Pour Platon, il n’y a pas l’ombre d’un doute. II est inconcevable que l’on questionne la vie de l’esprit sans aborder les mathématiques et les sciences qui, pour l’essentiel, dérivent de la souveraineté des mathématiques. Depuis Galilée et Descartes, cette injonction est devenue théoriquement et pragmatiquement incontournable. C’est dans les mathématiques et dans les sciences que les concepts de création et d’invention, d’intuition et de découverte, possèdent la force la plus visible et la plus immédiate. Les mathématiciens et les hommes de sciences travaillent, cherchent, trouvent, inventent et innovent mais répugnent à examiner de trop près les fondements épistémologiques de leurs disciplines.
Ce site en annexe du “percolateur” ne prétend à l’exhaustivité, ni à l’autorité mais simplement à une curiosité vagabonde dans cette “bribiothèque” de notre époque, ces “bouts écrits”, ces fragments, ces éclats de Vérité voire ces coups de gueule. Kaléidoscope ou Patchwork. Du tabulaire forcément lacunaire.
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les titres
Question de fond.
Webd'azard
Adresse aux historiens médiévistes, à propos de la querelle de “Aristote au Mont Saint Michel” !
Le temps ne coule point ni ne passe, mais percole, c’est à dire passe, reste ou ne passe pas comme un liquide par une passoire ou un filtre. Pour rester fidèle aux choses elles-mêmes, il faut donc se souvenir des sens originaires des verbes passer ou couler, exactement conformes à ceux du terme temps. Par quelles ignorances étranges les philosophes et les poètes exprimant au mieux l’évanouissement fuyant de la durée les avaient-iis oubliés? Quel filtre avait bloqué les souvenirs de leurs langues?
Voici donc les mots en clair: oui, le temps des intempéries tempérées ou de la température coule, c’est-à-dire filtre, passe, traverse, tamise; en définitive, le temps coule se traduit donc, terme à terme: les mélanges percolent. Une multiplicité de relations peuvent ou non attacher entre eux un grand nombre d’objets ou d’états de choses: voilà le temps percolant c’est-à-dire le vrai, qui peut nous aider à comprendre l’histoire. Et pour quelle raison, simpliste ou terrible, réduire une telle complexité à un couloir ou une ligne continue reliant uniment un point à un autre, à la queue leu leu ? Qui en serre le guichet d’étranglement’? Emprunté à Michel Serres, “Les origines de la géométrie”, Champs Flammarion, et proposé aux médiévistes pétitionnaires de la querelle de “Aristote au Mont Saint Michel” !
Une technique ancienne ou nouvelle est universalisable, non une Culture.
Nos systèmes techniques couvrent un espace de plus en plus vaste avec une durée de vie de plus en plus courte; alors que nos cultures nationales sont des insistances de longue durée, mais circonscrites à un territoire localisé. A Pékin, comme à Damas ou Jérusalem, on trouvera en l’an 2007 les mêmes escalators, les mêmes tubes cathodiques, portables et computers qu’à Séville ou Paris. En revanche, le Parisien et le Sévillan se sentiront dépaysés à Jérusalem par les caractères hébreu, à Damas par les caractères arabes et les chants du muezzin. Un Occidental bon teint en 1907 aurait buté sur les mêmes caractères, la même cuisine et le même geste, avec un même sentiment d’étrangeté. Par où l’on voit que le progrès, qui a un sens précis en matière technique et scientifique, n’a pas le même en matière culturelle. La culture fractionne l’espèce humaine en personnalités non interchangeables – ethnies, peuples et civilisations ; alors que la techrifque l’unit, en rendant nos objets inter-opérables. Les lieux de mémoire et la mémoire des lieux favorisent l’ethnocentrisme; les épidémies de « dernier modèle», téléphone tri-bande, écran plasma ou 4×4, alimentent le cosmopolitisme. Leur fonctionnement n’étant pas liés à une terre, langue, ou religion particulière, Airbus, satellites et centrales nucléaires sont de parfaits nomades. L’espace des mceurs, des langues et des mythes, lui, est autochtone et fortement polarisé. Le code-barres voyage partout, non les caractères d’écriture. Et on unifie plus facilement les marchés que les calendriers, les climatiseurs que les manuels d’histoire. Le temps est infiniment plus difficile à maîtriser que l’espace. «Un mythe contemporain : le dialogue des civilisations» de Régis Debray, aux éditions du CNRS. 2007.
