Le Percolateur

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Heuristique & Sémiologique

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Pour sauver l’Imprimerie Nationale

Author : Gilbert — 3 Mar 2005

Communiqué de presse
Paris, décembre 2004

Garamonpatrimoine se mobilise pour sauver le patrimoine et les savoir-faire de l’Imprimerie nationale.

L’Imprimerie nationale est en cours de démantèlement. Le siège de la rue de la Convention (Paris XVe) a été vendu et le site doit être libéré dans le courant du premier semestre 2005. Son patrimoine typographique et ses savoir-faire peuvent disparaître si aucune solution viable n’est trouvée rapidement.

Le Cabinet des poinçons est menacé par cette restructuration. Ce cabinet rassemble tous les « originaux » des caractères qui servent, depuis la Renaissance, à composer les textes imprimés par les procédés traditionnels. Les 500 000 pièces gravées, classées « Monuments historiques », que conserve le Cabinet des poinçons de l’Imprimerie nationale, constituent la source écrite des civilisations. Est également en danger l’atelier du livre, le lieu où les textes sont composés au plomb puis imprimés sur des presses anciennes grâce à des savoir-faire préservés jusqu’ici. Les 30 000 volumes de la bibliothèque historique pourraient aussi être dispersés.

Garamonpatrimoine, un collectif interdisciplinaire qui regroupe des universitaires (historiens, anthropologues, informaticiens, etc.), des graphistes, des ouvriers typographes et des enseignants des métiers du livre, souhaite attirer l’attention des décideurs politiques et de l’opinion publique. Ce collectif a lancé une pétition pour sauver et valoriser ce patrimoine et ces savoir-faire.

Cette pétition, disponible sur le site Internet www.garamonpatrimoine.org, a déjà été signée par 13 000 personnes de 78 pays. Elle sera remise au président de la République dans le courant du mois de janvier 2005.

Le collectif Garamonpatrimoine suggère qu’un administrateur chargé d’étudier les solutions soit nommé, en plaçant ce dossier sous la tutelle des ministères de la Culture et de l’Éducation nationale.

Il propose la création d’un Conservatoire de l’imprimerie, de la typographie et de l’écrit (le CITÉ). Ce sera un établissement public chargé de missions d’enseignement, de formation et de recherche, mais aussi un musée ouvert au public mettant en valeur ces collections inestimables, un atelier du livre et de l’estampe, véritable unité de production, et une bibliothèque.

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Le tiers-instruit

Author : Gilbert — 2 Mar 2005

« LE TIERS-INSTRUIT » de Michel Serres (éd. François Bourin)

extrait que j’intitule : « Labeur et invention » :

….Apprentissage, oubli. Mis à part des cas rarissimes, moins de dix assurément pour quatre millénaires d’histoire connue, dont les noms signent presque toujours des œuvres de mathématiques et de musique, ces deux langages à mille valeurs parce que privés de sens discursif, on ne rencontre pas de génie naturel, immédiat et sauvage. Qui attend l’inspiration ne produira jamais que du vent, tous deux aérophagiques. Tout vient toujours du travail, y compris le don gratuit de l’idée qui arrive. S’adonner, ici et maintenant, d’un coup, à n’importe quoi, sans préparation, aboutit à l’art brut dont l’intérêt se borne à la psychopathologie ou à la mode : bulle passagère, pour tréteaux et bateleurs.

Oeuvre d’art, voyons le mot. L’œuvre a pour auteur un ouvrier, de formation artisanale, devenu expert en sa matière propre, formes, couleurs, images, pour tels, langue pour moi, marbre ou paysage ailleurs. Avant de prétendre produire des pensers neufs, il faut, par exemple, ouïr les voyelles : un ouvrier, un artisan d’écriture les distribue dans la phrase et la page comme un peintre les rouges dans les verts, ou un compositeur les cuivres sur les percussions, jamais n’importe comment. Ainsi des consonnes ou des subordonnées : labeur long sur la feuille trouée comme le tonneau des Danaïdes, si indéfini qu’on y passe sa vie. Créer : ne s’adonner qu’à cela, de l’aube à l’agonie….

Conceptogramme

Author : Gilbert — 28 Feb 2005

Conceptogramme

Production de la poésie

Author : Gilbert — 4 Feb 2005

PRODUCTION DE LA POESIE

Au commencement était la Parole.

La naissance de la poésie se confond, sans doute, avec celle du langage articulé. Les progrès de la structuration sociale impliquaient une mémorisation des messages pour leur transmission et leur diffusion, or le rythme, la rime, la scansion sont en quelque sorte des moyens mnémotechniques qui facilitent l’apprentissage et la restitution. La tradition orale s’est ainsi transmise par une poésie soulignée de gestes puis de musique (à laquelle celle des mots n’était pas étrangère elle même s’appuyant sur des instruments du rythme et du mimétisme

sonore. Intercesseur, tout naturellement la poésie l’était, et naturellement religieuse. Son pouvoir était magique, objet rituel elle devint rite elle même et rythmait la vie sociale.

