J’avais, quand j’étais étudiant, coutume de dire : “quand je n’arrive pas à résoudre un problème je me couche et m’endors avec lui, je suis sûr de me réveiller le lendemain matin avec la solution ! ” ( A noter que je ne fixais pas un objectif trop prégnant, Je dois avouer que si la question était particulièrement ardue, je prenais le risque d’une nuit blanche ! ). Phénomène que d ‘aucuns qualifient de “moi inconscient” voire de “moi subliminal”.
La lucidité matinale est souvent surprenante. Au cours du sommeil, des éléments épars dans l’esprit, des expériences anciennes, des connaissances reléguées parce que (hâtivement) jugées sans intérêt,.. s’associent, se classent spontanément; Il convient au réveil, sans insistance excessive d’extraire l’idée native parfois un peu brute Le repos n’est pas vraiment créateur, il est restaurateur, combineur, éclaircisseur, catalyseur d’une chimie parfois étonnante, il provoque des rencontres et des rapprochements d’idées.
Poincaré accorde une place centrale à l’inconscient: «Ce qui frappe tout d’abord, ce sont ces apparences d’illumination subite, signes manifestes d’un long travail inconscient antérieur; le rôle de ce travail inconscient dans l’invention mathématique me paraît incontestable. Poincaré considère l’inconscient comme réellement créatif. Le “moi inconscient” ou, comme on dit, le moi subliminal, joue un rôle capital dans l’invention mathématique, Poincaré privilégiera la dimension psychologique de l’invention n’hésitant pas à prendre une position, surprenante pour un scientifique de sa réputation, qui se. rapproche des vues que défendra Jacques Lacan : “Le moi subliminal” n’est pas purement automatique, il est capable de discernement, il a du tact, de la délicatesse; il sait choisir, il sait deviner. Que dis-je, il sait mieux deviner que le “moi” “L’inconscient mathématicien” ! !
Valéry,(autorisé par son immense culture encyclopédique) remarque à de nombreuses reprises que pousser jusqu’au bout une idée c’est risquer de la détruire, et qu’il y a souvent gain pour l’esprit dans la pensée prise dans son surgissement et suspendue dans sa fulgurance. Telle semble d’ailleurs être la façon dont Valéry lit et met à profit ses lectures, qu’il prétend toujours lacunaires, partielles et qu’il restitue régulièrement sous la fragmentation de citations parodiques. Une “percolecture” effective et efficiente!!!
Heuristique & Sémiologique
Inventio.
“Après Babel” en Hommage à George Steiner, maître de lecture.
عمان (ا ف ب) – طلب محامي نائب رئيس الوزراء العراقي السابق طارق عزيز المتهم في قضية اعدام تجار عراقيين في بغداد عام 1992 الاحد من الحكومة العراقية نقل المحاكمة الى كردستان في شمال العراق كي يكون باستطاعة فريق المحامين حضور جلساتها. وقال بديع عارف عزت لوكالة فرانس برس “انا اطالب الحكومة العراقية بنقل جلسات المحاكمة الى كردستان التي تنعم بوضع امني افضل بكثير من بغداد”. واضاف “في كردستان سيكون باستطاعتنا نحن فريق المحامين من عراقيين وعرب واجانب حضور جلسات المحاكمة بسهولة ويسر وهي افضل حتى للمعتقلين”.Nfc חדשות מחלקה ראשונה – לפני 1 שפסק דין שניתן בבית הדין הרבני הגדול לפני ימים ספורים, משליך פסילתם של כ שהוביל הרב דרוקמן בכל השנים שבהן עמד בראש מערך הגיור. שלושה דיינים חתומים על הפסיקה. הם מונו לכהן בבית הדין הגדול בשנים האחרונות על תקן “עושי דברו של הרב יוסף שלום אלישיב, ופסק דין זה הוא חוד החנית של פעילותם. כך הם הוכיחו כי אף שהם יושבים בבית הדין של ה “ציוינים” – נאמנותם נתונה אך ורק לרב …
ביקורת קטלנית – כן. ביטול הגיורים – לא NRG מער台当局“外交”掮客金纪玖卷走10亿藏身上海搜狐 – 25分钟前环球时报环球网消息:据台湾媒体报道,台当局“外交部”2006年委托中间人金纪玖转交与巴布亚新几内亚“建交”经费3000万美元(折合新台币约10亿元),不料却遭金纪玖侵吞。金纪玖目前藏身何处?岛内媒体众说纷纭。 《自由时报》报道称,台检方已确定金纪玖匿藏在 …联合新闻网 – 新华网 – 358条相关资讯………………………………….
