Le Percolateur

Webzette n° 7

 
 

Heuristique & Sémiologique

Webzette n° 7  (Janvier 2006 )

Carnet

Author : Gilbert — 25 Jan 2006

Extrait du carnet de chansons d’un jeune militaire de 20 ans, en 1924 (mon père).
carnet de chansons

Philosophie et philologie

Author : Gilbert — 4 Jan 2006

Philosophie & philologie.

Dans son dernier livre « Parcours de la reconnaissance » (Denoël, 2004), Paul Ricœur interpelle les lexicographes et convoque essentiellement Littré et Alain Rey (Le Grand Robert). Si celui-là privilégie l’usage actuel de la langue et celui de son passé selon des règles de filiation et de dérivation, celui-ci substitue à cette logique, somme toute linéaire, une arborescence des acceptions fondée sur la pratique de l’association et du réseau sémantique. Ricœur reconnaît l’excellence du Grand Robert et s’étonne de ce que la philosophie n’ait jamais donné à cette richesse sémantique la réplique de la polysémie lexicale et conceptuelle.

Les éditions « le Robert » viennent d’éditer « Le Dictionnaire Culturel » dirigé par Alain Rey, le Grand Robert enrichi de 1300 articles en « encadré » qui révèlent les réseaux historiques, anthropologiques, philologiques que cachent les mots. Par la connivence des langues (traductions et influences réciproques) Alain Rey et une centaine de collaborateurs donnent une perspective humaniste et européenne à une œuvre (4 gros volumes) qui semble répondre aux vœux de Paul Ricœur. Aujourd’hui le Dictionnaire Culturel est là, on peut y entrer n’importe où, n’importe quand, il n’est pas facile d’en sortir !!!

L’Histoire entre anté et enté

Author : Gilbert — 4 Jan 2006

L’Histoire entre anté et enté.

Qu’il s’agisse de l’Histoire des idées, des sciences, des langues, … la quête de l’origine paraît sinon vaine du moins affectée par l’idée simpliste et réductrice d’une source unique et ponctuelle et d’un déroulement linéaire du temps, d’une chronologie qui serait une généalogie, d’un espace qui ne serait qu’un cadastre liminaire. La cosmologie, l’anthropologie, l’ontologie ne sont pas un long fleuve tranquille qui sourdrait d’UN point situé dans le temps et l’espace, d’un « top, c’est parti » ou d’un «Fiat lux » jaillissant de « l’ex-nihilo ». Le clepsydre, le sablier, le cristal de quartz, ne mesurent que des durées, repèrent des instants sur un axe où l’on fixe une origine arbitraire dont on sait, quelle que soit sa place, qu’elle aura toujours un ANTE. Les sources sont multiples, et si le chronométreur a quelque difficulté avec l’INITIAL, le géomètre doit savoir qu’il y a toujours un au-delà à la limite qu’il jalonne, un AILLEURS et que son tracé est poreux.

Thalès, le grec alphabétique (donc homme de paroles et algébrique), le rationnel héritier de mythes antérieurs, traverse la Méditerranée et rencontre l’Egypte hiéroglyphique des arpenteurs et des dessinateurs (hommes de tracés et de plans), et sa civilisation propre. La géométrie (qui est un discours abstrait sur le dessin) naît de cette greffe, de cette ENTE des écritures et des cultures. Hybride.

Il y a plus de 4000 ans un potier égyptien surchauffe accidentellement sa terre, elle se vitrifie. Archimède, homme de principe utilise ses miroirs métalliques concaves contre Rome. Les bésicles d’Armati de Florence. La « Camera Obscura » promue par Léonard de Vinci. L’alchimie puis la chimie découvrent et étudient des substances sensibles à la lumière (qui laisse une trace ! ) à partir du 16ème siècle. Descartes, l’analyseur rationnel des phénomènes lumineux démystifie l’arc en ciel. Galilée et sa lunette. Newton. Les coniques de Pascal. La lanterne magique du Père Kircher. A l’optique géométrique succède l’optique physique, la lumière révèle sa complexité corpusculaire et vibratoire. Effet photo-chimique puis photo-électrique. Découverte de la « persistance rétinienne » par l’abbé Nollet au 18ème siècle. Les Niepce et Daguerre inventent la photographie. Depuis le Moyen-Age les horlogers taillent des pignons entraîneurs et calculateurs. En 1830 Thimonnier invente le mécanisme : « pas à pas » pour sa machine à coudre… : ANTECEDENTS.

