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Heuristique & Sémiologique

 

L’expert et la compétence, quête de pertinence.

Filed under: Couloir,Webzette n°21 — Author : — 11 May 2008 —

Je suis entrain de lire l’ouvrage (passionnant) de Michel Puech, «Homo sapiens technologicus» (ed Le Pommier) Dans la première partie du livre l’auteur (un professeur de philosophie) s’est doté d’un solide outillage conceptuel qu’il utilise maintenant pour titiller la Société là où elle croit ne pas avoir mal puisqu’elle se confie à la complaisance.
Au coeur des dossiers prétendument « techniques» et administrativement inextricables prospère le petit monde des experts. À la différence du citoyen, anonyme, qui peut être n’importe qui et qui est tout le monde, les experts ne sont pas n’importe qui ni tout le monde. Ils forment l’une des nomenclatures de la société technocratique. Car ce sont toujours les mêmes qui courent de comité en comité, professionnels de l’ évaluation, dans les mondes universitaire, administratif, technique, médical… Être expert est une carrière qui assure l’accès à une nomenclature technocratique, moyennant le même savoir-faire que dans tout autre emploi: faire ce que l’employeur attend, ne pas le contrarier.
La catastrophe technocratique consiste en la simple désuétude du politique, c’ est-à-dire en cela que le pouvoir politique n’est pas exercé, que le politique est laissé vacant, que le devenir matériel de nos collectifs est laissé au seul jeu de l’économie politique. Alors surgit l’expert, qui, au nom de la science, permet de ne pas faire d’évaluation critique des technologies. L’expertise est exactement le contraire de l’évaluation démocratique des technologies. Les rapports d’ expert sont l’engluement institutionnel caractéristique qui étouffe les velléités de démocratie technologique. L’expert n’est pas là pour effectuer un choix ni pour l’ « éclairer» : il est là pour «cautionner».
L’expertise se meut dans un cercle vicieux : il faut être déjà très engagé dans la pratique de cette technologie…Les experts ont un intérêt matériel direct dans les technologies qu’ils évaluent. Est-ce une fatalité de la «scientifisation» de la société ? Non , c’est simplement l’oubli des conditions de base de la rationalité scientifique et de la démocratie (cf Karl Popper). L’évaluation critique par des non-compétents est le mécanisme même de la démocratie et il est très étroitement apparenté au mécanisme de «réfutation» caractéristique de la science.

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Lyon - http://www.lepercolateur.info/ - Date d´édition: 2024-04-23 18:10:36 -

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