“Œuvres de Claude Lévi-Strauss” à la Bibliothèque de “La Pléiade”
Alliant le classicisme du style et la modernité de la méthode, l’œuvre de Claude Lévi-Strauss est à la fois pensée du monde, expérience de soi, et expérience sur soi. « Pourquoi et comment devient-on ethnologue ? » « Qu’est-ce qu’un style ? » « Que peut-il y avoir de commun entre un oiseau – l’Engoulevent –, l’art de la poterie, et la jalousie conjugale ? » En quoi la mythologie indienne a-t-elle favorisé la conquête de l’Amérique par l’homme blanc ?… Questions surprenantes, mais qui sont pourtant à la source des enquêtes menées par Lévi-Strauss. Le ton est donné. dirait-on, si de telles catégories pouvaient rendre compte de la singularité de son propos. Son œuvre relève à la fois de la science et de la littérature, chez Lévi-Strauss, le cloisonnement n’est pas de mise, et le penseur fait « flèche de tout bois ». Ainsi le souvenir d’un tableau de la Renaissance sert-il de point de départ à une théorie de la structuration du sensible. Ainsi peut-on retrouver Totem et tabou dans un mythe jivaro. Ainsi la métaphysique bororo éclaire-t-elle d’un jour nouveau la figure de notre Père Noël. Lévi-Strauss est à la recherche de correspondances , au sens baudelairien du terme, entre l’esprit et sa manifestation matérielle. Il met en scène les affinités qu’il perçoit entre les différents objets, le fil caché qui les relie. (Présentation de Gallimard)
Capital cognitif.
Pourquoi parlons-nous actuellement de capitalisme cognitif ? Parfois j’ai l’impression que l’association de ces deux mots présente le caractère blasphématoire de l’amalgame contre nature de la connaissance, de la noblesse de l’intelligence et de l’argent, vous savez de cet argent qui salit tout ! En fait je crois qu’il y a dans ce rapprochement un aspect métaphorique et linguistique important : à l’instar du capital les savoirs s’échangent, se transmettent, s’acquièrent, se valorisent …Il faut aussi constater que la relation relève du systémique. Le lien entre économie et connaissance n’est pas une nouveauté. Il existe, et il pèse lourd depuis qu’avec la révolution industrielle, la production a commencé à utiliser les machines (c’est-à-dire, la science et la technologie incorporées dans les machines) puis, avec Taylor, à organiser scientifiquement le travail. Toute l’histoire du capitalisme industriel, pendant ses deux siècles d’existence, est l’histoire de l’extension progressive des capacités de prévision, de programmation et de calcul des comportements économiques et sociaux à travers l’utilisation de la connaissance. Le « moteur » de l’accumulation du capital a été mis au point par le positivisme scientifique qui a recueilli, au siècle dernier, l’héritage des Lumières, et qui a inscrit le savoir dans la reproductibilité. La connaissance a été mise au service de la production en tant que connaissance déterminante, susceptible de calculer, imaginer, sentir, communiquer bien au-delà des limites de l’utilitarisme, de contrôler la nature à travers la technique et les hommes à travers l’organisation.
La question perpétuelle de la Science.
Le percolateur a évoqué récemment dans un article sur Michel Puech (expertise), l’épistémologue Popper. Je vous propose, aujourd’hui une citation, assez significative me semble-t-il, de ce philosophe des sciences.
La science ne poursuit jamais l’objectif illusoire de rendre ses réponses définitives ou même probables. Elle s’achemine plutôt vers le but infini encore qu’accessible de toujours découvrir des problèmes nouveaux, plus profonds et plus généraux, et de soumettre ses réponses, toujours provisoires, à des tests toujours renouvelés et toujours affinés.”
Valéry épistémologiste constructiviste.
En s’attachant à dégager les méthodes cognitives mises en oeuvre par Léonard de Vinci pour «construire» les connaissances enseignables dont ses Carnets nous montrent souvent la genèse par l’interaction des croquis et des textes, P. Valéry rédigera peut-être une sorte de «manifeste» des épistémologies constructivistes contemporaines : des modes alternatifs de définition et de production de connaissances enseignables sont à la fois possibles et . effectifs, souvent même efficaces en terme d’économie cognitive. Dès lors l’exclusivité que l’épistémologie institutionnelle accordait au cartésiano-positivisme-réalisme, n’est plus d’une évidente nécessité. Elle sera au mieux un primat culturel contingent. On ne sera pas surpris par le peu d’intérêt que les académies et l’enseignement scientifique portèrent dès lors pendant près d’un siècle à l’oeuvre d’un penseur qui suggérait des questions aussi incongrues. «Comment se fait-il, interrogera en 1983 le mathématicien J. Dieudonné, que des hommes comme M. Prigogine, comme moi-même, nous n’ayons jamais eu connaissance de cette étonnante richesse de la pensée de Valéry et que nous ayons pu pendant des années et jusqu’à un âge très avancé de notre vie, le considérer, en somme, comme un excellent écrivain et rien de plus?» cf « Les épistémologies constructivistes». J.L. Le Moigne Q.S.J. ?
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