Oui, Mais Heureux.
J’ai rencontré un homme heureux…et il m’a laissé ce sourire en souvenir.
Son bonheur ne tenait à pas grand-chose.
Vous savez ces petits riens tout simple qui nous font tant plaisir ?
Et bien, un moment qu’il rappelle à chaque instant, c’est sa vie…
Regardez (x)…vous avez « entenvu » ? Non, je n’ai rien fait de spécial (x)…, et pourtant vous vous souviendrez de ce claquement de doigts volants.
Cet homme cultivait ces instants de bonheur. Ils lui en poussaient pleins la tête. Ils fleurissaient, et un beau jour, ils éclataient le long de sa nuque, frissonnaient entre ses deux omoplates, filent-et-fusaient dans ses bras-coudes-mains-bouts-des-doigts et (x) se métamorphosaient en papillonnants dans le vent passant.
Juste devant ! Là ! Hop ! (x) Un instant !
Les instants de cet homme voletaient parfois au gré de leurs inspirations, mais il ne les laissait jamais échapper, des fois qu’ils disparaissent ou se perdent dans l’inattention.
Ecoutez, cela vaut le coup d’œil (x)………………………………………………
………………………………Attrapez-le, cela se prête à volonté…(x)……..
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Cet homme, je l’ai connu dans ses dernières heures, lui qui aimait tant les dernières heures, celles de la nuit, celles du jour, celles qui durent toujours…
Vous savez, beaucoup trop de gens sont trop fiers et trop sûrs de ce qu’ils connaissent.
Ce qui change un tant soit peu leur ordinaire les surprend tellement (x) qu’ils emploient leurs idées à se construire des remparts. Quiconque y entre n’a plus l’occasion d’en sortir, et surtout pas le propriétaire.
Donc, ces personnes voulant se défendre contre cette arme inoffensive qu’était cet homme heureux, ont décrété que ce comportement (x) ne pouvait être que l’œuvre d’un fou.
Et vous aimeriez peut-être me demander : « Mais qu’est-ce qu’un fou ? »… Demandez-leur, à ces personnes…Nous devenons tous fous derrière nos remparts.
Même des « spécialistes » du comportement heureux ont essayé. Ils ont dit :
« Il est fou hou hou ! C’est normal ! Il n’y a qu’une seule et unique solution pour qu’il redevienne malheureux…heu…comme tout le monde ! Une seule et une unique solution :
IN TER DIC TION !!!!!!!!! »
Ils ont réussi. Je l’ai vu, cet homme, à travers les meurtrières de mes remparts.
Il était là, attaché et bâillonné, les mains dans le dos d’une chaise. Aucun des deux ne bougeaient. Il est mort après que j’ai lu dans ses yeux la folie du désespoir de voir ses instants fanés pour l’éternité.
Ses mains étaient simplement attachées.
(x) : sifflement d’oiseau, celui qu’on peut faire.
Chacun trouvera dans ce texte, je l’espère, le désir de s’attarder, un peu, chaque jour, sur une beauté insignifiante de la vie.
Cet homme a su entretenir son étonnement d’enfant, sa curiosité enjouée et des manières simples et gratuites de se combler de joie, offertes sans compter par la nature et ses beautés.
Le bonheur est affaire de chaque jour, fait d’une multitude de petits bonheurs et non d’une grande fortune ni d’une grande gloire. La joie est si éphémère qu’on ne peut se contenter d’une seule grande, trop longue à acquérir et si vite passée qu’on en est déjà lassée.
Notre nez aveugle ce qui est sous nos yeux. Souvent il s’y trouvait ce dont nous avions réellement besoin, et rien d’extraordinaire de plus qu’un petit brin de vie.
Florent TURPIN