à une demeure paysanne de la Forêt-Noire, qu’un « habiter» paysan bâtissait encore il y a deux cents ans. Ici, ce qui a dressé la maison, c’est la persistance sur place d’un (certain) pouvoir: celui de faire venir dans les choses la terre et le ciel, les divins et les mortels en leur simplicité…〉〉

Métaphore ou le changement du porteur de sens.

Author : Gilbert — 28 Sep 2008

La longue tradition rhétorique grecque s’est employée à cantonner la métaphore dans une fonction ornementale, celle-ci est désormais un objet scientifique à part entière. L’engouement qu’elle suscite depuis quelques années, s’est traduit par une multiplication des écrits qui révèle, par ailleurs, une difficulté à situer le phénomène et à délimiter les territoires cognitifs qu’il recouvre exactement. La métaphore autorise, semble-t-il, ce moment privilégié de conscience où tout cloisonnement information-nel entre imagerie et sémantique est rendu caduc. C’est ainsi qu’a pu se développer un hiatus entre chercheurs issus de diverses disciplines (philosophie, linguistique, sciences de l’information et de la communication, psychologie, psychanalyse…) où chacun définit “ses” métaphores, comme outils certes mais parfois aussi comme armes. Sokal et Bricmont (Impostures intellectuelles) ont violemment attaqué la “philosophie française” en confondant peut-être un mot avec une idée ? Jacques Bouveresse dans un excellent livre : “Prodiges et vertiges de l’analogie” (éd, Raisons d’agir) s’inscrit dans la même perspective; (rappelons sa violente attaque contre Régis Debray et son utilisation du théorème de Gödel ! ! ) Parfois certains ont distingué le philosophe littéraire du philosophe scientifique, réservant le beau-parler, la privauté au premier le sérieux, la rigueur au second. Où classer Serres, Heidegger …..??
Je ne suis ni un savant, ni un poête. De formation scientifique je m’intéresse à tout ( à l’instar de Paul Valéry, toute proportion respectée ! !).Il semble que la métaphore puisse, au-delà du cosmétique, avoir un rôle pédagogique parce qu’elle nomme et désigne (linguistique, sémiologique), parce qu’elle représente et parfois modélise, suppléant le lexique défaillant et une créativité trop à l’étroit). Il est courant qu’un chercheur modélise une entité complexe, construise un objet intermédiaire entre une théorie et une réalité particulièrement abstraite.
Le principal souci est de dégager la métaphore du détail linguistique pour en extraire le raisonnement. Langues et cultures ne font pas obstacle à cette entreprise du fait que les locuteurs ont en partage une identité corporelle (la métaphore “donner une idée” nous enseigne que nous assimilons inconsciemment les pensées à des objets, la percolation se réfère à l’écoulement du temps avec la rétention et les réservoirs de la mémoire, et les obstacles dans le couloir…). A la lumière de ce modèle qui envisage l’organisation des connaissances abstraites sous forme de réseaux sémantiques dont les nœuds donnent corps aux concepts, la lecture d’une métaphore pourrait se concevoir comme l’activation en parallèle de différentes occurrences du lexique mental, de manière continue et diffuse, jusqu’à trouver un point d’intersection. et de compréhension métaphorique et analogique donc de construction épistémologique de la connaissance.

Architectonique

Author : Gilbert — 21 Sep 2008

Il y a 4 ans dans la rubrique “Graphe” du “Percolateur je montrais un tableau synoptique de l’étymon indo-européen t-k’ et de sa riche descendance. Qu’on en juge : tisser, toile, texte, textile, construire, charpentier, technique, technologie, arts, tectonique, architecte, architecture, structure,… appartiennent à cette famille, qui, par le sanskrit, le latin, l’italique, le grec et qui, sans doute par quelques dialectes ou patois de chantiers,…. Toute notre antiquité se retrouve dans ce lexique, le tisserand , le poète, le géomètre, l’arpenteur, le bâtisseur,l’artisan, le géographe, l’artifice, le géologue, le sculpteur,…Sa spécificité constructive s’ouvre à la création conceptuelle, ajoutant à son champ ! Qu’on en juge par cet extrait de “L’épistémologie constructiviste” de Jean-Louis. Lemoigne :
En philosophie, l’architectonique est la coordination scientifique de tous les savoirs, Par cela la méthode de conceptualisation relativisée s’apparente à l’Ingénierie qui, avec des fragments extraits du réel physique, construit des formes utiles nouvelles, “artificielles”, bien que soumises aux lois qui régissent les phénomènes physiques naturels ; cependant qu’elle s’apparente aussi en un certain sens à l’Art, car l’artiste, lorsqu’il est grand, extrait des profondeurs de sa factualité psychique individuelle, des fragments encore in-formes d’émotion et d’impression auxquels il donne des formes publiquement sensibles en se conformant aux contraintes matérielles qu’imposent l’utilisation architectonique de matériaux, ou l’utilisation de couleurs, ou de sons, ou de gestes.
L’architectonique est bien la coordination scientifique de tous les savoirs mais aussi des diverses parties d’un système. (Le terme a d’abord été utilisé par Aristote dans L’Ethique à Nicomaque) : la politique est l’art de l’architectonique, qui organise les activités de la Cité. La langue (texte) qui se construit par syntagme et paradigme, la toile qui se tisse de chaîne et de trame, l’Histoire qui émerge de la rencontre du contexte et l’antérieur,… L’ontologie, la percolation complexe, se fondent sur l’architectonique. Qui parlait de Dieu comme Grand Architecte de l’Univers ?

