L’ouvrage “Aristote au Mont Saint Michel” est l’objet d’une condamnation sans appel de l’Université. Les feux de l’autodafé s’allument ! !
Il est rare qu’une recension fasse scandale. Surtout dans le monde discret des chercheurs en histoire médiévale. La publication, il y a quelques semaines, dans un grand quotidien national, d’une critique dithyrambique d’Aristote au Mont Saint-Michel. Les racines grecques de l’Europe chrétienne de Sylvain Gouguenheim, a pourtant mis le feu au poudre. L’ouvrage a pour but premier de réviser et de minorer l’apport de la culture islamique à l’Occident médiéval, notamment concernant la question de la transmission des textes grecs. La communauté des historiens réagit vigoureusement à ce livre polémique. À l’heure actuelle, une pétition condamnant le livre est signée par des centaines d’entre eux, et les tribunes se succèdent dans les journaux….( extrait de ‘La REVUE Internationale des LIVRES & des idées”)
Ce qui nous étonne, nous, lecteurs, questionneurs, avides de débats intelligents et sérieux, c’est la violence de l’attaque, où est la “dispute” sereine, la”querelle des idées.? Déception.
Heuristique & Sémiologique
Inquisition ! ou l’échec des savants.
Philosophie française et culture scientifique
Extrait d’un entretien du philosophe Jean-Pierre Dupuy avec la revue “Esprit”, 2007.”La philosophie politique française est pour l’essentiel restée étrangère à cette mutation de l’action. Depuis Sartre au moins, le bon intellectuel hexagonal non seulement ne connaît rien à la physique ni à la chimie, est parfaitement ignorant des principes de fonctionnement d’une centrale nucléaire ou d’un ordinateur, ne comprend rien à la théorie économique, mais il ne lui déplaît pas de s’en vanter ! Cette inculture crasse le condamne désormais à l’impuissance. Toutes les questions qui font aujourd’hui les gros titres du débat intellectuel et politique doivent être posées et traitées à nouveaux frais, dans le cadre d’une philosophie morale et politique qui donne à la nature et à la technique une place centrale.” Et pourtant le technologisme pourrait bien être un Humanisme ! ? Nous avons dans ces colonnes évoqué cette question de l’arbitraire de la séparation, avec Michel Serres : “Nos institutions n’ont pas su prendre et comprendre ce tournant. À partir du Moyen Âge, la philosophie universitaire s’est divisée en deux camps: celui de la tradition et celui de la raison. L’université américaine a choisi la raison, l’université européenne a préféré la tradition. L’université a créé l’étrange catégorie d’ignorant cultivé.”
Le cahier de Vacances Philo.
Partir en vacances avec Socrate, Descartes, Nietzsche et les autres ?
Un must estival !
Exercice d’assouplissement mental façon “cogito” au lever ; conversation maïeutique ou dialectique au déjeuner ; philo politique, morale ou esthétique après la sieste ; plus quelques quizz, QCM, exercices épistémologiques ou métaphysiques, le soir venu, à l’heure de l’apéro…
Lycéens ou retraités, ce cahier de vacances vous permettra d’apprendre, de réviser et au besoin… d’épater.
Auteurs : Sophie Fromager, Patricia Laporte. Èditions du CNRS.
“Œuvres de Claude Lévi-Strauss” à la Bibliothèque de “La Pléiade”
Alliant le classicisme du style et la modernité de la méthode, l’œuvre de Claude Lévi-Strauss est à la fois pensée du monde, expérience de soi, et expérience sur soi. « Pourquoi et comment devient-on ethnologue ? » « Qu’est-ce qu’un style ? » « Que peut-il y avoir de commun entre un oiseau – l’Engoulevent –, l’art de la poterie, et la jalousie conjugale ? » En quoi la mythologie indienne a-t-elle favorisé la conquête de l’Amérique par l’homme blanc ?… Questions surprenantes, mais qui sont pourtant à la source des enquêtes menées par Lévi-Strauss. Le ton est donné. dirait-on, si de telles catégories pouvaient rendre compte de la singularité de son propos. Son œuvre relève à la fois de la science et de la littérature, chez Lévi-Strauss, le cloisonnement n’est pas de mise, et le penseur fait « flèche de tout bois ». Ainsi le souvenir d’un tableau de la Renaissance sert-il de point de départ à une théorie de la structuration du sensible. Ainsi peut-on retrouver Totem et tabou dans un mythe jivaro. Ainsi la métaphysique bororo éclaire-t-elle d’un jour nouveau la figure de notre Père Noël. Lévi-Strauss est à la recherche de correspondances , au sens baudelairien du terme, entre l’esprit et sa manifestation matérielle. Il met en scène les affinités qu’il perçoit entre les différents objets, le fil caché qui les relie. (Présentation de Gallimard)
Actu 21/05/08
Mercredi 21 mai 2008. ” Il faut attacher du prix à tout ce qui nous sépare, et qui n’est pas odieux. Quel «dialogue des cultures» pourrait-il exister sans le maintien entre elles d’un jeu minimal de différences, à défaut de quoi il n’y aurait plus échange, mais ankylose, monologue et atonie ? Nous devons rendre grâce aux écarts différentiels” . Régis Debray, “Un mythe contemporain : le dialogue des civilisations.” CNRS éditions, Août 2007.
Actu 18/05/08
Dimanche 18 mai 2008. “La réceptivité du penseur systématique, de l’artiste, du mathématicien s’expose et s’applique à un creuset d’instigations naissantes, d’élans qui donnent le déclic tout en demeurant partiellement conscients. Sa perception se distingue par une finesse d’audition, un diapason parfait extraordinaire face à l’avènement de relations, de formes et de potentialités exécutives.” George Steiner, “Grammaire de la création”, NRF essais, Gallimard, mars 2001.
Capital cognitif.
Pourquoi parlons-nous actuellement de capitalisme cognitif ? Parfois j’ai l’impression que l’association de ces deux mots présente le caractère blasphématoire de l’amalgame contre nature de la connaissance, de la noblesse de l’intelligence et de l’argent, vous savez de cet argent qui salit tout ! En fait je crois qu’il y a dans ce rapprochement un aspect métaphorique et linguistique important : à l’instar du capital les savoirs s’échangent, se transmettent, s’acquièrent, se valorisent …Il faut aussi constater que la relation relève du systémique. Le lien entre économie et connaissance n’est pas une nouveauté. Il existe, et il pèse lourd depuis qu’avec la révolution industrielle, la production a commencé à utiliser les machines (c’est-à-dire, la science et la technologie incorporées dans les machines) puis, avec Taylor, à organiser scientifiquement le travail. Toute l’histoire du capitalisme industriel, pendant ses deux siècles d’existence, est l’histoire de l’extension progressive des capacités de prévision, de programmation et de calcul des comportements économiques et sociaux à travers l’utilisation de la connaissance. Le « moteur » de l’accumulation du capital a été mis au point par le positivisme scientifique qui a recueilli, au siècle dernier, l’héritage des Lumières, et qui a inscrit le savoir dans la reproductibilité. La connaissance a été mise au service de la production en tant que connaissance déterminante, susceptible de calculer, imaginer, sentir, communiquer bien au-delà des limites de l’utilitarisme, de contrôler la nature à travers la technique et les hommes à travers l’organisation.