Gabriel Tarde. (1843-1904),criminologue,sociologue,philosophe.
J’ai découvert Gabriel Tarde, il y a une vingtaine d’années, dans “Mille Plateaux” de Deleuze et Guattari (ed. de Minuit) : …”Hommage à Gabriel Tarde (1843-1904) : son oeuvre longtemps oubliée a retrouvé de l’actualité sous l’influence de la sociologie américaine, et notamment de la micro -sociologie”….
Il y a quatre ou cinq ans, enfin, j’ai lu son oeuvre, éditée par “Les empêcheurs de penser en rond”. Je vous en cite un court extrait, (un peu au hasard, tant elle est importante et passionnante) :
“Il ne faut pas perdre de vue, d’une part, que le besoin d’inventer et de découvrir se développe, comme tout autre, en se satisfaisant; d’autre part, que toute invention se réduit au croisement heureux, dans un cerveau intelligent, d’un courant d’imitation, soit avec un autre courant d’imitation qui le renforce, soit avec une perception extérieure intense, qui fait paraître sous un jour imprévu une idée reçue, ou avec le sentiment vif d’un besoin de la nature qui trouve dans un procédé usuel des ressources inespérées.”
Gabriel Tarde systématise cette notion d’imitation et l’étend à tous les domaines, la sociologie, l’histoire des civilisations, des coutumes, des langues, des sciences, des techniques, du progrès social,… Ses outils sont l’archéologie (remontée dans le temps) et la statistique (influence du contemporain), avec, à cette croisée, non pas un mélange ou un compromis mais une composition, une combinaison, une complexification (comme le dirait notre temps !) qui enrichit l’héritage! Tarde nous paraît très moderne, à sa lecture on pense à Bernard Stiegler, le cardinal et le le calendaire, le synchronique et le diachronique,ou à la médiologie de Régis Debray.
Un détail qui me plaît beaucoup, Tarde statisticien voyait dans les graphiques, les diagrammes une sorte d’ECRITURE hiéroglyphique dont il avait une lecture rationnelle, productive et poétique !
Et il partageait avec Reclus cette idée d’évolution fondée sur la SOLIDARITE, moteur de progrès.