La recherche de métaphores dans la nature était une des méthodes préférées de Léonard. Lorsqu’il conçut l’extraordinaire escalier en spirale (double révolution) du château de Blois, il trouva son inspiration dans les coquillages qu’il avait recueillis le long de la côte ligurienne plusieurs années auparavant. Sa conception d’un instrument de musique en forme de tuyau, similaire à la flûte à bec, lui a été inspirée par l’étude du larynx. Plus récemment, Alexander Graham Bell inventa le téléphone en se fondant sur le dessin de l’oreille. Les chardons qui collent aux vêtements quand on se promène en forêt ont donné naissance au Velcro. Quant à l’inventeur de la languette des cannettes en aluminium, il se posa la question suivante: “Qu’est-ce qui, dans la nature, s’ouvre facilement?» L’image d’une banane venant aussitôt à l’esprit il se demanda comment cette banane pouvait lui procurer la solution à son problème.»; A noter que Paul Valéry a trouvé dans la spirale une source inépuisable de réflexion et qu’il a par ailleurs écrit une étude savante et passionnante sur le génie créatif de Léonard de Vinci. Sur l’invention voir l’article “Interferrance” du Percolateur.
Heuristique & Sémiologique
L’art de trouver !
Actu 01/04/09
Mercredi 1er Avril : “Je transforme volontiers ce qu’on nomme la philosophie en un genre de rhétorique particulier, qui a ses figures et ses combinaisons décoratives – mais dans l’abstrait, et sans consentir qu’il en soit ainsi.” Paul Valéry, Cahier 3, 1943. Éditions Fata Morgana. 2006
L’ordre compliqué et autres fragments,
«Le désordre n’existe pas, n’existe que l’ordre compliqué.» C’est à partir de ce simple postulat que Yona Friedman construit une image du monde fondée sur l’harmonie et qui défie les lois habituelles de la physique. L’univers devient alors erratique, l’espace est composé de granules infimes de vide et notre perception de la mosaïque du monde s’attache autant à chacune de ses pierres qu’à l’ensemble qu’elles constituent.
“L’ordre compliqué et autres fragments” se présente comme une nouvelle monadologie, illustrée de dessins au trait et traduite en «bande dessinée» par l’auteur – (L’éclat, 2008)
Yona Friedman est né à Budapest en 1923. Il vit et travaille à Paris depuis 1948. Je l’ai découvert, il y a une trentaine d’années avec un livre auquel je dois beaucoup : “Comment vivre entre les autres sans être esclave et sans être chef” éditions Pauvert, Paris, 1974 ( ce livre est hélas épuisé)
Amin Maalouf dénonce “le venin identitaire”
Chrétien d’Orient, exilé du Liban, mais avant tout laîc et universaliste, l’auteur des “identités meurtrières” dénonce dans son nouvel essai : “Le dérèglement du monde”, le poison du communautarisme. En ces premières années du XXIe siècle, le monde présente de nombreux signes de dérèglement. Dérèglement intellectuel, caractérisé par un déchaînement des affirmations identitaires qui rend difficiles toute coexistence harmonieuse et tout véritable débat. Dérèglement économique et financier, qui entraîne la planète entière dans une zone de turbulences aux conséquences imprévisibles, et qui est lui-même le symptôme d’une perturbation de notre système de valeurs. Dérèglement climatique, qui résulte d’une longue pratique de l’irresponsabilité…
L’humanité aurait-elle atteint son “seuil d’incompétence morale” ? Dans cet essai ample, l’auteur cherche à comprendre comment on en est arrivé là et comment on pourrait s’en sortir. Pour lui, le dérèglement du monde tient moins à une “guerre des civilisations” qu’à l’épuisement simultané de toutes nos civilisations, et notamment des deux ensembles culturels dont il se réclame lui-même, à savoir l’Occident et le Monde arabe. Le premier, peu fidèle à ses propres valeurs ; le second, enfermé dans une impasse historique.