On peut aussi voir la notion de complexité sur le percolateur.

Eureka ou le percolateuristique

Author : Gilbert — 11 Sep 2008

La littérature autobiographique ou simplement biographique décrit souvent cet instant aussi inattendu que solennel où, pour un écrivain, tout a “basculé”. Des scènes de ce genre sont également présentes dans la littérature de fiction, mais le respect de l’archétype initial, laisse alors penser que l’écrivain puise certainement dans son expérience personnelle. En effet, qu’il s’agisse d’une crise de mysticisme, d’une inspiration littéraire ou philosophique soudaine, les situations décrites et les modes d’expression sont fréquemment les mêmes et l’on pourrait peut-être tracer les grandes lignes de cette expérience personnelle bouleversante :
Une disposition mentale, voire physique, souvent particulière (fatigue, moment de doute ou de renoncement, de crise personnelle).
Un cadre, des circonstances nécessaires (la nuit… ou la chaleur et le soleil accablants ; souvent un détail anodin, un objet, sert d’élément déclencheur).
–Une expression littéraire particulière : lexique de l’enthousiasme ; champ lexical de la lumière, du feu ; hyperboles nombreuses ; registre lyrique etc. Toutes les ressources stylistiques sont mises au service d’une expression paroxystique : comment exprimer l’indicible ?

On peut rappeler pour illustrer ce phénomène quelques exemples

Saint Paul et son “chemin de Damas” :Actes des apôtres, Un texte fondateur…*

Blaise Pascal, La nuit de feu.23 24 Novembre 1654
*René Descartes : la soirée du 10 novembre 1619 –.
*Rousseau, Les Confessions, récit de son “Illumination deVincennes”.
*G. Flaubert, L’Éducation sentimentale, : F. Moreau découvre sa vocation.

*Mallarmé,doit se ressaisir radicalement et “chanter en désespéré “Ce ressaisissement, c’est au plus profond de la « nuit d’Idumée » qu’il va l’opérer, c’est-à-dire dans les nuits glacées de Tournon où il travaille à la genèse d’Hérodiade, à partir de l’automne 1864.

*Nietzsche prétend « casser en deux l’histoire du monde », un écrivain majeur est celui qui porte en lui « l’exigence d’une absolue césure »; il convient que celle-ci se marque dans le récit qu’il fait de sa propre vie….

*Valéry, :dans la nuit du 4 au 5 octobre 1892, au cours d’un violent orage, se retrouva au sein d’une crise existentielle. Cette dernière – connue sous le nom ‘nuit de Gênes’ – lui fit une telle impression , qu’il changea totalement de cap en matière d’écriture: il arrêta d’écrire des poèmes. Aux alentours de 1898, il suspendit même presque toutes ses activités d’écrivain – peut-être à cause du décès de Mallarmé, qui était son maître et son modèle. Pendant près de vingt ans, Valéry ne publia pas un seul mot….
*Proust, Du côté de chez Swann : La petite madeleine, évidemment....! !
*Péguy, Jérimadeh”, la découverte d’une rime géniale…
*Claudel, La nuit de Noël 1886 et sa fulgurante conversion.
*Sartre, La Nausée : la découverte de « l’existant » grâce à la racine d’un marronnier :

“J’étais tout à l’heure au jardin public. La racine du marronnier s’enfonçait dans la terre, juste au-dessous de mon banc. Je ne me rappelais plus que c’était une racine. Les mots s’étaient évanouis et, avec eux, la signification des choses, leurs modes d’emploi, les faibles repères que les hommes ont tracés à leur surface. J’étais assis, un peu voûté, la tête basse, seul en face de cette masse noire et noueuse, entièrement brute et qui me faisait peur. Et puis j’ai eu cette illumination.
Ça m’a coupé le souffle. Jamais, avant ces derniers jours, je n’avais senti ce que voulait dire « exister ». J’étais comme les autres, comme ceux qui se promènent au bord de la mer dans leurs habits de printemps. Je pensais comme eux « la mer est verte; ce point blanc, là-haut, c’est une mouette, mais je ne sentais pas que ça existait,.[…]” (La nausée)

On peut consulter sur ce site INVENTIO……. VENIRE VENTUS

Roman

Author : Gilbert — 28 Aug 2008

Tympan Eglise d'Ainay Lyon

Tympan Eglise d'Ainay Lyon


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