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Heuristique & Sémiologique

 

D’oc en oil, jouir de dire oui

Filed under: Verbe,Webzette n° 1 — Author : — 4 Jan 2005 —

D’OC en OIL jouir d’ouïr et de dire « OUI ».

Nous désignons, en France, nos langues originelles par le vocable de l’affirmation : langue d’oïl, langue d’oc. Le Français actuel peut se considérer comme la langue du « OUI ». «Oui » de l’approbation, de l’adhésion, de la connivence, de l’engagement, du consentement… Il n’est pas de véritable négation, celle du refus, de la résistance, qui ne s’étaye logiquement du « oui » de profession et d’attestation.

La tonalité du « oui », bien sûr, n’embrasse pas toute la phonétique française mais il en identifie la musique, comme une clef. Sa demi-aspiration dans la phrase l’isole, le détache malgré sa forme vocalique qui le destinait à être absorbé par la liaison et l’élision consonantiques. Pourquoi ne pas attribuer au mot « oui » et à son expression une dimension symbolique globalisante, voire cosmique à l’instar de Mallarmé qui plaçait en abyme réciproque le jour et la nuit par l’opposition du « ou » sombre au « i » clair, dans la page fameuse de « Crise de vers » ? Pourquoi ne pas jouer de la mimographie et voir dans le « O » et le « I » les atomes graphiques (graphèmes) fondamentaux de l’écriture romane, le rond et la barre ; et le 0 et le 1 de la logique binaire (avec le u symbole opérateur de l’union). Remarquons l’homophonie : oui = ouï = entendu. Ainsi le « oui » par sa forme, sa musique, son enracinement étymologique, ses déclinaisons ludiques caractérise bien notre langue et peut la désigner, qu’elle soit maternelle, adoptée, officielle, seconde, de culture ou de plaisir. Son texte est ourdi par une longue Histoire et se trame de lustre et de préciosité, de rigueur et de précision, de finesse et de géométrie. Dans « L’écriture ou la vie » Jorge Semprun parle de la « concision chatoyante » et de la « sècheresse illuminée » du français.

. La langue du OUI comme fond et fonds de l’humanisme n’a pas à se défendre, elle doit séduire. La francophonie ne doit pas être vécue comme le repli frileux d’identités qui malmènent notre temps, ni comme le refuge nostalgique où s’archivent des valeurs anciennes, ni comme une forme occulte de l’impérialisme colonial, mais avec sa charge d’histoire et de culture, comme patrimoine partagé, comme réalité évolutive, dynamique avec ses réussites et ses échecs, ses perspectives, ses handicaps, ses ambitions, ses potentialités et comme entité transversale des systèmes politiques, économiques, idéologiques et religieux.

La langue française n’est pas (plus) propriété hexagonale. Dans le monde il y a des centaines de millions de francophones et d’étrangers qui adoptent le français comme deuxième langue, des milliers d’écrivains et de poètes qui l’enrichissent ; ils ont leurs mots à dire, écoutons-les. Le « oui » s’augmente à se partager, ce n’est pas là son moindre paradoxe. Dans « Le sentiment de la langue, ed. Champ Vallon » Richard Millet ne croit pas « à une pluralité de langues françaises mais à maints particularismes venant nourrir (parfois sauvagement et heureusement) un tronc commun, un fleuve dérobé aux sabirs et aux académiciens ».

 

 

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Lyon - http://www.lepercolateur.info/ - Date d´édition: 2024-04-18 02:40:43 -

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