Il faut aspirer à tout lire, tout comprendre, tout intégrer. Là est sans doute la grandeur de Georges Steiner : en nos temps de parcellisation du savoir, où chacun protège son arpent, il est rare de voir un philosophe saluer en Wittgenstein et Heidegger les deux plus grands penseurs de notre siècle, tant les sectateurs de l’un ont coutume d’accabler l’autre de leur mépris. Car là est bien ce centre qu’occupe Steiner : au carrefour des langues (il en parle cinq, et en pratique trois avec la même compétence), des disciplines (il est romancier, critique littéraire et philosophe du langage) et des cultures (il dialogue avec Chomsky, n’ignore rien de la philosophie analytique anglo-saxonne).Il refuse de se considérer comme un maître à penser : il se voudrait, ce qui pour lui est plus important, « maître de lecture ».
(On aura compris que les 3 écritures, arabe, hébraïque, chinoise sont utilisées ici, uniquement comme emblèmes de 3 langues très différentes des nôtres, dans cette Babel de notre temps. On voudra bien, aussi, excuser la naïveté du procédé et n’en saisir que la conviction ! ! ).
Écriture, outil de création
La transmission (répétition, reproduction, diffusion ..) par l’écriture s’enrichit de combinaisons entre points de vue divergents ou hétérogènes, de courts-circuits surprenants. L’écriture acquiert ainsi une dimension heuristique, favorisant les occasions de confrontations donc des opportunités de productions de savoirs nouveaux. Le paradoxe vient de ce que l’écriture dénomme, désigne, catégorise, grammaticalise et qu’elle induit chez le lecteur des chausse-trappes, des fausses interprétations, des associations, des approximations qui suscitent parfois des idées neuves, la lecture du monde exige une réécriture critique et discriminante, lire c’est élire, choisir.
L’écriture parce qu’elle abstrait, schématise, soulage la pensée phénoménale, organise la complexité et lui donne, parce que s’offrant aux échanges symboliques, accès à la réflexion, la méditation voire à la poésie? La lecture trie pour mieux relier, pour corréler, rapprocher, synthétiser, la relation entre les choses prend le pas sur la description? On cartographie plus qu’on analyse. Ainsi la percolation en ce qu’elle est un processus de complexification et de simplification s’impose comme modèle de l’écriture-lecture et le percolateur accède au rang de machine inventive, ….grammaticale, médiologique par excellence
On peut jeter un coup d’oeil sur la paillasse du labo et s’interroger sur la relation de l’alambic et du percolateur.
Invention (de venire, ventus)
Le Percolateur pratique souvent cette sorte d’archéologie dans les origines, l’histoire des mots, l’évolution de leurs acceptions, en tentant de lire les dictionnaires, c’est-à-dire de préciser qu’elles peuvent être les intentions, les forces, les puissances ou les capacités d’action qui déterminent l’apparition d’un mot ou bien l’investissement d’un terme ancien par une idée neuve. C’est en cela que les dictionnaires témoignent : les acceptions s’y déposent en laissant les traces des intentions qui s’emparent successivement des mots ou qui s’y formulent simultanément et de manière concurrente.
