La philosophie ? Le mot, déjà, inquiète, et la chose, pour autant qu’on en ait l’expérience, ne rassure pas. À considérer l’histoire des vingt-cinq siècles de philosophie qui sont derrière nous, la philosophie apparaît comme un foisonnement, un buissonnement touffu dont les rameaux s’emmêlent, poussant chacun vers un peu plus de lumière. Il ne s’agit pas d’une progression de la pensée, siècle après siècle, vers la Vérité absolue. Les philosophes ne s’entendent pas très bien entre eux…Mais leurs désaccords ne sont pas plus surprenants qu’ils ne sont nouveaux : ils tiennent en effet à l’essence même de la démarche philosophique. Un philosophe est quelqu’un qui veut comprendre tout ce qui, au départ, lui posait problème : le monde, la nature, l’homme, les dieux…Et chacun, partant de son expérience personnelle, arrive par un raisonnement d’une logique incontestable à une solution différente des autres. Partant de ce constat, Lucien Jerphagnon s’attache, non pas à définir la philosophie, mais à nous guider à travers les différentes écoles de pensée. Historien et philosophe, cet être hybride, rare dans l’Université Française fut l’assistant de Jankelevitch, il a découvert que “L’historien a un effet positif sur le philosophe, qui trop souvent ne respire que des concepts et le philosophe incite l’historien à aller au-delà des batailles ou du prix du blé pour se balader dans l’air d’une époque”. Il vient à 87 ans de publier “Julien dit l’Apostat”(chez Tallandier)
Heuristique & Sémiologique
À tous les Jeunes qui vont, demain, plancher en philo !
Actu 11/06/08
Mercredi 11 juln 2008. {( Je le dis une fois pour toutes: j’aime la France avec la même passion, exigeante et compliquée que Jules Michelet. Sans distinguer entre ses vertus et ses défauts, entre ce que je préfère et ce que j’accepte moins facilement. Mais cette passion n’interviendra guère dans les pages de cet ouvrage. Je la tiendrai soigneusement à l’écart. Il se peut qu’elle ruse avec moi, qu’elle me surprenne, aussi bien la surveillerai-je de près. Et je signalerai, chemin faisant, mes faiblesses éventuelles. Car je tiens à parler de la France comme s’il s’agissait d’un autre pays, d’une autre patrie, d’une autre nation. )}. Fernand Braudel, présentation de “L’identité de la France” éditions Flammarion 1990.
Question de fond.
Pour Platon, il n’y a pas l’ombre d’un doute. II est inconcevable que l’on questionne la vie de l’esprit sans aborder les mathématiques et les sciences qui, pour l’essentiel, dérivent de la souveraineté des mathématiques. Depuis Galilée et Descartes, cette injonction est devenue théoriquement et pragmatiquement incontournable. C’est dans les mathématiques et dans les sciences que les concepts de création et d’invention, d’intuition et de découverte, possèdent la force la plus visible et la plus immédiate. Les mathématiciens et les hommes de sciences travaillent, cherchent, trouvent, inventent et innovent mais répugnent à examiner de trop près les fondements épistémologiques de leurs disciplines.
Adresse aux historiens médiévistes, à propos de la querelle de “Aristote au Mont Saint Michel” !
Le temps ne coule point ni ne passe, mais percole, c’est à dire passe, reste ou ne passe pas comme un liquide par une passoire ou un filtre. Pour rester fidèle aux choses elles-mêmes, il faut donc se souvenir des sens originaires des verbes passer ou couler, exactement conformes à ceux du terme temps. Par quelles ignorances étranges les philosophes et les poètes exprimant au mieux l’évanouissement fuyant de la durée les avaient-iis oubliés? Quel filtre avait bloqué les souvenirs de leurs langues?
