Le Percolateur

Par numéro

 
 

Heuristique & Sémiologique

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La “Tour des Langues et du Babel Amoureux”

Author : Gilbert — 31 May 2009

Né en 1936, Claude Hagège est professeur au Collège de France. Il s’est révélé au grand public dans l’émission “Apostrophe” de Pivot grâce à “L’homme.de Paroles” et prouva que la linguistique était attrayante quand elle n’était pas enseignée par les cuistres Il maîtrise, en tout, une cinquantaine de langues. c’est un ardent défenseur de la langue française, il prône le plurilinguisme . Selon ce polyglotte, la multiplication des langues n’est pas un châtiment divin, mais une chance: «La dispersion n’est autre, face au mythe de l’unicité par lequel l’humain se dissout dans la transcendance du néant, que l‘avènement de l’histoire ( voire d’une Pentecôte !?). Elle est le symbole même du somptueux message de l’espèce humaine à l’univers : “nous te saturons par notre occupation universelle de tous tes plis, nous te mettons en vocables par l’infinie diversité de nos langues dispersées” Si certains reprochent à la Langue Française son passé et son rôle à l’époque coloniale alors qu’ elle est une chance pour la diversité linguistique, Claude Hagége nous conjure de réapprendre l’amour du français; mais il ne manque pas de célébrer la Langue et les langues dans son livre récent : le “Dictionnaire amoureux des Langues” (éditions Plon – Odile Jacob).
“Comme tout dictionnaire, celui-ci ne requiert pas de lecture d’un bout à l’autre : ll est inspiré par l”amour des langues qui est peut-être un des aspects de l’amour des gens”.

Une percolation anticipée ! !

Author : Gilbert — 3 May 2009
Gilbert percole devant le CEDRATS

Gilbert percole devant le CEDRATS

Au seuil du Centre de Documentation, Le CEDRATS – Michel-Marie Derrion – Lyon Croix- Rousse.

Michel Serres, l’analogiste et la chamarrure

Author : Gilbert — 29 Apr 2009

Ceux qui me connaissent le savent, Michel Serres fut et reste mon maître. Je l’ai découvert il y a plus de 30 ans, d’abord dans la revue “Critique”, puis avec tous les tomes des “Hermès”, J’ai toujours apprécié et sa langue et la rigueur de sa pensée. Par trois fois j’ai eu l’occasion de le rencontrer à propos du”Tiers -Instruit”. Je garde de ces conversations un souvenir ému et ébloui. Michel Serres est sans doute l’un des rares philosophes contemporains à proposer une vision du monde ouverte, fondée sur une connaissance des Humanités et des Sciences.Le Percolateur est Imprégné de sa pensée, de sa philosophie, de son épistémologie et de sa poésie,
Dans un de ces livres récents, “Écrivains, savants et philosophes font le tour du monde” Michel Serres en une passionnante circumnavigation, bien plus que dans une encyclopédie nous invite dans la tribu des analogistes, en ce paradis qui le comble de joie.
Pour ces tribus, il existe des ensembles indéfinis de disparates, corporels ou incorporels. Pour survivre, agir et penser parmi une telle confusion, reste l’épuisante obligation de travailler sans cesse à la composition, de chercher donc mille et mille relations propres à ponter ces différences. Pour Michel Serres “analogie” désigne, formellement, l’ensemble de ces liaisons possibles. Le kaléidoscope mêlé, tigré, chiné, chamarré, bariolé, bigarré, damassé, marqueté… de ces disparates ensemencés partout, dans le monde objectif comme dans le collectif et le cognitif, le jaillissement d’ensembles indénombrables aux éléments différenciés jusque dans le plus fin détail, où il faut sans cesse tenter d’en ponter l’évident éventail par un réseau connexe ou déchiré, en tout cas surchargé de communications, interférences, traductions, passages larges ou étranglés, trémies, ponts et prépositions du transfert… Dix personnages incarnaient ces médiations en traversant dix de ces entrelacs: Hermès, dieu des commerçants, voleurs et traducteurs, anges et démons, parasites et symbiotes, toute une foule de messagers… Jésus-Christ lui-même, médiateur par excellence. .. sous le patronage historique de Leibniz, premier philosophe de la communication, et parmi le bruit et les querelles (noise) des contemporains, échangeant aujourd’hui leurs messages sur la Toile. Nos technologies nouvelles s’adaptent à merveille à ce savoir et à ce monde-là. Ainsi constellé de singularités, ce tissu moiré inspire et ressemble au réel tel quel…:
au moins tel que je le vois et le pense, paysager, mais aussi tel que..je le vis,le ris, le pleure et l’ espère. Je nage en joie dans un océan de disparates ensemencé, çà et là, de voies. Dans ce tableau que depuis cinq décennies j’essaie de peindre, je reconnais le monde en son déploiement fastueux et je me reconnais moi-même, car si et quand je pense, je relie la foule ou le chaos de ces différenciations” Michel Serres.