Lisons Littré. L’invention y résulte du procès auquel correspond « inventer », que le dictionnaire définit comme l’action de Créer quelque chose de nouveau par la force de son esprit (sens 1), d’imaginer (sens 2), de supposer, controuver (sens 3). Littré fait ainsi valoir la précellence de l’idée de création, précisée par son caractère de nouveauté et rapportée aux capacités de l’esprit. L’invention est alors une faculté (« 1° Habileté d’inventer, disposition à»), puis le produit de cette faculté (« 2 L’action d’inventer ») et enfin l’« action d’imaginer » ou le « résultat de cette action »
Littré ne mentionne qu’ensuite les valeurs attendues selon lesquelles invention est un « Terme de rhétorique » défini comme la « Recherche et choix des arguments que l’on doit employer, des idées que le sujet fournit, dont on peut faire usage ». Mais le terme connaît une spécialisation esthétique (sens 4), selon laquelle il est un « Terme de peinture et de sculpture », désignant le « Procédé mental par lequel on trouve les images sensibles propres à exprimer le sujet aux yeux du spectateur, qu’il s’agisse d’une idée abstraite ou d’un événement vrai ». Littré précise que le terme « se dit dans un sens analogue en musique ». Dans ces formules, on rencontre deux régimes de tension : un clivage bien connu entre invention et création, et le problème moins souvent relevé de la saisie de l’invention selon qu’il s’agit d’une faculté (elle relève alors d’une psychologie) ou d’un produit (mais comment le reconnaître comme invention ?). Deux séries, elles-aussi opposées, achèvent l’article. La première concerne les acceptions pratiques, et très généralement péjoratives, qui veulent que « invention » signifie « moyen, combinaison », envisagés comme expédients rusés, trompeurs, artificieux, voire diaboliques . C’est dans le même ordre d’esprit que l’on passe au mensonge et à la feinte. L’invention est alors l’« Action de supposer, de controuver », le « mensonge » Sens 5.
Selon le Dictionnaire Richelet (Dictionnaire françois, 1680), l’invention consiste à «avoir trouvé ou à avoir imaginé quelque chose de nouveau»; si le verbe trouver renvoie au réel, imaginer renvoie au fictionnel. On reconnaît donc que l’imagination participe à l’invention, mais on se méfie de cette «folle du logis» (Malebranche, De la recherche de la vérité, De l’imagination, 1674-1675) qui peut conduire à la divagation et dégénérer en folie; ce sera donc sa «force» ou «subtilité d’esprit» (définie en termes de génie.
Furetière, Dictionnaire universel, 1690) qui guidera le poète et exercera un certain contrôle sur son imagination. Contrairement à l’abbé Batteux qui fait de la nature créée par Dieu le seul modèle de l’artiste (Les beaux-arts réduits à un même principe, 1746), Marmontel explique que l’objet de la poésie c’est aussi «ce qui serait dans l’immensité du temps et de l’espace, si la nature développait jamais le trésor inépuisable des germes renfermés dans son sein» («Invention poétique», Eléments de littérature, 1787). Si la nature impose des limites à l’imagination, on lui attribue toutefois une certaine puissance créatrice; l’imitateur n’est donc qu’un «froid copiste» alors que le poète, doté d’imagination, est un inventeur. D’une esthétique de règles et d’imitation, on passe ainsi à une esthétique de l’imagination; d’abord associée à la maladie, à l’erreur et à l’errance, l’imagination a désormais droit de cité dans le domaine artistique (R. Saisselin).
Action de trouver, de découvrir (une chose qui existe mais jusque là inconnue). Synon. découverte. L’invention d’un trésor. (Dict. XIXe et XXe s.). En religion catholique : Découverte d’une relique; fête qui en perpétue l’anniversaire. Invention de reliques, de la Sainte Croix.
Étymologie et Histoire. (TLF) extraits raisonnés :
Du latin : venire.
1. 1re moitié XIIe s. « trouvaille dans la façon d’agir, trouvaille merveilleuse, merveille » (Ps. Cambridge, éd. Fr. Michel, Canticum Ysaie, 5, p. 263 : faites cuneüdes en puples les sues invenciuns [adinventiones ejus]).
2. a) 1270 relig. le jor de l’invencion sainte Croix (Gondrec. I, 6, A. Meurthe ds GDF. Compl.); b) av. 1514 « action de découvrir quelque chose (en général) » (LEMAIRE DE BELGES, Couronne margaritique IV, 139 ds HUG. : linvention de ceste gemme).
