Une Leçon d’Histoire de HEGEL.
Pour Hegel l’Histoire est le long processus de la Connaissance du Monde et de la Conscience de Soi. Ce cheminement est celui de la Découverte de la Notion de Liberté. Il distingue la Liberté chez les Orientaux pour qui un seul individu est libre, le despote; en Grèce et en Rome où seuls sont libres les citoyens et les patriciens contre les esclaves et les plébéiens. Avec l’avènement de l’ère chrétienne c’est l’homme en tant qu’Homme qui est libre si bien qu’ils le sont tous. Voici un extrait de ” Leçons sur la philosophie de l’Histoire” de Hegel, traduit par Jean Gibelin pour la Revue de Philosophie n°8.
………..“. Chez les Grecs s’est d’abord levée la conscience de la liberté, c’est pourquoi ils furent libres, mais eux aussi bien que les Romains savaient seulement que quelques-uns sont libres, non l’homme, en tant que tel. Cela, Platon même et Aristote ne le savaient pas ; c’est pourquoi non seulement les Grecs ont eu des esclaves desquels dépendaient leur vie et aussi l’existence de leur belle liberté; mais encore leur liberté même fut d’une part seulement une fleur, due au hasard, caduque, renfermée en d’étroites bornes et d’autre part aussi une dure servitude de ce qui caractérise l’homme, de l’humain. – Seules les nations germaniques sont d’abord arrivées dans le christianisme, à la conscience que l’homme en tant qu’homme est libre, que la liberté spirituelle constitue vraiment sa nature propre; cette conscience est apparue d’abord dans la religion, dans la plus intime région de l’esprit; mais faire pénétrer ce principe dans le monde était une tâche nouvelle dont la solution et l’exécution exigent un long et pénible effort d’éducation. Ainsi, par exemple, l’esclavage n’a pas cessé immédiatement avec l’adoption du christianisme; encore moins la liberté a-t-elle aussitôt régné dans les États, et les gouvernements et constitutions ont-ils été rationnellement organisés ou même fondés sur le principe de liberté. Cette application du principe aux affaires du monde, la transformation et la pénétration par lui de la condition du monde, voilà le long processus qui constitue l’histoire elle-même. J’ai déjà appelé l’attention sur la différence entre ce principe comme tel et son application, c’est-à-dire son introduction et sa réalisation dans la réalité de l’esprit et de la vie: c’est une détermination fondamentale de notre science et il faut s’en bien souvenir. Comme on a provisoirement souligné ici cette différence par rapport au principe chrétien de la conscience, la liberté, elle s’établit aussi essentiellement pour le principe de la . liberté en général. L’histoire universelle est le progrès dans la conscience de la liberté – progrès dont nous avons à reconnaître la nécessité..”…..