Par les tenants d’une «philosophie forte», technique, démonstrative, Michel Serres est quelque peu poussé aux marges de la philosophie, vers la littérature ou la «poésie», une philosophie «facile», incantatoire, où la langue, flattée et caressée avec sapience, jouit de se voir si belle en son miroir. En quelques occasions, il en est atteint – par exemple quand, pour enseigner l’épistémologie et l’histoire des sciences, il est accueilli par le département d’histoire de Paris-I, et non celui de philosophie. Aujourd’hui, à près de 80 ans, il en rit. Il a une notoriété, un large public. en vérité…. “Libération”, ce jour jeudi 30 Avril , dans ses pages “livres” en consacre deux à l’évènement de la publication de son dernier ouvrage : ” Écrivains, savants et philosophes font le tour du monde”. “ Voir l’article sur le Percolateur mis en ligne hier “
Ce site en annexe du “percolateur” ne prétend à l’exhaustivité, ni à l’autorité mais simplement à une curiosité vagabonde dans cette “bribiothèque” de notre époque, ces “bouts écrits”, ces fragments, ces éclats de Vérité voire ces coups de gueule. Kaléidoscope ou Patchwork. Du tabulaire forcément lacunaire.
April 2009
les titres
Entre mers et Serres
Webd'azard
Utopie comme système clos.
Une utopie est un système, clos sans doute, donc une île, un monastère, un hôpital, une prison, une usine, une école, bref un ensemble d’éléments liés par une loi de solidarité et aussi par leur solitude. Singularité et totalité, unité et unicité: l’utopie, symétrique inverse du mythe, promène dans son paradoxe des synthèses impossibles et de l’idéalisme radical, la lumière blanche de sa transparence et de son uchronie. Comment s’étonner alors que le réseau devienne l’oeil de Big Brother, le langage inversé de Nowhere, la police stalinienne ou ce remède universel, physique ou mental, si performant qu’il se détruit lui-même puisqu’il peut tout guérir? Comme Robinson qui construit des palissades sur son île pour mieux se protéger de sa solitude, l’utopie, sous ses modes les plus forts, touche aux questions philosophiques et littéraires fondamentales d’une culture à laquelle Thomas More, Campanella, G. Bruno et bien d’autres ont dû payer le tribut de leur radicalité.
L’Amour des langues
Personne n’est indifférent aux langues humaines, dont l’apparition, aux aurores de notre espèce, est ce qui a permis à ses membres de nouer des relations sociales qu’aucune autre espèce animale ne connaît. Ceux et celles qui n’aiment pas les langues, parce que la difficulté d’apprendre certaines d’entre elles les rebute, trouveront dans ce Dictionnaire, sinon des raisons de les aimer, du moins assez de matière pour rester étonnés devant tout ce que les langues nous permettent de faire, de dire, et de comprendre sur notre nature. Partout apparaît avec éclat l’ingéniosité infinie des populations humaines, confrontées au défi de dire le monde avec des moyens très limités.
« Comme tout dictionnaire, celui-ci ne requiert pas de lecture d’un bout à l’autre : il est inspiré par l’amour des langues, qui est peut-être un des aspects de l’amour des gens. ». Dictionnaire amoureux des Langues, Claude Hagége, Plon-Odile Jacob. Avril 2009
“Utopies nomades” de René Schérer
“Nomades” ce mot est, pour une grande part, inspiré par l’usage qu’en fait Gilles Deleuze dans Logique du sens où il qualifie les significations multiples dispersées dans l’univers et dans l’esprit sans qu’il soit légitime ni possible de leur conférer une même origine, une unique source, de les faire dépendre de la transcendance d’un principe. Elles sont immanentes au cours même de la vie, de toutes les vies foisonnantes dont elles expriment, à chaque fois, en chaque point, les singularités. Une « distribution nomade des singularités ».
Il nous a paru que l’utopie, elle aussi, circule et se distribue nomadiquement, surgissant, toujours singulière, à propos de tel ou tel problème, en tel ou tel point.
