…Il a le cerveau en feu, le manager, quand son esprit divague ainsi et fait des aller-retours entre les vices et les vertus de l’ordre et du désordre. Mais comment peut-il faire pour expliquer à ses équipes qu’elles doivent respecter les règles jusqu’à la moindre virgule quand lui-même est convaincu que le désordre de son bureau l’oblige à une veille permanente et salutaire ?
Comment peut il convaincre ces collaborateurs de s’engager sur des méthodes reconnues et efficaces basées sur l’ordre et le rangement (5S en milieu industriel par exemple), en ayant la crainte permanente d’appauvrir le potentiel créatif de son organisation ?
Comment peut-il promouvoir ces méthodes, véritables chemins tracés sans ignorer la richesse des voies détournées ?
Pourquoi ne rien laisser au hasard alors que le hasard est source de progrès, de nouveauté, d’évolution ?
Il se souvient, le manager, de ses lointains cours de mécanique des fluides où le professeur faisait remarquer avec malice que le régime turbulent est beaucoup plus efficace dans les échanges thermiques avec l’extérieur que le pauvre régime laminaire…
Le manager doit mettre en place une organisation apprenante, culturellement tournée vers le changement, capable d’auto-organisation. Il doit en être le régulateur, pas l’ordonnateur.
L’ordre c’est la contrainte, les directives, la hiérarchie, la routine, l’ennui, l’inertie, le contrôle, la certitude, les normes et finalement l’assoupissement.
Le désordre c’est la rapidité, les turbulences, la nouveauté, le changement, l’imprévu, le renouvellement, les risques, le doute, l’autonomie, la liberté, et finalement le progrès.
Opposer ces deux notions est stérile, le manager vient de réaliser que son rôle est de gérer ce mélange subtil d’ordre et de désordre, mélange qu’on appelle complexité…
Le manager sourit, le triste état de son bureau lui a encore inspiré des idées nouvelles…
Rédigé le 03/11/2007 à 17:35 dans Le management.
Extrait du site du Manager “L’INDÉLOCALISABLE”