Voici donc les mots en clair: oui, le temps des intempéries tempérées ou de la température coule, c’est-à-dire filtre, passe, traverse, tamise; en définitive, le temps coule se traduit donc, terme à terme: les mélanges percolent. Une multiplicité de relations peuvent ou non attacher entre eux un grand nombre d’objets ou d’états de choses: voilà le temps percolant c’est-à-dire le vrai, qui peut nous aider à comprendre l’histoire. Et pour quelle raison, simpliste ou terrible, réduire une telle complexité à un couloir ou une ligne continue reliant uniment un point à un autre, à la queue leu leu ? Qui en serre le guichet d’étranglement’? Emprunté à Michel Serres, “Les origines de la géométrie”, Champs Flammarion, et proposé aux médiévistes pétitionnaires de la querelle de “Aristote au Mont Saint Michel” !
Actu 08/06/08
Dimanche 08 juin 2008. “Le temps coule comme la Seine, l’Amour, le Yukon et le Gange, dont le cours avance, ici, s’arrête et revient, là, remonte ailleurs, se connecte et se coupe, çà et là, se mélange partout, comme l’annoncent les vieilles racines agraires, quasi naturelles, du mot. Comme ces fleuves, le monde et la vie percolent, et, sans doute, notre âme, enfin, et l’histoire aussi bien.” Michel Serres,”Les origines de la géométrie” Champs Flammarion.
La science et ses turbulences.
La querelle qui est faite à Sylvain Gouguenheim à propos de son livre “Aristote au Mont Saint-Michel” rappelle celle qu’a connue Einstein, l’homme du XXe siècle, dont la formule de l’équivalence entre la masse et l’énergie E=mc2 condense tous les espoirs et toutes les craintes. Il a percé à jour aussi bien l’infiniment petit des photons lumineux que l’infiniment grand de la gravitation universelle.En même temps, nul n’a enduré autant la haine ou le ressentiment que lui. De la part des nationalistes français parce qu’il était allemand et des nationalistes allemands parce qu’il était juif. De la part des empiristes parce qu’il était théoricien et des théoriciens parce qu’il bouleversait leurs évidences d’autrefois. De la part des fous scientifiques jaloux de son originalité et des alterscientifiques envieux de son influence.Cette histoire des adversaires d’Einstein montre que la science, comme toute activité humaine, est un théâtre de passions. La théorie de la relativité et son concepteur Albert Einstein les ont cristallisées et ont donné lieu à une incompréhension et un rejet d’une rare violence. Lire le livre d’ Alexandre MOATTI ; “Einstein, un siècle contre lui “( éditions Odile Jacob) 2007
Rien d’exceptionnel, c’est normal ! ! !
Suite à la vente d’ EDITIS (Groupe français de LIBRAIRIE) à un Groupe espagnol, les dirigeants se sucrent “Il n’y a rien d’exceptionnel, il s’agit d’une pratique commune à tous les LBO (rachat de sociétés par des fonds avec un fort recours à l’endettement)”,précise une porte-parole de Wendel. Pour motiver les équipes, les fonds mettent traditionnellement en place un programme d’intéressement adressé aux dirigeants de l’entreprise rachetée. Si les performances sont au rendez-vous, ceux qui ont investi empochent la plus-value engrangée lors de la revente. Et dans le cas d’Editis, “il s’agit d’une belle réussite”, se félicite-t-on chez Wendel. dont l’équipe de management,Jean-Bernard Lafonta son dirigeant et Ernest-Antoine Seillière, président du conseil de surveillance, se partage au total 14,1 millions d’euros. ” Onze autres cadres du groupe ont récolté de l’ordre de 1,2 million d’euros chacun. Parmi les bénéficiaires, Pierre Dutilleul, directeur délégué d’Editis, Jean-Pierre Alic et Olivier Fornaro – le premier responsable de la distribution, le second de la diffusion – et les directeurs des maisons : Jean Arcache (Presses, Solar, Belfond), Leonello Brandollini (Robert Laffont), Jean-Claude Dubost (Univers Poche), Catherine Lucet (Nathan) et Olivier Orban (Plon)….(Lu dans la Presse de ce jour 6 juin 2008)