L’utopie est nomade dans son déploiement et en son sens, avant même de concerner les déplacements humains du nomadisme proprement dit de l’être humain en son errance.”
Extrait de “Utopies nomades” de René Schérer, éditions : “Les Presses du Réel”. 2009
Les dollars de l’art.
Nourritures anarchistes de René SCHÉRER (éd. Hermann)
Cet anarchisme explosé, c’est celui qui inspire la liberté de pensée philosophique. Et en premier lieu le conflit entre jugement et justice, par lequel s’ouvre le livre. René Schérer y critique la prolifération cancéreuse d’un droit qui se prétend transcendant, l’angoisse du légiste “semblable à celle du promoteur immobilier devant une plage déserte”. Il évoque la tragédie qui dénonce l’ambiguité du langage, notamment celui de la logique binaire, “coupable ou non coupable absolument” . A l’opposé du nihilisme ambiant, il propose de “penser ensemble la séduction et le désir, désir conçu comme productif au sens deleuzien.
Et, en effet, nous retrouvons Deleuze, aussi bien dans un débat avec cet autre philosophe, Alain Badiou, qu’à propos de celui sur le rapport entre anarchisme et ontologie, que Daniel Colson a réouvert dans les milieux libertaires. Car il ne s’agit pas de pures spéculations mais de questions toujours actuelles, comme le montrent les réflexions d’u Noam Chomsky ou les discours au sujet de l’écologie.
Les débats sont parfois ardus, mais ils se déroulent dans un environnement des plus agréables. La lecture nous offre des compagnons de route tels que La Boétie, Péguy et, pourquoi pas ? Don Quichotte, le chevalier à la triste figure. Les citations sont inattendues comme autant de fleurs qui s’ouvrent dans la rosée du matin. Des lettres viennent se mêler au discours : bref, loin de la philosophie pontifiante, René Schérer persévère dans ce périlleux exercice qui consiste à “parler en son propre nom” .
René Schérer sera au CÉDRATS à Lyon le 16 mai 2009.
Merci à Édouard Glissant.
Par la pensée de l’errance nous refusons les racines uniques et qui tuent autour d’elles: la pensée de l’errance est celle des enracinements solidaires et des racines en rhizome. Contre les maladies de l’identité racine unique, elle est et reste le conducteur infini de l’identité relation. L’errance est le lieu de la répétition, quand celle-ci aménage les infimes (infinies) variations qui chaque fois distinguent cette même répétition comme un moment de la connaissance. Les poètes et les conteurs se donnent instinctivement à cet art délicat du listage (par variations accumulées), qui nous fait voir que la répétition n’est pas un inutile doublement…
SI l’errance est ainsi constitutive de Relation, elle a affaire avec la philosophie, avec la philosophie de la Relation, qui serait non seulement un art de l’errance mais à la lettre une philosophie errante, dont les pôles et les points d’échange se déplaceraient sans cesse….
Extrait du dernier ouvrage d’ Édouard Glissant : “Philosophie de la relation” NRF, Gallimard, mars 2009.
Soi parmi les autres ou l’idiorrythmie selon Barthes
Ne déçoit pas qui veut. Dieu lui-même ne saurait revendiquer la toute-puissance en ce domaine. C’est toutefois à chaque fois qu’il a déçu qu’il a le plus donné à penser. Roland Barthes, on s’en convaincra par la lecture de ces notes de cours du Collège de France : Comment vivre ensemble comme par celle de ses ouvrages, ne suit pas la pente facile d’une pensée fluide, déployant méthodiquement, par son ordre scolaire et ses fausses clartés, l’illusion du savoir vrai, universel, impersonnel et anonyme. Il décevra donc les attentes de plus d’un lecteur. Déception salutaire pour le travail de la pensée. Et tout particulièrement quand il s’agit de réfléchir sur le Vivre Ensemble, thème qui concentre et précipite les utopies, les mystifications et les constructions idéologiques. Faire valoir ascèse et rigueur dans l’examen des formes de cohabitation possibles avec l’autre, c’est là, sans doute, toute l’ambition d’un orateur qui explore son sujet depuis les exigences intérieures qui le travaillent. Ainsi découvre-t-il, au détour d’une pérégrination intellectuelle autour des pratiques monacales du mont Athos, le mot qui lui permet de donner corps à l’idée, au fantasme qui l’habite, d’une proximité à l’autre qui ne soit pas distance d’avec soi-même (idiorrythmie). La richesse de son cheminement et tout le poids de son effet de vérité, Barthes les doit à l’enracinement littéraire de son propos. Du haut de sa chaire du Collège de France, il ne prêche, ne professe ni ne prophétise mais plonge dans notre culture pour faire remonter à sa surface les multiples manières dont la question du lien à l’autre y opère en-deçà des discours savants et rationalisants.
