Dimanche 27 avril 2008.”Écrire pour le lecteur intelligent. Pour celui pour qui ni l’emphase, ni le ton n’en imposent. Pour celui qui va : vivre votre idée ou la détruire ou la rejeter; pour celui à qui vous donnez le pouvoir suprême sur elle; et celui qui possède celui de sauter, de passer,…de ne pas épouser votre intention”. Paul Valéry, “Les Cahiers” La Pléiade.
Heuristique & Sémiologique
Dimanche 27/04/08
Polémique sur «les racines de l’Europe».
Dans son édition du 4 avril, sous le titre “Et si l’Europe ne devait pas ses savoirs à l’islam ?”, “Le Monde des livres” publiait le compte rendu d’un ouvrage de Sylvain Gouguenheim, professeur d’histoire médiévale à l’Ecole normale supérieure de Lyon, “Aristote au Mont-Saint-Michel, les racines grecques de l’Europe chrétienne”. Une polémique “sur les racines de l’Europe” est née, accusant l’auteur d’être anti-islamique. «On me prête des intentions que je n’ai pas. Pour écrire ce livre, j’ai utilisé des dizaines d’articles de spécialistes très divers. Mon enquête porte sur un point précis : les différents canaux par lesquels le savoir grec a été conservé et retrouvé par les gens du Moyen Age. Je ne nie pas du tout l’existence de la transmission arabe, mais je souligne à côté d’elle l’existence d’une filière directe de traductions du grec au latin, dont le Mont-Saint-Michel a été le centre au début du XIIe siècle, grâce à Jacques de Venise. Je ne nie pas non plus la reprise dans le monde arabo-musulman de nombreux éléments de la culture ou du savoir grecs. J’explique simplement qu’il n’y a sans doute pas eu d’influence d’Aristote et de sa pensée dans les secteurs précis de la politique et du droit ; du moins du VIIIe au XIIe siècles. Ce n’est en aucun cas une critique de la civilisation arabo-musulmane…»
Actu 23/04/08
Mercredi 23 Avril 2008.” Nous entendons par Science comparée l’élargissement des spécialités à toutes les disciplines connexes, puis par le rapprochement de ces spécialités et de leur ensemble à la philosophie générale… Il n’est ni sage, ni fécond de s’enfermer dans une spécialité déterminée…c’est se poser des œillères” A.-D. Sertillanges : “La vie intellectuelle” . Éditions Desclée & cie. 1934, puis 1944.
Incrémentation.
M. Teste est un homme qui a bien employé son temps : « J’ai fini par croire que M. Teste était arrivé à découvrir des lois de l’esprit que nous ignorons. Sûrement, il avait dû consacrer des années à cette recherche: plus sûrement, des années encore, et beaucoup d’autres années avaient été disposées pour mûrir ses inventions et pour en faire ses instincts. Trouver n’est rien. Le difficile est de s’ajouter ce que l’on trouve. »
Tel était bien sans doute le programme ambitieux que s’était assigné Valéry lui-même à l’époque où il rédigeait cette fameuse “Soirée avec Monsieur Teste”. Une belle définition de la Culture, comme développement.
Épiphanie.
Pendant un quart de siècle Paul Valéry a pris des notes sur tous les problèmes qui le préoccupaient, la philosophie, les sciences et l’art se détachent particulièrement au cours de ces recherches instantanées.
Chacun de ces textes contient à l’état d’aphorismes, de formules, de fragments, d’éclats ou de propos, voire de boutades, maintes remarques, réflexions ou impressions venues à l’esprit, çà et là, le long d’une vie, et qui ont été notées en marge de quelque travail ou à l’occasion de tel incident dont le choc, tout à coup illumina une vérité soudain révélée, comme native. ÉPIPHANIE. De ces aphorismes et textes brefs se dégage une pensée d’une rigueur exemplaire et qui propose une méthode d’investigation d’une rare acuité.
Valéry épistémologiste constructiviste.
En s’attachant à dégager les méthodes cognitives mises en oeuvre par Léonard de Vinci pour «construire» les connaissances enseignables dont ses Carnets nous montrent souvent la genèse par l’interaction des croquis et des textes, P. Valéry rédigera peut-être une sorte de «manifeste» des épistémologies constructivistes contemporaines : des modes alternatifs de définition et de production de connaissances enseignables sont à la fois possibles et . effectifs, souvent même efficaces en terme d’économie cognitive. Dès lors l’exclusivité que l’épistémologie institutionnelle accordait au cartésiano-positivisme-réalisme, n’est plus d’une évidente nécessité. Elle sera au mieux un primat culturel contingent. On ne sera pas surpris par le peu d’intérêt que les académies et l’enseignement scientifique portèrent dès lors pendant près d’un siècle à l’oeuvre d’un penseur qui suggérait des questions aussi incongrues. «Comment se fait-il, interrogera en 1983 le mathématicien J. Dieudonné, que des hommes comme M. Prigogine, comme moi-même, nous n’ayons jamais eu connaissance de cette étonnante richesse de la pensée de Valéry et que nous ayons pu pendant des années et jusqu’à un âge très avancé de notre vie, le considérer, en somme, comme un excellent écrivain et rien de plus?» cf « Les épistémologies constructivistes». J.L. Le Moigne Q.S.J. ?
Pas de confusion !
PERTINENCE,
1- Qualité de ce qui est adapté exactement à l’objet dont il s’agit. Rapport entre le fait qu’il s’agit de prouver et la preuve offerte.
2.-Qualité de celui ou de ce qui fait preuve de bon sens, d’à-propos, de justesse. Synon. compétence, sagacité.
COHÉRENCE,
1 – En parlant des molécules d’un corps, des éléments d’un tout. Liaison étroite, adhérence mutuelle. Synon. agrégation, connexion. .
2 – En parlant des parties d’un tout ou de ce tout lui-même, une pensée, un discours, une théorie, un ouvrage, etc.Harmonie, rapport logique, absence de contradiction dans l’enchaînement des parties de ce tout. Synon. logique, harmonie, unité, vraisemblance. (Empr. au lat. cohaerentia « connexion, cohésion »).
Un propos peut être pertinent quant à son objet, son projet et incohérent dans sa tenue, son exposé.