Heuristique & Sémiologique
L carminé sur fond de textes
Paradoxe informatique
L’opérateur à l’ordinateur :
– Donne-moi un palindrome de la langue Française.
L’ordinateur de répondre ;
– NON.
Proposé par J.L. Thévenot. (Blois)
Note de la webzette : Un palindrome est un mot ou un groupe de mots qui peut être lu indifféremment de gauche à droite ou de droite à gauche sans changer de sens ; comme “rêver”, …”élucide l’édicule”. Les surréalistes, l’OULIPO n’ont pas manqué de s’intéresser à ce jeu de langage. Georges Pérec emporte la palme avec un palindrome de 5000 mots. Dans l’histoire courte qui nous est proposée, un créateur de logiciel linguistique veut tester son “découvreur de palindromes” ! ! Concluant ? !
La meilleure et la pire des choses.
Il me souvient de ce professeur, il y a fort longtemps, qui nous disait que l’Histoire était la meilleure et la pire des choses. Il a dû nous apparaître à nous, gamins de 11 ou 12 ans, un tantinet iconoclaste à ébranler ainsi nos listes de dates laborieusement acquises et la succession des Dynasties, des Batailles, des Faits d’armes, des Victoires, des Défaites, des Découvertes…
Pour lui, le “meilleur” de l’Histoire était de construire et de consolider les Nations et le “pire” de les opposer. Bien des années plus tard, j’ai découvert au hasard de mes lectures, dans “Regards sur le monde actuel” de Paul Valéry, ce texte écrit après 1918. Il laisse peu de place au “meilleur”!
“L’Histoire est le produit le plus dangereux que la chimie de l’intellect ait élaboré. Ses propriétés sont bien connues. Il fait rêver , il enivre les peuples, leur engendre de faux souvenirs, exagère leurs réflexes, entretient leurs vieilles plaies, les tourmente dans leur repos, les conduit au délire des grandeurs ou à celui de la persécution , et rend les nations amères, superbes, insupportables et vaines…
L’histoire justifie ce que l’on veut. Elle n’enseigne rigoureusement rien, car elle contient tout, et donne des exemples de tout…Dans l’état actuel du monde, le danger de se laisser séduire à l’Histoire est plus grand que jamais il ne fut…. L’Histoire mélodique n’est plus possible…”
Question du destin
La question du destin.
Dans mon article “Le cru, le su et le voulu” (voir la webzette n°9, page Invention) j’écrivais en conclusion :
“N’est-ce pas une attitude réellement Humaniste (donc rationnelle) que de penser que l’Humanité est sortie (issue certes, mais aussi affranchie) de la jungle et de sa Loi, que de refuser l’alternative réductrice d’un obscurantisme moyenâgeux et d’un scientisme dévoyé, que de prôner une responsabilité solidaire et volontaire au sein d’une Nature dont nous partageons, l’origine, l’évolution et le destin ? Il en est de notre singularité ! Sauf à rebrousser chemin ! ” (je souligne pour cette 2ème écriture).
Des courriels, des conversations entre amis ont attiré mon attention sur l’ambiguïté de certains mots. Il me semble que je doive apporter quelques précisions.
J’adopte dans cet article une attitude humaniste (par conviction) en considérant la Création comme processus et l’Homme comme acteur responsable de sa propre création et solidaire (droits et devoirs) de celle de l’Humanité.
S’agissant de l’origine, il n’est pas question d’un instant initial ; le Big Bang (13,7 milliards d’années) lui-même n’a pas l’abscisse 0 sur l’axe du temps, ce fut une période très longue, début de l’expansion et de la dilatation de l’Univers puis de l’avènement des conditions physico-chimiques favorables à la Vie : atomes, molécules, ADN, cellules, reproduction arborescente… le Vivant. L’origine de l’Homme est peut-être là, dans cette lente émergence de la Vie. Il y a 4 millions d’années dans le règne animal apparaissait l’Australopithèque, 2 millions d’années plus tard l’Homo Habilis, puis il y a 40 000 ans l’Homo Sapiens Sapiens (homme moderne) = 4 millions d’années de sélection, d’adaptation, d’élimination, de mutation, de complexification, l’acculturation prenant le relais du Biologique, d’Hominisation à partir de L’Humus (Terre).
