Cyber-utopie ou la société bouclée.
Consensus. Pensée plate. Interférence nulle. Résonance de la raison équitablement répartie et partagée. Battement 0 de l’unisson qui fait la force. Pas d’hyperbole, discours unique de la mise en phase . Plus de franges, d’aberrations, de diffractions.Convergence focalisée de la lumière monochrome et cohérente sur un monde prêt à imploser sous les pas enfin cadencés des pantoufles et des bottes.
Le diapason s’impose à la goutte d’eau sur la cloche sans timbre ni couleur, monotone dans un univers sans harmoniques et sans débords. Espace piégé, isotrope. Polarité des réceptions sans parasites. Onde claire que ne trouble ni l’agneau ni le loup.Pas d’interstices : où est le lacunaire, le fractal, l’epsilon ? Capteurs inutiles de signaux d’erreur insignifiants. Encéphalogramme plat de la machine « cleanique ». Tuner calé, accord parfait de l’airain et du plomb dont on fait les chapes d’ennui, du violon monocorde et du « la » synthétique. Exit la rhapsodie ! Les bouches en cul de poule ferment les voyelles et les paupières lourdes plombent les regards. La main ouverte se recroqueville derrière l’index pointé, déictique. Le chant s’étouffe et le geste se fige, exit le lyrique. Raideur de l’épine « doxale » mais la nuque se courbe au culte du convergent, du cohérent, du pertinent. Et l’on se tire par les cheveux pour s’aider à mieux sauter.
La ligne droite n’a que faire du différentiel. La « capitale » homothétise le « bas de casse » comme l’ombre portée de Thalès. Le train roule sur les voies euclidiennes sous un ciel sans arc après la pluie drue sur le plat pays.
Equarrissons le bois de la langue univoque et de la flûte monochromatique, polissons-le cent fois non sans lois. Pas de vagabondage, pas d’errance, pas de rêve sur l’itinéraire sans rocade, sans déviation ni traverse.Ebarbons le bronze de la « cloche de Gauss », du coup de dés le hasard est aboli, il est piégé par la statistique, trépan de la sonde d’opinions, racine pivotante sans radicelles de l’arbre sans rameaux . Là où il y avait un buisson il y a un pieu fichu en sol stérile érodé selon les strates de la roche dure par le vent de la girouette bloquée. Homogénéité de la soupe savamment mixée où ne surnagent plus les carottes utopiennes de Gébé, anéanties par les cuissons répétées.
L’information augmente le probable, l’érige en certitude, accroche l’effet à la cause, soude les maillons dont pas un ne manque ; je vous le dis il n’y a pas de trous ! Là où il y a de la « self » mettons de la « capa », et là où il y a de la « capa » mettons de la « self » et des shunts, beaucoup de shunts pour amortir les étincelles, arrondir les angles et émousser les pointes. Mer d’huile, calme plat, « ça baigne » le long des côtes bétonnées et sur les archipels engloutis. La réflexion n’est plus que mimétique et tautoloqique (reflets), truisme et sophisme protégés par les barrières et les ceintures de sécurité sociologiques.
Ni Dieu, ni Maître, ni Big-Brother mais le SYSTEME DE CONTROLE HOMEOSTATIQUE et « rétroactionnaire ». Férulation et régulation.