Dimanche 27 juillet 2008. “ Il faut réécrire un serment généralisé à l’ensemble des sciences. Tous les savants sont placés devant des responsabilités créatrices. Ils le prêteront ou non, selon leur décision libre. Qui l’écrira ouvrira le nouveau millénaire ». Michel Serres, “Atlas”, Flammarion,1996.
Heuristique & Sémiologique
Actu 27/07/08
Consentir à la croisée
Le mathématicien saura mieux le monde et même son propre langage s’il consent à la physique, le physicien connaîtra mieux les choses et même son propre outillage s’il en vient à la technique, le technicien s’il apprend l’artisanat et l’artisan s’il accède à l’oeuvre d’art. Le philosophe grammairien connaîtra mieux la langue et la connaissance et le monde s’il tolère le style et s’ouvre à ses exploits. Inversement on conçoit le progrès de l’artiste quand il se met à l’artisanat, celui de l’artisan se faisant technicien, celui du technicien… et ainsi jusqu’au bout du chemin, vers les mathématiques et la logique. Route double pour le philosophe. Et donc, en complément, le styliste n’écrit même pas sans obéissance préalable à la grammaire, sans logique ni règles de sens, syntaxe ni sémantique. S’il écrit vraiment, il y consent de fait. (Michel Serres,Le Tiers-Instruit, p.123, Folio/essais n°199).
On peut lire aussi “l’esprit scientifique” dans “Le Percolateur”.
Contre les «petits» ! !
Extrait de la Chronique de Jacques Julliard, Nouvel Observateur (Toile et papier) n°2281 du 24 au 30 juillet 2008.
La tragédie yougoslave, désormais en voie de règlement, comporte une leçon générale : c’est que les micronationalismes qui prolifèrent sur toute l’Europe, à la faveur de la liberté et de la prospérité qui y régnent, sont une peste. Loin de moi la pensée de comparer les nationalismes basque, corse, flamand, pour ne citer que ces exemples, avec la criminelle entreprise de Milosevic et consorts. Mais il y a dans tout particularisme, dans tout séparatisme une dénégation implicite de l’universalisme humain. La civilisation, le progrès, en un mot l’humanité a toujours progressé sur la base de ce qui unit les hommes, et non de ce qui les distingue. Je ne vois pas sans inquiétude se développer des régionalismes rivaux, qui n’ont d’européen que l’hypocrite refus de la nation comme partie intégrante et égalitaire de l’humanité. Les grands systèmes philosophiques de l’Occident, le christianisme, le libéralisme, le socialisme sont incompatibles avec le culte imbécile des racines, du faciès, de la couleur de peau, de la secte politique ou religieuse, de la mémoire victimaire. Arrière les bigots, les adorateurs de la petite différence ! Arrière les petits Blancs, les petits Noirs, les petits Jaunes : vous ne charriez avec vous que la haine et la mort….
On peut à ce propos se rendre sur le site “Racines et Culture“ et sur “Altération“ du Percolateur Heuristique.
Notre MER.
Nietzsche parlait des rapports de l’homme avec la Méditerranée comme “d’une foi dans le Sud”. A cette foi, Predag Matvejevitch, pour qui la Méditerranée n’est pas seulement une Géographie, a donné un “Bréviaire méditerranéen”, une “tentative de gai savoir”. Chez Valéry, la référence à la Méditerranée, centrée sur l’Antiquité grecque et romaine, était une réponse au sentiment très profond de déclin de l’Europe qui dominait au lendemain de la première guerre mondiale. Pour Braudel au contraire, la Méditerranée constitue l’une des clefs du dynamisme présent et futur de l’Europe, son regard n’est pas tourné vers le passé, mais vers le présent et vers l’avenir, ainsi que vers le reste du monde, dont elle a été le centre jusqu’à la fin du 15e siècle. C’est dans cette perspective braudellienne que la France a pris l’initiative de réunir dans un projet de paix et de progrès les pays riverains de notre mer commune.
Actu 22/07/08
Mardi 22 juillet 2008. “ Je ne crois pas pouvoir me rappeler joie plus grande, plus complète, que celle d’arriver aux quelques dernières pages et de poser le livre, afin que la fin ne se produise pas avant le lendemain, et de me renfoncer sur l’oreiller avec le sentiment d’avoir bel et bien arrêté le temps.” Alberto Manguel, (Une histoire de la lecture) éditions Babel, Actes Sud).
Daniel Bougnoux, médiologue.
Daniel Bougnoux, philosophe, est professeur émérite à l’université Stendhal de Grenoble-III. Il a enseigné depuis 1973 dans cette université la littérature moderne et contemporaine, avant de se tourner vers les sciences de l’information-communication, discipline dans laquelle il a soutenu en 1988 sa thèse d’État, consacrée à la communication circulaire et aux jeux de l’auto-référence. Récemment Daniel Bouguoux a publié à la Découverte “La Crise de la représentation”. Dans ce livre singulier : pour lui, la crise de la représentation politique ne peut se comprendre sans l’inscrire dans celle, bien plus large, qui affecte depuis plus d’un siècle la notion même de « représentation ». Preuves à l’appui, puisées dans un corpus impressionnant d’œuvres littéraires et artistiques, il montre comment les avant-gardes du XXe siècle ont progressivement sapé les effets de la « mise à distance ». Rappelons que Daniel Bougnoux poursuit une longue collaboration avec Régis Debray, en particulier dans la Revue “Médium“.
Actu 19/07/08
Samedi 19 juillet 2008.“La transmission suppose la traduction, qui comporte à son tour ses propres écueils..Lorsque l’on parle de l’immense effort de transposirion des textes grecs en syriaque, en arabe ou en latin, on est amené à s’interroger sur la qualité de ces versions et sur les inévitables déformations que les passages successifs d’une langue à une autre ont pu faire subir au texte original. Quel texte d’Aristote, d’Euclide ou d’Archimède obtient-on après l’avoir transcrit du grec en syriaque, puis du syriaque en arabe, enfin de l’arabe au latin ?” Sylvain Gouguenheim, “Aristote au Mont Saint Michel “, éditions du Seuil. 2008.