3. « ce qui est inventé » a) 1431 péj. « fable, mensonge » (ds ISAMBERT, Recueil gén. des anc. lois fr., t. 8, p. 707 : inventions laidengeuses); b) ca 1501 « création, trouvaille littéraire » (Jardin de Plaisance, éd. de A. Vérard, fo 223 vo, reprod. S.A.T.F., t. 1);
4. « action d’inventer » a) 2e moitié XVe s. « action, fait d’inventer, d’imaginer » ici, en mauvaise part : substitution de Jacob à Esaü par Rebecca (Mistere du Vieil Testament, éd. J. de Rothschild, 12863); b) 1530 « action de créer, de découvrir quelque chose de nouveau » (PALSGR., p. 220 a); 1588 l’invention de nostre artillerie (MONTAIGNE, Essais, III, VI, éd. A. Thibaudet et M. Rat, p. 886);
5. 1595 « faculté de créer, d’imaginer » (ID., op. cit., I, XXVI, éd. citée, p. 174 : l’apprehension tardive, l’invention lasche). Empr. au lat. inventio « action de découvrir, de trouver, découverte (spéc. au Moy. Âge Inventio Sanctae Crucis [3 mai] « fête rappelant la découverte de la croix du Christ » ca 530 ds TLL s.v., 151, 70, v. aussi BLAISE Latin. Med. Aev.); faculté d’invention, invention, rhét.; action d’inventer.
Ne pas s’affoler ! Il suffit de choisir une acception pour l’inventer ! !
Où est passé le cultivé ?
“La culture est ce qui reste quand on a tout oublié” (E. Herriot). “Être cultivé, c’est se cultiver”. La Culture se définit là, comme trace, empreinte et ici, comme processus d’enrichissement ontologique. Décidément il nous faut interroger l’histoire du mot et du concept qu’il nomme, d’autant qu’il désigne souvent en ces temps, la façon de vivre et ses coutumes, ses habitudes, chape identitaire et uniforme tribal.
Le lien entre culte et culture (même origine latine : colere) existait à l’époque romaine, leur proximité et leur cousinage se fondaient sur cette origine commune et sur la notion de développement. On développait, comme une marque d’honneur, on cultivait la relation aux dieux par le culte, puis le développement de la nature végétale et celui de l’esprit par la culture, cultura. Dans les langues modernes, le travail de la terre l’emporta, mais l’Humanisme de la Renaissance redécouvrit la dimension métaphorique : on cultive l’esprit pour en cueillir les fruits. Dans “l’Humanisme intégral”, Jacques Maritain définit “la Culture comme le développement moral, le développement des activités spéculatives et des activités pratiques (artistiques et éthiques) qui mérite d’être appelé en propre un développement humain“. Recherche du chevêtre sous le vernis ou le badigeon.
L’ethnologie a beaucoup utilisé le terme de “culture” et, le banalisant, a favorisé l’amalgame avec manière de vivre, partage de valeurs, coutumes,… La sociologie, la presse et les médias usent, abusent du terme et le dévoient : culture jeune, culture de banlieue, black, beur, urbaine, rurale ou rurbaine, bobo ou paysanne … laissant sur les bas-côtés de la dérive le mot “cultivé”. ( La sociologie s’intéresse à juste titre à ces notions, mais il faudrait relire Bourdieu !).. Pour se démarquer de la pipolisation ambiante, culture et civilisation sont conduits à se confondre, partageant le même centre d’intérêt : l’épanouissement de la vie proprement humaine, dans toutes ses dimensions, La Culture peut, ainsi, tenir un autre discours, plus exigeant, plus Humaniste que celui concédé par notre époque démagogique et ségrégationniste.
Le FRANÇAIS, la Science et la Technique
Le FRANÇAIS , la Science et la Technique. Du “fax” à la “télécopie” !