CONTEXTE : ce 19ème siècle, la pression latérale, cardinale et contemporaine de la « révolution industrielle ». Les frères Lumière, photographes, inventent le cinématographe né de l’hétérogénéité de ses sources, de la greffe de disciplines très différentes, de la rencontre de bricoleurs de génie et de savants dont le seul partage avait été le bonheur de la recherche et de la découverte. Ici pas d’histoire linéaire, pas de géographie précise, pas de téléologie (ni de théologie). Le cinématographe n’est évidemment pas une fin (ni terme, ni objectif), ni produit de convergence, ni aboutissement, mais un avènement dont on pourrait (après coup) mesurer la probabilité. Machine mnésique et instrument d’analyse du temps et du mouvement, le cinématographe joue un rôle déterminant dans le domaine de l’Art et de la Culture, certes, mais aussi dans celui des Sciences Physiques, Naturelles et Humaines. L’ente est bonne, le scion est à son tour porteur de nouvelles greffes et de fruits. Juste retour de l’emprunt à l’Humaine Histoire.

Percolation selon Noelle Batt

Author : Gilbert — 3 Jan 2006

Je propose un extrait de la « Présentation » par Noelle Batt du n° 16 de la revue : « Théorie, Littérature, Enseignement » (TLE) des Presses Universitaires de Vincennes (automne 98) : percolations.

Faut-il rappeler qu’une métaphore vive est toujours fonctionnelle ? Si on la crée, si on l’invente, c’est que pour dire ce que l’on cherche à dire les combinaisons habituelles du discours se révèlent soudain plates, lisses, muettes. Nécessité fait loi. Déçu par le discours, on retourne à la langue. L’on furète, l’on écarte, et l’on découvre que oui, ce mot de percolation appartenant au paradigme de la physique-chimie et pourvu par métonymie d’un certain arôme pourrait bien, une fois arraché à son champ lexical et sémantique d’origine, décontextualisé et recontextualisé, contribuer à traduire cette pensée soudain conçue que l’on cherche à communiquer avec le plus de clarté et de justesse possibles. Car on a généralement recours à la métaphore quand on veut dire de façon précise ce qui se joue dans le flou, l’entre-deux, le complexe, là où les choses ne sont ni tranchées ni univoques, où tout choix d’un mot usuel est ressenti comme une amputation de la pensée. En fait, à bien y regarder, le trope qui tente de traduire les interférences, intersections, et traversées sémantiques par le biais d’une substitution de signifiant n’est-il pas toujours lui-même opérateur de percolation, machine à percoler ?

La percolation dans son acception générale et ancienne ‘ implique qu’une substance en traverse une autre et en ressort ni tout à fait la même ni tout à fait une autre. C’est une opération d’intimité, discrète mais avérée. On ne peut la nier. Le résultat se voit. Les qualités de la substance d’arrivée participent à la fois de celles de la substance de départ et de ce qu’elle a traversé. Hybride donc.

A la manière de Michel Leiris

Author : Gilbert — 3 Dec 2005

VIGNETTE : Mesure à l’aune œnologique l’ivresse du livre, ce peut être aussi un « cache-texte ».

LIBRAIRE : Libre hère.

LIBRAIRIE : Lis, brais, ris ici en cette libre aire pour erre libre.

CUL DE LAMPE : Ni faux, ni de sac, mais illustration ampoulée des blancs typographiques.

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