Un diagnostic inquiétant, mais qui débouche sur une note d’espoir : la période tumultueuse où nous entrons pourrait nous amener à élaborer une vision enfin adulte de nos appartenances, de nos croyances, de nos différences, et du destin de la planète qui nous est commune. “Le dérèglement du monde” d’Amin Maalouf est édité chez Grasset. Rappelons que cet essai est écrit en Français et que Amln Maalouf est un excellent Artisan et un Militant convaincu de notre Langue.
Nourritures anarchistes de René Schérer (éd. Hermann 2009)
Il est question ici d’un anarchisme sans attentat, sinon sans bombe ; de celui qui accompagne et inspire la liberté de pensée philosophique. À l’écart du courant moralisateur qui a trop souvent imprégné les mouvements de l’anarchisme institué jusqu’à nous ; pur de tout ressentiment et immoraliste comme le voulaient Nietzsche et Gide.
Eclaté ou explosé en directions diverses, « en miettes » ainsi qu’Italo Calvino a vu l’utopie contemporaine. Car il n’est en rien concentré dans un programme ou une doctrine. Il épouse la multiplicité chatoyante de la vie. Il s’agit d’un anarchisme de ce domestique auquel Charles Fourier a donné la prévalence sur le politique, se nourrissant du sol passionnel dans lequel il plonge. Il n’est plus synonyme de destruction ni de désorganisation ; il n’est plus négatif et réactif, mais affirmatif et créateur.
Il n’est pas non plus borné aux revendications exclusives de l’individu; il ne se conçoit que dans le cadre d’une nouvelle socialité que porte en gestation le monde déchiré d’aujourd’hui.
Ces Nourritures, qui se succèdent sous forme de «menu», viennent alimenter un nouvel anarchisme qui, à l’imitation du prospectus que Charles Fourier adressait en 1808 à ses lecteurs, souhaiterait intéresser tout aussi bien les critiques, les curieux et les voluptueux.
René Schérer, est professeur émérite en philosophie à l’Université de Paris 8 – Vincennes, il honorera de sa présence LYON et le CEDRATS. le 16 Mai 2009. On en reparlera dans Le Percolateur et ailleurs.
Actu 28/03/09
Samedi 28 mars 2009. “L’évolution qui a amené l’humanité de ces premières formes de l’écriture aux ordinateurs connectés par Internet est un aspect central de l’évolution technique sur lequel tout le reste s’appuie”. André Lebeau “L’engrenage technique” NRF Gallimard 2005.
Des langues comme produits naturels.
Considérez les langues ; voyez si elles ne possèdent pas tous les caractères que nous avons reconnus jusqu’ici aux produits de la vie. Elles ont leurs périodes d’enfance, de jeunesse, de virilité, de vieillesse, de décrépitude; et elles ont dû nécessairement avoir, avant l’âge du foetus que nous pouvons observer pour quelques-unes, un état rudimentaire. ou embryonnaire, soustrait à nos observations.
Elle se développent par percolation, par l’élaboration de matériaux adventices, par la fixation progressive de formes primitivement indécises, par la distinction croissante de ce qui était originairement confondu. La forme, c’est-à-dire la structure grammaticale, y persiste comme l’élément essentiel, tandis .qu’elles perdent des matériaux (c’est-à.dire des mots) et en acquièrent d’autres, et que ces matériaux eux-mêmes subissent dans leur constitution et dans leur valeur de continuelles altérations. Quand le système des formes grammaticales est viscéralement atteint et que la langue ne peut plus vivre, les matériaux qui la composaient s’en détachent pour entrer dans la composition d’un autre organisme. Arborescence, développement rhizomatique, semence, greffe, bouture, provignage, pollinisation,,….( Pardon à Messieurs Bouveresse , Sokal et Bricmont mais je me réfère à Cournot, M Mûller et à beaucoup d’autres ! ) voir le percolateur.