Telle une spirale l’Evolution se développe à partir de cette origine, point asymptotique (infiniment insondable dans l’espace-temps), au rythme du temps cosmique et selon un vecteur qui croît lentement et non-linéairement, les spires sont très serrées près de l’origine (au pas lent de l’évolution biologique) puis plus espacées (impulsion motrice et accélératrice de l’acculturation : bipédie, langage articulé, fabrication d’outils,..). Je pense pouvoir dire que la communauté scientifique : paléontologues, géologues, anthropologues, (agnostiques ou croyants), tout en souriant de mes raccourcis et de ma prétention, me donnerait quitus pour cette approche de l’origine et de l’évolution de l’Homme et de l’Humanité.
Ainsi, l’espèce humaine partage avec les règnes végétal et animal l’origine et l’évolution, soumise qu’elle est à la biologie; mais avec l’avènement et la primauté de la culture (hominisation) peut-on dire qu’elle a le même destin ? Ce mot est délicat à manipuler, en l’occurrence je lui donne le sens d’avenir, de futur, de l’ensemble des événements qui composent l’existence. Là, pas de doute, face à un cataclysme planétaire nous sommes liés et partageons le même destin ! Hormis ce scénario catastrophe, il faut bien constater que l’Homme depuis sa lente apparition (maîtrise du feu ?) s’il n’échappe pas à l’évolution biologique, utilisant ses processus il en est devenu le principal facteur par sa prédation du vivant et de la nature, des races et des essences. Il a détruit, sélectionné, éliminé modifié, par la chasse, la pêche, l’agriculture, l’élevage, l’exploitation des sols et sous-sols biaisé avec la loi de la sélection naturelle. Le plus fort c’est lui! L’acculturation a rompu une forme d’équilibre (pas tendre, certes !), la partie n’est plus partagée et les destins divergent. Le feu apprivoisé, le silex taillé, la main industrieuse, le langage articulé de la mobilisation, ont brisé avec l’évolution biologique pour une spirale à forte accélération.
Il est une autre définition de destin comme fatalité, détermination, prédestination, implication, nécessité, conséquence inéluctable, aboutissement inévitable, inscription irrévocable (mektoub), Cette acception du destin se réfère soit à un déterminisme scientifique, rationnel (la nature des choses), soit au Dessein d’une puissance (une volonté) supérieure qui décide de l’avenir, du cours de l’existence et de son terme, qui destine, qui assigne.
La Science actuelle mobilise toutes ses ressources pour répondre à la question ; que nous réserve l’avenir ? La démographie, la climatologie, la prospective écologique, la biologie-cybernétique, la génétique, la technologie du futur (nano voire pico)…. les déterminismes sont si nombreux, foisonnants et contradictoires, que l’avenir se révèle imprévisible. Chacun y va de son scénario, rarement exempt de présupposés idéologiques, philosophiques, métaphysiques ou religieux. On assiste, comme aux temps anciens à une sorte de construction de mythes qui se substituent à l’explication : spectre du cyborg, emballement cinétique de la technique et son autonomisation, part grandissante de l’irrationnel utopique, hyper-synchronisation et autorégulation de la société, substitution totale de l’évolution technique à l’évolution biologique, après la fin de l’Histoire voici la fin de l’Homme ! En fait le mot destin n’appartient pas au vocabulaire scientifique; la Science émet des hypothèses, construit des modèles, observe et expérimente, décèle des tendances, les confronte à la réalité. S’agissant du futur, elle s’exprime en terme de probabilité. Pour elle, il n’y a pas de Dessein supérieur et directeur qui ne peut relever que de la métaphysique ou de la théologie.