L’utopie comme métaphore, modélisation, simulation et stimulation de la création conceptuelle.

Author : Gilbert — 28 Apr 2009

La métaphore, l’utopie et l’uchronie partagent la notion de transfert, de transduction.La première transporte le sens d’un mot propre à un mot figuré, les secondes un “ici-maintenant” dans un autre espace et/ou un autre temps. Cette pratique ne doit pas nous étonner, c’est celle des paraboles de la Bible ou de certaines méthodes pédagogiques. Elle exige des précautions, à cause des risques de contamination et de distorsion lors de rapprochements abusifs.
Suivant les systèmes, les nouvelles « notions» peuvent être suggérées par l’usage d’opérateurs spécifiques. Ainsi, le langage induit « naturellement» l’usage des métaphores et des fictions utopiennes qui deviennent dans le contexte linguistique des éléments essentiels de renouvellement des formes langagières, des idées qu’elles “transportent ou projettent », ou même des paradigmes qu’elles peuvent éventuellement contribuer à créer. Dans les sciences physiques, le rôle des modèles mathématiques qui sont à la base de la plupart des théories; est en quelque sorte analogue au rôle des métaphores dans la langue naturelle et de l’utopie dans la pratique sociale. Un modèle, une simulation validés dans un certain contexte, pourront être exportés et appliqués à d’autres contextes avec plus ou moins de succès. Ce qui importe, c’est de voir la dimension heuristique du déplacement, du décalage, du transfert à l’intérieur d’un système symbolique donné ou proposé, de formes conceptuelles jugées suffisamment transportables.
Les métaphores, comme les modèles, sont productive dans la mesure où sont suggérées des similarités, ébauchées des connexions, esquissées des perspectives, explicitées les limites des domaines.
C’est ainsi que les concepts se mettent à circuler, que les idées se tissent car il s’agit bien du travail élémentaire de la pensée, avant même l’acte d’intelligence qui relève du tri et de la mise en correspondance. Pour que le tri et la liaison soient possibles, il faut que les modèles aient d’abord circulé, librement. Bien entendu, cette circulation est parfois, et même souvent, abusive ou trompeuse.il y a des métaphores illicites qui égarent bien plus qu’elles n’éclairent, de même qu’il y a des modèles dont on surestime le degré de généralité, ou dont on surévalue le champ d’application.
Ce danger n’est pas si grave si on sait de quoi il retourne et qu’un système métaphorique ou utopique ne doit pas avoir pour tâche de« reproduire» le réel, ce qui serait plutôt vain. Il s’agit en fait de tenter de mieux comprendre certains aspects du réel, de ses structures, des comportements qu’il suscite et des conditions qu’il requiert. En particulier, une propriété fondamentale de ces outils doit être de favoriser l’émergence de notions nouvelles, de concepts inattendus. C’est en ce sens qu’on pourrait parler de productivité du “comme si”,”in vitro” des cornues réthoriques et des éprouvettes sémiologiques sur la paillasse du Labo de la création langagière et conceptuelle.
Les formules de Marx et de Rimbaud, « transformer le monde » et « changer la vie” » n’ont rien perdu de leur actualité. Elles relèvent de l’utopie par la tâche qu’elles assignent à l’action humaine et de la métaphore mécanique et transformatrice de cette action. Peut- on laisser le temps qui passe les dévoyer en poncif et cliché, alors que sur les pavés elles se sont ont enrichies d’expérience et d’une puissance mobilisatrice sans pareil ? Référons nous à la langue de l’utopie fouriériste qui note , “que ce transport dans l’impossible linguistique n’est pas une fuite dans l’irréel, mais bien plutôt l’instrument de révélation d’un désir qui n’avail pas encore trouvé à se nommer : en l’occurrence, la mise à égalité, dans le service passionnel, de l’homme et de la femme”.

J’ai écrit ce texte à l’occasion de la venue au CEDRATS (Lyon) du philosophe René Schérer; le 16 mai 2009.

