Dans ce petit livre Franco Moretti avance de façon totalement hérétique que les chercheurs en littérature devraient arrêter de lire des livres… et bien plutôt commencer à les compter, les cartographier, les intégrer à des graphiques.
Il assure qu’un tel travail pourrait donner un nouveau lustre à un champ bien fatigué, qu’on peut à bien des égards envisager comme “le plus retardé parmi les disciplines académiques”. Les études littéraires, nous dit-il, ont été jusqu’ici livrées au hasard et à une lecture non-systématique. Quelle que soit la période étudiée, les chercheurs se focalisent sur un corpus d’à peine quelques centaines de textes : ce qu’on appelle “le canon”. Ils ont ainsi contribué à faire d’une tout petite partie de l’histoire littéraire sa totalité.
Franco Moretti, lui, préfère constituer des statistiques, des graphiques, des cartes, des arbres, des schémas… et défendre l’idée d’une « lecture à distance » nourrie d’une expérience globale de l’historiographie littéraire, là ou “le canon” disparaît dans un système bien plus vaste.
Répertoriant l’ensemble des genres – l’épistolaire, le gothique, la nouvelle historique… – aussi bien que la production littéraire de pays tels que le Japon, l’Italie, l’Espagne ou le Nigéria, il démontre à quel point l’histoire littéraire n’est pas nécessairement ce que l’on croyait et, partant, comment le concept de forme esthétique peut être radicalement redéfini. Dérangeant ! ! ! ! mais passionnant d’intelligence !
ISBN : 9782350960463, Éditeur : “Les prairies ordinaires”. parution mars 2008.