On peut, par rapport à la Langue, avoir des exigences spécifiques selon les domaines (poésie, récit, théâtre,…) qu’elle doit servir. S’agissant de la Science et de la Technique, elle doit permettre de communiquer toute information de nature scientifique et technique quel que soit le domaine d’étude, c’est-à-dire de décrire de manière précise, concise et complète un phénomène, une observation, une entité vivante ou inerte, un appareil et son fonctionnement, un concept, une théorie ou un raisonnement et d’en justifier l’existence. D’un point de vue purement linguistique, cela signifie que la langue possède le vocabulaire nécessaire et suffisant, une syntaxe précise et que chaque stéréotype de phrase ne peut être utilisé que dans une seule et même acception pour tous. Ainsi se définit le concept de “norme” qui est étroitement lié à celui de “créativité”. La structure linguistique, et le respect des règles qui la constituent, ne peuvent se manifester qu’à travers les actes linguistiques des locuteurs qui mettent en oeuvre les règles. Ainsi la créativité linguistique apparaît-elle comme la norme linguistique elle-même, qui consiste dans le jeu normal des règles constitutives du systèmes de la langue. Elle est essentiellement la norme du locuteur en tant que producteur d’énoncé. Elle se distingue de la norme de l’interlocuteur qui interprête l’énoncé du locuteur et qui relève les déviations qui peuvent s’y glisser, qui formule un jugement d’acceptabilité. C’est la collectivité parlante ou une certaine fraction de cette collectivité qui exerce un contrôle, qui constitue un frein contre les déviations du système. Toutefois, la science et les techniques évoluant, les scientifiques et les ingénieurs ont fréquemment besoin de nouveaux termes et de nouvelles désignations. Une langue scientifique et technique doit leur fournir les ressources pour construire les mots nouveaux et leur assurer un maximum de transparence. C’est-à-dire que les mots nouveaux, idéalement, doivent pouvoir être associés immédiatement et naturellement aux sens ou aux nouveaux concepts qu’ils représentent et, ainsi, en assurer facilement la diffusion aussi bien que la vulgarisation. La conséquence immédiate de cette observation est qu’il est toujours préférable de forger un mot nouveau à partir des ressources de la langue que de l’emprunter d’une autre sans adaptation puisque le mot étranger ne pourra jamais être spontanément compréhensible.
Récemment, Alain Rey dans un entretien avec le Nouvel Observateur déclarait : “La langue est une machine de créativité dont on ne se sert pas assez. On pourrait à partir du Français fabriquer des mots nouveaux indiscutables, bien formés et compréhensibles par tous.” Il est extrêmement surprenant d’entendre, de la bouche de prétendus spécialistes de néologie et de terminologie française, que l’anglais forme plus facilement que le français des nouveaux mots pour désigner les objets des nouvelles techniques de communication et d’information, par exemple. En effet, surtout dans ce domaine, l’anglais a fréquemment recours à des sigles et des acronymes qui, sur le plan linguistique, ne sont que des béquilles, des mécanismes maladroits de création de nouveaux mots. La prolifération de ces acronymes et sigles et leurs champs sémantiques sont tels que même les spécialistes des disciplines concernées doivent souvent avoir recours à des dictionnaires spécialisés. De plus, même dans la terminologie n’impliquant pas des acronymes ou des sigles, les nouveaux mots et désignations anglo-américaines sont souvent incompréhensibles par le non spécialiste. “Pour le non informaticien, par exemple, des termes tels que “ middleware ” ou “ data mining ” ne veulent strictement rien dire et même la proportion d’informaticiens les comprenant est loin d’atteindre une majorité” constatent nos amis du Québec qui nous donnent souvent l’exemple d’une créativité lexicale efficace. Il est vrai qu’ils savent “qu’un mot emprunté est rarement rendu” !
On peut préférer : “TÉLÉCOPIE” à “FAX” ! ! !
L’Astérisque (*)
L’ASTÉRISQUE, ( * )…en considération.
Nous avons eu l’occasion d’évoquer dans ces colonnes les signes typographiques, l’esperluette et l’arobase. Ces signes issus de la calligraphie manuelle sont un peu comme des hiéroglyphes grâce à leur expressivité et leur idéographie. Ils ont aussi une fonction grammaticale, ils se lisent et se prononcent comme des lettres dûment estampillées ayant leur place dans l’alphabet, la phrase, la casse du typographe et le clavier de la machine.
