Présentation par l’éditeur (Le Seuil) de “L’herbier des philosophes” de Jean-Marc Drouin qui vient de sortir en librairie..
“Science ” aimable ” et populaire, art d’effeuiller la marguerite, la botanique, devenue partie prenante de la recherche en biologie, a longtemps été le lieu d’affrontement de grandes querelles philosophiques auxquelles prirent part Leibniz et Rousseau, Goethe, Coleridge ou Condorcet. Le système sexuel développé dans la Philosophie botanique de Linné n’offusqua pas seulement la très puritaine Encyclopaedia Britannica, il inspira aussi diverses classifications zoologiques, voire – à Auguste Comte – une classification des sciences au parfum végétal bien marqué. Quant à Charles Darwin, on ne s’étonnera pas de le trouver ici penché sur primevères et orchidées, trouvant dans la botanique quelques idées-forces de sa théorie. Au terme de cette excursion très rousseauiste, on se prend à penser que, s’il n’y eut jamais, comme le disait Kant, de ” Newton du brin d’herbe “, le végétal eut cependant de patients observateurs, de hardis théoriciens et de merveilleux penseurs.”
Il y a plus de vingt ans Miche! Serres prétendait que la botanique serait la reine des sciences, A cette époque, elle permettait en tout cas, à Deleuze et à Guattari {Les mille plateaux) de nous proposer un outil de réflexion intéressant le modèle de “rhizome” qu”ils opposent à celui de l’arbre (LE PERCOLATEUR). La richesse symbolique et métaphorique de la botanique s’impose d’évidence, mais de là, à rivaliser avec les mathématiques ou la physique, comme outil philosophique de création conceptuelle…
On peut aussi toujours dans” le percolateur” lire : Racines et Culture, pour une botanique critique.