Puis vint l’Ecriture

D’abord hiéroglyphique ou pictographique elle assura la mémoire longue, mais élitaire, elle ne constituait à son origine que le fonds, la référence d’une communication essentiellement orale. Son inscription lapidaire et parfois monumentale a toutefois été la première manifestation imagée du langage (on peut penser que la recherche esthétique n’en était pas exclue ni l’aspect rituel).

Puis ce fut l’avènement de l’écriture phonétique, scription des sons, premier produit audiovisuel par sa traduction graphique, visible et lisible de la musique des mots et, par-delà, de leur sens. Dès lors la poésie “dite et écoutée” peut être “écrite et lue”. Aux contraintes orales (de la diction et de la déclamation) s’ajoutèrent les exigences de l’écrit (rigueur de la rime plus grande par exemple).

Ainsi l’écriture participa à la célébration du “Verbe” à son principe, à sa

prééminence. Les manuscrits s’enrichirent d’enluminures, de miniatures, de lettres historiées, de lettrines armoriées, d’une calligraphie “déclamatoire”. A travers l’écrit “imagé”, dessiné, orné c’était le mot qui était magnifié et au delà son objet religieux. La page manuscrite était comme un autel dressé à la gloire du “verbe” comme l’ostensoir d’une présence cachée et sa révélation, le “verbe se fait chair”.

L’imprimerie perpétuera ensuite cette “mise en scène” du texte jusqu’à expliquer, de nos jours, le perfectionnisme de la typographie dans les recueils de poésie les recherches de mise en page, les rigueurs de la composition. A la séduction des mots s’ajoute celle de leur monstration, de leur exposition.

Actualité de l’archaïsme

Dans son approche la plus intime comme dans la plus collective, la poésie requiert donc le rituel et la mise en scène. Du recueillement de la lecture silencieuse au spectacle de sa théâtralisation la poésie exige un “espace”. D’origine religieuse elle implique une disponibilité totale et c’est ainsi qu’elle doit “marquer son temps et son lieu” elle a besoin de signes déictiques, de “cadre”. C’est parce qu’elle est “un moment” privilégié qu’elle peut imprégner le temps, c’est parce qu’elle a un “lieu d’exposition” qu’elle peut imprégner l’espace. La poésie ne se dilue pas, elle rayonne. Sa “liturgie” l’identifie, la distingue, en concentre et condense le “merveilleux” sans l’enfermer, comme une lumière dans la flamme tout entière ramassée mais sans boisseau ni ombrage. Il y a ici, comme une invariance, au-delà des époques des techniques et des mythes, une nécessité archaïque, sans doute essentielle, pour la poésie de se « montrer », de se « produire ».

Armand Robin

Author : Gilbert — 4 Feb 2005

Armand Robin

La plupart de ceux qui connaissent Armand Robin l’ont approché sous l’une de ses multiples facettes : le poète, le traducteur, l’écouteur, l’anarchiste. Ce n’est pas un homme que l’on résume, que l’on réduit. Il est vrai qu’il a contribué lui même à entretenir son ambiguïté.

Armand Robin est né en 1912 dans une famille paysanne de Plougervenel (Cotes du nord)dont il est le 8e enfant : Je suis fabriqué dans une étoffe populaire, j’ai les gestes des fileuses prolétariennes dans mes gestes. Jusqu’à son entrée à l’école à l’age de huit ans il ne parle que le dialecte breton de son village natal, sa langue maternelle, celle de cet îlot terrestre, inchangé depuis le moyen-âge. Il a surgi de ceux qui n’ont pas de mots pour leurs cris. Il découvre la langue française en quittant son enfance meurtrie et pourtant féerique. Je me souviendrai toujours d’avoir appris le français un livre sous les yeux pendant que je marchais ; je lus d’abord Pascal…Venu de la plèbe et de la glèbe il avait, grâce cette seconde langue, accès à un monde de connaissances infiniment plus riche.

A Rostrenen comme à Saint Brieuc, Armand Robin est un excellent élève, il manifeste un don exceptionnel pour les langues(il en parlera plus de 25) et de sérieuses aptitudes pour la contestation(ses camarades le surnomment Voltaire).Il poursuit des études littéraires à Lyon(où il apprend, entre autres le polonais et le russe).

Sa fascination pour la langue française, sa sensibilité, sa qualité d’écriture le destine à une POESIE sans effet lyrique mais musicale, rythmée et d’une sincérité souvent imprécatrice .En 1935 il publie ses premiers poèmes : Offrande, Sans passé, puis Homme sans destin en 1936, Mort d’un arbre paraît en 1939,……Il écrira un seul roman :« Le temps qu’il fait », épopée de la lutte des paysans bretons contre la peur, la misère.