Quelques verbes de la percolation

Author : Gilbert — 11 Apr 2009

Fragmenter.

découper, couper, inciser, trancher, tailler, déchirer, fendre, fêler, fracturer, fractionner, briser, isoler, sélectionner, supprimer, éliminer, extraire, détacher, écarter, séparer, scinder, morceler, disloquer, dissocier, disjoindre, disséquer, dépecer, démembrer, décomposer, désarticuler, démantibuler, mettre en pièces, défaire, démonter, désagréger, disséminer, éparpiller, éclater, pulvériser, analyser, distiller distinguer, écrire, simplifier, diviser, déconstruire, différencier,

Transmettre

diffuser, propager, perfuser, répandre, imprégner, inséminer, interférer, métaphoriser, prolonger, étendre, rapprocher, déplacer, rayonner, éclairer, contaminer, communiquer, transposer, produire, prédisposer, traverser, traduire, interpréter, conduire, induire, semer, transférer, transduire, induire, exposer, diriger, influer, influencer, incrémenter, transformer.

Agréger

assembler, rassembler, associer, amasser, réunir, collecter, croiser, disposer, assortir, rapprocher, alterner, juxtaposer, imbriquer, superposer, fondre, confondre, enchevêtrer, combiner composer, monter, ajuster, agencer, arranger, organiser, associer, accoupler, allier, lier, coudre, clouer, coller, sceller, souder, fixer, visser, river, cheviller, emboîter, enchâsser, encastrer, incruster, intriquer, mêler, mixer, tisser, tramer, machiner, synthétiser, lire, complexifier, mélanger, entasser, réunir, unir, joindre, attacher, ajouter, additionner, tresser, amalgamer, synthétiser, intégrer,

La métaphore et la pure idée !

Author : Gilbert — 27 Mar 2009

Considérez les langues ; voyez si elles ne possèdent pas tous les caractères que nous avons reconnus jusqu’ici aux produits de la vie. Elles ont leurs périodes d’enfance, de jeunesse, de virilité, de vieillesse, de décrépitude; et elles ont dû nécessairement avoir, avant l’âge du nourrisson que nous pouvons observer pour quelques-unes, un état rudimentaire. ou embryonnaire, soustrait à nos observations.
Elle se développent par percolation, par l’élaboration de matériaux adventices, par la fixation progressive de formes primitivement indécises, par la distinction croissante de ce qui était originairement confondu. La forme, c’est-à-dire la structure grammaticale, y persiste comme l’élément essentiel, tandis .qu’elles perdent des matériaux (c’est-à.dire des mots) et en acquièrent d’autres, et que ces matériaux eux-mêmes subissent dans leur constitution et dans leur valeur de continuelles altérations. Quand le système des formes grammaticales est viscéralement atteint et que la langue ne peut plus vivre, les matériaux qui la composaient s’en détachent pour entrer dans la composition d’un autre
organisme. Arborescence, développement rhizomatique, semence, greffe, bouture, provignage, pollinisation , ( je me réfère ici à des travaux de Max Müller et de Cournot (19ème siècle! ) que Mrs Bricmont, Sokal et Bouveresse m’excusent !
Max Muller quand il insiste dans sa “Science du Langage”sur la linguistique comme science naturelle il s’appuie sur une science gouvernée par les lois de la Nature, déclare qu’il ne faut entendre que dans un sens métaphorique tout ce qu’on dit de la vie des langues.
La science du langage ne serait donc, qu’une science naturelle à la manière de la chimie ou de la minéralogie, et conséquemment, d’après ce qu’on a expliqué, un abîme la séparerait des sciences qui ont pour objet des phénomènes du monde organique. Mais, si tel était le sens d’un passage du livre remarquable de Max Mûller on verrait en le lisant que partout l’auteur s’exprime comme s‘il n’avait fait la protestation ou la réserve dont on vient de parler, que pour se mettre en règle avec les logiciens pointilleux du pays d’Outre-Rhin. ! ! Partout il y est question de la structure organique des langues, sinon de la vie avec le cortège d’impressions sensibles que ce mot éveille en nous, et qu’on ne peut assurément attribuer aux langues que par métaphore. N’est-ce pas aussi par métaphore qu’il est question en physique de forces, d’attraction, d’affinité ? ce qui n’empêche pas les physiciens de les employer à bon escient et à bon droit, par abstraction plutôt que par métaphore, c’est-à-dire en abandonnant ce qui fait image, pour ne retenir et n’employer dans la construction scientifique que la pure idée. L’idée pure qui s’attache au mot de vie est l’idée d’un principe d’organisation, et le fait incontestable, c’est que les langues offrent partout la marque d’une origine et d’une structure organiques...

Enchevêtrements et entrelacs, complexité.

Author : Gilbert — 18 Mar 2009
Sculpture Métro Saxe-Gambetta Lyon.

Sculpture Métro Saxe-Gambetta Lyon.

Sculpture monumentale et métallique, Métro Saxe-Gambetta, Lyon.

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