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Heuristique & Sémiologique

 

Sur la plage

Filed under: Verbe,Webzette n° 6 — Author : — 4 Nov 2005 —

Sur la plage…avant la déferlante.

C’est devenu rituel, l’été débute pour la presse littéraire, par un état des lieux, des études savantes sur la Lecture, les Lecteurs et le Livre, encombrés de statistiques, de classements typologiques ou topologiques, de tableaux comparatifs et de commentaires argumentés et circonstanciés. Bourdieu, Manguel, Pennac, de Singly, Lahire, l’INSSE, la BNF,……sont convoqués ainsi que des éditeurs, des libraires et des lecteurs. On s’inquiète du spectre de l’illettrisme mais on constate que la toile ne remplace pas le papier, on s’alarme de la mainmise économique sur l’Edition et on se réjouit de la riche diversité de la Petite Edition, on s’étonne de la bonne santé de la Lecture et de la résistance du codex aux assauts de l’Ecran. Alors que le marketing crée des évènements et des phénomènes éditoriaux l’intérêt grandit pour les « différents », diffusés par les « bonnes librairies ».

De nombreux magazines conseillent des livres d’été. Cette notion de « livre d’été ou de vacances » est-elle pertinente, qui aurait une place réservée dans le sac de plage ou sur le chevet du randonneur harassé ? Le livre d’été se distinguerait-il par sa dimension, son contenu …sa légèreté ? On peut en douter, par contre la « lecture de loisir » se démarque de la lecture habituelle ; le « temps libre », le déplacement, le changement de rythme et de cadre, induisent une posture spécifique du lecteur qui retrouve une disponibilité donc une curiosité ouverte à la découverte.

Au-delà de l’anagramme, « lire » et « lier » c’est la même chose (même racine) tant il est vrai que lire c’est d’abord, étymologiquement parlant : choisir & assembler, cueillir & réunir. Lire c’est glaner, grappiller, composer un bouquet, un florilège, un herbier,…un « verbier ». Le « lire » dans ce qu’il implique de relation peut rigidifier par l’habitude, l’obsession, la prescription médiatique et enfermer dans un domaine, un genre, un style, un auteur, une époque, une école, une collection,….Il peut scléroser, durcir, étriquer comme un lacet de vieux cuir au détriment de ce qu’il implique de libre sélection et contrarier la gratuité, le plaisir et la créativité en réduisant la palette (réelle) du choix. Pennac reconnaissait au lecteur le droit de ne pas lire. Peut-être faut-il « délire » !!! C’est-à-dire rompre avec la prédilection, les affinités électives, la dialectique ratiocineuse, se déconnecter de l’habitus et s’ouvrir à l’éclectisme, voire s’encanailler. L’été, les vacances, le temps libre peuvent rendre à la lecture la surprise, l’occasion, l’accidentel, et permettre au lecteur d’échapper au profileur des études statistiques, au Livre secouant le carcan de la collection de résister au sac et ressac de la grande déferlante de la Rentrée littéraire qui va balayer les plages de nos fantaisies estivales.

 

 

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Lyon - http://www.lepercolateur.info/ - Date d´édition: 2024-11-21 21:08:33 -

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