La langue fuyante.
Dans son livre, “Echolalies, essai sur l’oubli des langues” (Seuil, 2007) Daniel Heller-Roazen, en une quinzaine de textes, savants mais d’une lecture très agréable, nous propose une étude sur le le début et la fin indiscernables des langues dont l’évolution et les variations sont continuelles. A preuve sa référence à Montaigne et à la langue fuyante de ses “Essais” :
“J’ escris mon livre à peu d’hommes et à peu d’années”, note-t-il dans ” De la Vanité“. «Si c’eust esté une matiere de durée, il l’eust fallu commettre à un langage plus ferme. Selon la variation cçntinuelle qui a suivy le nostre jusques à. cette heure, qui peut esperer que sa forme presente soit en usage, d’icy à cinquante ans ? Il s’escoule tous les jours de nos mains et depuis que je vis s’est alteré de moitié. Nous disons qu’il est à cette heure parfaite. Autant en dict du sien chaque siecle. Je n’ay garde de l’en tenir là tant qu’il fuira et se difformera comme il faict »