Il me souvient de ce professeur, il y a fort longtemps, qui nous disait que l’Histoire était la meilleure et la pire des choses. Il a dû nous apparaître à nous, gamins de 11 ou 12 ans, un tantinet iconoclaste à ébranler ainsi nos listes de dates laborieusement acquises et la succession des Dynasties, des Batailles, des Faits d’armes, des Victoires, des Défaites, des Découvertes…
Pour lui, le “meilleur” de l’Histoire était de construire et de consolider les Nations et le “pire” de les opposer. Bien des années plus tard, j’ai découvert au hasard de mes lectures, dans “Regards sur le monde actuel” de Paul Valéry, ce texte écrit après 1918. Il laisse peu de place au “meilleur”!
“L’Histoire est le produit le plus dangereux que la chimie de l’intellect ait élaboré. Ses propriétés sont bien connues. Il fait rêver , il enivre les peuples, leur engendre de faux souvenirs, exagère leurs réflexes, entretient leurs vieilles plaies, les tourmente dans leur repos, les conduit au délire des grandeurs ou à celui de la persécution , et rend les nations amères, superbes, insupportables et vaines…
L’histoire justifie ce que l’on veut. Elle n’enseigne rigoureusement rien, car elle contient tout, et donne des exemples de tout…Dans l’état actuel du monde, le danger de se laisser séduire à l’Histoire est plus grand que jamais il ne fut…. L’Histoire mélodique n’est plus possible…”