Califourchon, posture qui imite celle du cavalier sur sa monture : Jambe deçà, jambe delà, comme quand on est à cheval. (Littré)…. les jambes de part et d’autre (de l’objet sur lequel on est assis), s’asseoir à califourchon, (Robert) …
Cheval en langage enfantin se dit “dada” ou “bidet” ( à cheval mon bidet…). les anglais parlent de “hobby-horse” pour désigner ce petit cheval de bois qui a toutes les faveurs des enfants, qui en font leur passe-temps favori, leur Hobby, leur Dada disent leurs petits cousins français ! Littré nous rappelle fort opportunément : ” Au figuré et familièrement : c’est son dada, c’est son idée favorite, le désir auquel il revient sans cesse…. Enfourcher son dada” …. Le dada est une “marotte”, une “manie”, une passion, un centre d’intérêt,.. et aussi un califourchon !
On passe ainsi de la manie, de la passion, du Hobby., au dada et à son califourchon Cet archaïsme illustre bien les évolutions des langues cousines. et la ciculation des sens dans des domaines contigus Il y a deux siècles j’aurais dit : ” mon califourchon est l’écriture, de la trace au texte”, au siècle dernier aussi et j’ose le répéter en 2007 ! (sans l’assentiment du Grand Robert, sous le regard bienveillant du TLF !)
Heuristique & Sémiologique

Califourchon
L’antépénultième.
Jean Grelaud, un des trois derniers poilus de la Première guerre mondiale, est décédé le 25 février à Paris à l’âge de 108 ans, a-t-on appris lundi dans son entourage, confirmant une information de France 3.
A sa demande, sa mort a été tenue secrète pendant plusieurs jours par sa famille. Jean Grelaud était né le 26 octobre 1898. Mobilisé dans l’infanterie en 1917, il avait combattu dans l’Aisne. Fait prisonnier lors de la deuxième bataille de la Marne, il s’était évadé en Belgique. Il avait également participé à la Seconde Guerre mondiale.
Il reste désormais deux poilus survivants de la Grande Guerre : le doyen Louis de Cazenave, 109 ans, et Lazare Ponticelli, également 109 ans, son cadet de quelques semaines. Le dernier poilu à disparaître aura des «obsèques solennelles de portée nationale», selon une décision prise en 2005 par Jacques Chirac.
La «Der des der» a fait neuf millions de morts dans le monde et près de 20 millions de blessés, dont la moitié mutilés. En France et en Allemagne, un soldat mobilisé sur six a été tué. La plupart avaient entre 18 et 25 ans.
Actu 16/07/07
Lundi 16 juillet. “Celui qui s’est perdu dans sa passion a moins perdu que celui qui a perdu sa passion” les Confessions. Augustin.
La percolation
Un sac de farine entre deux électrodes reliées à une pile : le courant ne passe pas (la farine n’est pas conductrice d’électricité). On mélange un peu de limaille de fer à cette farine, on répète l’expérience avec les électrodes : le courant ne passe toujours pas. On répète encore l’expérience en rajoutant chaque fois une petite quantité de limaille de fer… brusquement, lorsque la densité de limaille de fer a atteint une valeur suffisante, le courant passe. La transition est brutale, on passe d’un seul coup d’un isolant à un conducteur : il y a transition de phase. Les électrons ont réussi à trouver un chemin continu entre une électrode et l’autre, c’est la percolation.
Ce problème se retrouve dans de nombreux domaines de la physique ; ainsi après la marée lorsque l’eau se retire, les terres émergées aparaissent. Un passage à sec apparaitra brusquement losque la hauteur d’eau aura atteint la valeur adéquate. On peut aussi citer le cas du café dans le percolateur ; une mouture trop tassée ne laisse pas assez de vide pour que l’eau se fraye un chemin au travers ; là encore apparait une densité critique à partir de laquelle le café passe.
La percolation nous intéresse aussi comme métaphore de la production du texte et de sa transmission.
L’élégance de la langue.
Nous ne bouderons pas notre plaisir à lire “L’ élégance du hérisson” (Gallimard) en dépit de sa position première au “Hit Parade” et malgré son “Prix des Libraires” Son auteure, Muriel Barbery est une authentique amoureuse de la Langue, elle nous invite à partager sa délectation et sa jubilation. Le personnage central du roman est une concierge ( femme de paroles et observatrice ! ! ) :
La Concierge évoque le souvenir d’un film japonais ” ..j’avais été fascinée par l’espace de vie japonais et par ces portes coulissantes refusant de pourfendre l’espace et glissant en douceur sur des rails invisibles. Car, lorsque nous ouvrons une porte, nous transformons les lieux de bien mesquine façon. Nous heurtons leur pleine extension et y introduisons une brèche malavisée à force de mauvaises proportions. Si on y réfléchit bien, il n’y a rien de plus laid qu’une porte ouverte. Dans la pièce où elle se trouve, elle introduit comme une rupture, un parasitage provincial qui brise l’unité de l’ espace. Dans la pièce contiguë, elle engendre une dépression, une fissure béante et néanmoins stupide, perdue sur un bout de mur qui eût préféré être entier. Dans les deux cas, elle perturbe l’étendue sans autre contrepartie que la licence de circuler, laquelle peut pourtant être assurée par bien d’autres procédés. La porte coulissante, elle, évite les écueils et magnifie l’espace. Sans en modifier l’équilibre, elle en permet la métamorphose. Lorsqu’elle s’ouvre, deux lieux communiquent sans s’offenser. Lorsqu’elle se ferme, elle redonne à chacun son intégrité. Le partage et la réunion se font sans intrusion. La vie y est une calme promenade, lors qu’elle s’apparente chez nous à une longue suite d’effractions…..”
Texte.
Cette image illustre bien, me semble-t-il, la production du texte par percolation, c’est-à-dire par croisement, tissage, métissage, vers une complexité riche de sens.
Actu 13/07/07
Vendredi 13 juillet. “Au terme de l’investigation, il apparaît que la lecture est cet acte concret dans lequel s’achève la destinée du texte. C’est au coeur de la lecture que, indéfiniment, s’opposent et se concilient l’explication et l’interprétation. Paul Ricoeur, “Du texte à l’action” Points Seuil, 1998.