Ces “Cours et séminaires” au “Collège de France” furent édités en 2002 par les Éditions du Seuil.
Des chercheurs du Cnrs ont mis au point une méthode pour fabriquer de l’hydrogène en obtenant des rendements élevés
Le recours à l’hydrogène comme vecteur énergétique propre est l’une des solutions pour répondre aux actuels défis énergétiques. Afin de produire ce carburant du futur, l’électrolyse de l’eau figure parmi les filières “écologiques” les plus prometteuses.
Le principal écueil de cette méthode est son rendement. Soucieux d’optimiser cette technique, des chercheurs du CNRS sont parvenus, pour la première fois, à produire de l’hydrogène en quantité notable par une nouvelle méthode. Leur technologie innovante, protégée par un brevet aujourd’hui rendu public, pourrait dans un avenir proche être développée à grande échelle et permettre d’obtenir de l’hydrogène, à moindre coût et surtout, sans émission de gaz à effet de serre.
Pour obtenir de l’hydrogène par électrolyse de l’eau avec un meilleur rendement, il faut chauffer : deux voies sont alors possibles. La première plus “traditionnelle” utilise la conduction par ions O2 et la seconde s’appuie sur la circulation des protons (ions H+). Principal avantage de la voie protonique : elle requiert des températures plus faibles, de l’ordre de 600°C. À de telles températures, une bonne conductivité des protons peut être envisagée, tout en utilisant des matériaux peu onéreux et fiables. C’est pourquoi les scientifiques ont choisi d’explorer et d’optimiser cette voie.
De plus, cette nouvelle technologie abaisse de près de 200°C la température de fonctionnement. Ce résultat, prometteur et capital pour l’avenir économique de la filière hydrogène, laisse espérer le développement de technologies rentables et économiques. Même si avant de produire de l’hydrogène massivement et à bas coût, des efforts sont encore nécessaires. Un travail de perfectionnement du dispositif est d’ores et déjà envisagé.
Sciences-et-Avenir 08/04/2009
La part incompressible de risque que recèle l’humaine condition.
La terre n’est pas une mère. Au mieux une marâtre. Les tremblements de terre, comme les tsunamis qui en sont la conséquence marine, viennent nous rappeler cette vérité cruelle. Ce sont des malheurs qui n’ont pas de sens. On ne saurait les imputer aux hommes, bien incapables de les prévoir ou de s’en prémunir vraiment, et seuls les croyants extrêmes les attribuent à Dieu ou au diable. Ils procèdent seulement d’une fatalité impassible. Cette absurdité même suscite deux remarques très contemporaines. Si la nature est une victime qui doit être justement secourue, elle est aussi et surtout une entité inhumaine que nous habitons par effraction, à force d’ingéniosité et de lutte. Dans sa philosophique indifférence aux hommes, elle est d’abord, comme la mer, une force hostile. Il faut la protéger, mais il faut aussi s’en protéger. Elle ne saurait donc, à rebours d’une certaine religiosité écologique, servir de divinité de rechange, qui serait la source d’une nouvelle morale.