Très proche du parti communiste, en 1934 il fait le voyage rituel en U.R.S.S., son point d’ancrage, sa patrie mentale (deux ans avant Gide). Sans doute dans cette prédilection pour cette terre entrait-il ce que d’aucuns appelleront un préjugé de classe sociale. C’est une nouvelle rupture. Epouvanté il découvre une oppression qui passe par la parole, un déchaînement scientifiquement calculé de forces mentales obsessionnelles. Il prend, dès lors ses distances avec le parti communiste mais soutient le front populaire. Son apprentissage des langues étrangères répond à une double intention :celle de devenir ce qu’il est, de se faire sans seuil, sans sol, sans ciel et celle de coïncider avec le destin des opprimés en participant à leur résistance. Il lui faut travailler pour la parole et contre la fausse parole. Il est TRADUCTEUR. Personne en ce siècle n’a découvert et introduit en France autant de poètes étrangers (Les deux tomes de « Poésie non traduite » proposent 99 poèmes,45 auteurs en 19 langues)……Il traduit aussi le théâtre de Goethe pour la Pléiade.

Il se crée un métier ECOUTEUR, grâce à son don des langues et à un poste de radio ( ondes courtes) très perfectionné il affronte Babel et passe une grande partie de sa vie à l’écoute des radios étrangères et notamment des services de propagande soviétique.

Il a pratiqué jusqu’à l’ épuisement (14 à 15 heures d’écoute par jour) cette activité de dénonciation des « propagandes en tout genre, mécanique du mensonge, guerre psychologique, dénoncées par un poète qui sait ce que parler veut dire et qui réinvente, dans une langue connue de lui seul, le vrai usage de la parole ». Il rend compte de ses écoutes dans un bulletin bihebdomadaire réservé à un petit nombre d’abonnés : journaux, institutions, organismes, responsables politiques. Il est traversé de mondes bruyants, appelé par tous les cris. De 1945 à1961 il écoute régulièrement environ une cinquantaine de stations en une vingtaine de langues principales( dont le russe, le chinois, l’arabe,…) et en une trentaine de langues secondaires et dialectes (dont l’araméen, le japonais, le vieux slavon, le yddish, l’espéranto,….)

A la Libération, bien qu’il ait fait des écoutes pour la résistance, il est mis sur la liste noire du Comité National des Ecrivains. Il faut sans doute voir là l’action d’Aragon qui ne lui pardonne pas son anti-stalinisme. En 1945 il adhère à la Fédération anarchiste. Il collabore aux revues Combat et Le libertaire.

Il disparaît de son domicile le 27 Mars 1961.Le 30 Mars il meurt dans des circonstances non élucidées à l’infirmerie spéciale du Dépôt de la Police à Paris.

“Que m’importe qu’on m’abatte au coin de la rue, j’écrirai des poèmes jusqu’à ce qu’on me tue.”
On trouve les œuvres d’Armand ROBIN aux éditions “Gallimard,” “Ubacs”, “Le temps qu’il fait”, qui propose une nouvelle édition de « La fausse parole » de 2002.

Pour en savoir plus, on peut consulter le site “www.armandrobin.org”

Physicien du désordre

Author : Gilbert — 4 Feb 2005

Au cours d’une récente pérégrination bouquinistique j’ai découvert un ancien numéro de la revue AUTREMENT (collection : mutations, de 1983) intitulé : Les créateurs. Dans l’un de ses l’un de ses articles : « Physicien du désordre » la journaliste Lydia Elhadad nous présente le professeur Etienne Guyon, universitaire, professeur, chercheur en Physique (Paris, Marseille, CNRS,….) que je cite :

«…nous sommes partis d’un concept mathématique récent, la percolation, qui décrit comment un signal se propage à travers un réseau très incomplètement connecté, pour construire des modélisations simples…Ces recherches amènent à se poser une question fondamentale quant aux transferts de connaissances possibles des sciences physiques aux sciences du vivant et de la société… » Cette conception du savoir scientifique face aux thèmes explorés et aux méthodes d’approche relève sans doute de ce « nouvel esprit scientifique » qui accompagne les recherches sur l’épistémologie et l’histoire des sciences.(Michel Serres a utilisé cette même notion, pour écrire l’Histoire de la géométrie)

La percolation est un phénomène physique que l’on rencontre dans diverses situations : propagation des incendies de forêt, circulation automobile, conductivité électrique des alliages, mouvement de foules,……et en Histoire et dans la Transmission des Savoirs. La percolation se mathématise en termes de probabilité, de statistique et de graphe aléatoire. On peut donner au concept de percolation une dimension spatiale et temporelle et l’interroger sur l’intersection du calendaire et du cardinal. Bel outil.

Le passementier

Author : Gilbert — 3 Feb 2005

Le texte est un jeu de chaîne et de trame, de syntagme et de paradigme, de successivité et de synchronie. C’est du taffetas, de l’organdi, de la mousseline, de la faille, dont la gravité se mesure en « deniers » du culte ludique. Du graphe, de la griffe, du glyphe, de la gravure, du grattage au texte. J’ai plaisir à penser que les premiers scribes avant la découverte du papyrus, écrivaient sur de la toile empesée ; que les femmes mayas, quand elles ont appris à lire et à écrire, par habitude du tissage, changeaient de couleurs à chaque lettre. Il est des rencontres qui ne trompent pas ! Il y a de la trame dans le papier, l’étoffe et l’image vidéo, de la passementerie dans le texte.

M. Mathevet 42.

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