L’astérisque (étoile) est un signe graphique (non-littéral), imprimé ou manuscrit, en forme d’étoile (*) pouvant prendre plusieurs valeurs conventionnelles (polysémie). Il peut indiquer, avant ou après un mot, une lacune, une forme hypothétique, les notes ou additions qu’un auteur fait dans son ouvrage, renvoyer à une définition, un éclaircissement ou toute autre information convenue, séparer des paragraphes… L’astérisque comme joker et facilitateur !
La littérature contemporaine fréquente peu ce caractère qui lui paraît extra-littéraire et qu’on ne voit guère mentionné dans la table des signes de ponctuation, bien qu’il soit omniprésent sur le clavier, généralement à gauche de la touche [Entrée] et en haut du pavé numérique ! La littérature mondaine du XIXe siècle goûtait assez le camouflage pudique des noms de personnalités par une séquence de trois astérisques (Les fredaines la Duchesse de ***). A noter que, récemment, les éditions du Seuil ont proposé au philosophe François Jullien de répondre à l’un de ses détracteurs dans une collection: “Réplique à*** “. La dispute est violente et l’auteur dès la première phrase de sa réponse fait fi de la retenue étoilée de l’éditeur ! La réplique est destinée ! Jean-François Billeter est “à découvert”. A noter que l’astérisque “pipole” ne demande qu’à déchirer le voile qu’il jette !
A peine ai-je terminé cette petite histoire de l’astérisque que je découvre un livre de Daniel Heller-Roazen, qui vient d’être édité par Le Seuil (Collection : La Librairie du XXI ème siècle) : “Echolalies, essai sur l’oubli des langues” ? Un Livre très savant écrit par un Savant linguiste, et…. passionnant ! Pour essayer d’être simple et si possible fidèle on peut dire que la linguistique au XIX ème et au XX ème siècle considère (au fait n’y a-t-il pas de l’astérisque dans ce mot ? ! ) s’agissant de la philologie, de l’étymologie, de l’histoire des langues, de leurs mots et de leur grammaire, que dans toute langue on trouve des traces d’une langue antérieure, mais à l’origine la langue-mère n’existe pas, elle n’a pas de langue antérieure, elle ne peut -être attestée, elle n’est matrice d’une descendance que parce qu’elle a une consistance mais pas d’existence. Si vous apprenez que l’indo-européen a été parlé, signalez-le tout de suite à un savant, vous venez de découvrir un cataclysme, un désastre (!) qui détruit l’édifice de nos langues !! C’est l’astérisque (*) qui désigne, distingue, identifie cette origine, la *langue, et ses descendants, ses issus. Au risque du paradoxe :
“Dans la science moderne de la syntaxe, l’énoncé marqué d’un astérisque confirme, par sa fausseté même, le protocole d’une vérification proprement empirique. En tant qu’énoncé strictement impossible, il contribue à l’établissement des principes qui, de toute nécessité, doivent régir une grammaire. Mais l’impératif scientifique demeure inchangé: il faut en appeler à des formes de langage inexistantes pour expliquer des langues qui, elles, existent bel et bien. Ainsi, l’étoile brille à nouveau. Il semblerait que l’on ne puisse observer le détail d’une langue qu’à la lumière d’une autre, dont les formes, immémoriales ou inconcevables, sont toujours à inventer. Seule la petite étoile permet de naviguer sur les océans d’une langue unique. Repère imaginaire et pourtant lumineux, l’astérisque dissipe par son éclat ces ombres qui ne cessent d’enténébrer une langue, et sans lesquelles aucune ne serait ce qu’elle est.”
Notes :
–1) “écholalie” : répétition automatique de mots prononcés par autrui, relève de la psychologie ; ce terme est utilisé par l’auteur de l’essai, loin de l’acception médicale jusqu’à se fondre avec le concept de langage. “Chaque langue est l’écho de ce babil enfantin dont l’effacement a permis la parole”. Et, quelle promotion pour l’astérisque ! !
-2) “astérisque”: du grec asteriskos “petite étoile”, de l’IE *ster, par le latin, aster.