Aussi bien l’événement amende une autre prescription d’aujourd’hui : le principe de précaution, qu’on veut étendre sans cesse à toute chose. La précaution consisterait, en l’espèce, à faire évacuer tout de suite les villes les plus menacées ou, à tout le moins, à se lancer dans de dispendieux efforts de sécurité sismique. Ces efforts sont utiles mais ils trouvent leur limite : faut-il évacuer Nice ou Los Angeles ou encore les reconstruire ? Cette priorité terrible mais inévitable nous ramène seulement à la part incompressible de risque que recèle l’humaine condition
Extrait de l’éditorial de Laurent Joffrin dans Libération de ce Mardi 7 Avril 2009.
Solaire minimum (non garanti)
Le signe de cette activité minimale est l’absence de taches sur le Soleil. En 2008 aucune tache n’a été observée pendant 266 jours, un record inégalé depuis 50 ans. Il faut remonter à l’année 1913, avec 311 jours sans une tache solaire, pour trouver un minimum solaire encore plus… minimal, commentent Dean Pesnell (Goddard Space Flight Center) et ses collègues de la Nasa.
De fait l’activité du Soleil varie en fonction de cycles qui durent en moyenne 11 ans, marqués par des phases d’activités intenses (maximums) et d’autres très calmes (minimums). L’une des manifestations de cette activité sont les taches sombres –liées aux champs magnétiques solaires : plus il y a de taches visibles à la surface de l’étoile, plus son activité est importante.
A l’heure actuelle le Soleil se trouve dans une phase calme de son cycle. Pour autant les chercheurs n’avaient jamais observé un aussi grand calme. Le rayonnement solaire a diminué de 0,02% dans la lumière visible, de 6% dans certaines longueurs d’ondes. Avec 78 jours sans taches sur 90 écoulés, l’année 2009 s’annonce elle aussi en service minimum.
NOUVELOBS.COM (02.04.2009) et Sciences-et-Avenir.com (02/04/09)
L’intelligence a des mots qui peuvent donner espoir, s’ils s’adressent à l’intelligence !.
…. Nous sommes obligés de constater aujourd’hui, messieurs les patrons, que les plus grands d’entre vous n’ont rien compris. Ils ont spéculé sur une expansion perpétuelle qui permettait une pure et simple stratégie d’intérêt. Le tout avec des compétitions sauvages, une valorisation des superprofits, des bonus, des stock-options et des parachutes dorés. Le capitalisme a ainsi cessé d’être économique pour devenir avant tout financier, et il a donc perdu sa fameuse capacité d’autorégulation. Il faut s’empresser de revenir à l’Etat. Je simplifie? C’est possible. Pour le moment, grâce à l’épargne, à la natalité, à l’euro et à la protection sociale, le caractère dévastateur de la crise est encore plus ou moins freiné. Mais il est déjà suffisamment grave pour nous ramener plusieurs décennies en arrière et susciter des réactions extrêmes dont il ne faudrait pas qu’elles nous renvoient à cette idéologie exclusivement étatiste dont nous avions eu tant de mal à nous délivrer.
Extrait de l’éditorial de Jean Daniel dans le NO du 2-8 Avriil 2009.
L’art de trouver !
La recherche de métaphores dans la nature était une des méthodes préférées de Léonard. Lorsqu’il conçut l’extraordinaire escalier en spirale (double révolution) du château de Blois, il trouva son inspiration dans les coquillages qu’il avait recueillis le long de la côte ligurienne plusieurs années auparavant. Sa conception d’un instrument de musique en forme de tuyau, similaire à la flûte à bec, lui a été inspirée par l’étude du larynx. Plus récemment, Alexander Graham Bell inventa le téléphone en se fondant sur le dessin de l’oreille. Les chardons qui collent aux vêtements quand on se promène en forêt ont donné naissance au Velcro. Quant à l’inventeur de la languette des cannettes en aluminium, il se posa la question suivante: “Qu’est-ce qui, dans la nature, s’ouvre facilement?» L’image d’une banane venant aussitôt à l’esprit il se demanda comment cette banane pouvait lui procurer la solution à son problème.»; A noter que Paul Valéry a trouvé dans la spirale une source inépuisable de réflexion et qu’il a par ailleurs écrit une étude savante et passionnante sur le génie créatif de Léonard de Vinci. Sur l’invention voir l’article “Interferrance” du Percolateur.
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