Heuristique & Sémiologique
Tissage, sagesse grecque
Revue de philosophie ancienne (Bruxelles, 1995) Diffusion CNRS. On peut aussi consulter sur Le Percolateur : “Complexité du tissage”.
Complexité du tissage.
Au-delà de la métaphore pratique et auto-suffisante, le processus que je désigne par “percolation”, simultanément sujet et objet d’intérêt voire de recherches, engendre un modèle heuristique mécanico-physico-chimique complexe (complexus = ce qui est tissé ensemble) qui représente non directement la « pensée », mais le fonctionnement de l’esprit,. non directement la connaissance mais son approche, non directement l’être mais sa consistance.
Il y a là comme une modélisation des processus mentaux, épistémologiques, ontologiques de construction, de production, d’une activation “componentielle”, Si l’exponentiel expose sa variable le componentiel est susceptible de composer (et avec) ses éléments et d’établir entre eux et avec eux des relations inédites en un tissage surprenant. Nous nous trouvons confrontés, à un travail artisanal tendant à devenir le plus souvent, avec l’évolution des techniques, à un travail de tressage, de maillage, ou comme au cinéma à un travail de montage, de mixage, de synchronisation, Ce sont chaque fois à de minuscules liaisons auxquelles il convient de procéder tel l’artisan, tant en ébénisterie, en marqueterie, en céramique, en verrerie, en orfèvrerie, en joaillerie, en imprimerie (la reliure consiste à assembler les pages d’un livre), en scénographie, en dramaturgie ainsi que dans toutes les formes de textualité (recherche de liens entre les mots, les phrases, les idées) …Quête d’articulations susceptibles de s’effectuer dans la rencontre du divers et du discontinu. Il peut s’agir de jointure, de suture, de couture, de soudure, de bouture, de greffe, d’un travail d’attache, de charnière, de ligature, de collage, de patchwork, d’assemblage. C’est une activité arthrologique de texture, de texte, de tissu, de tissage, qui peut concerner aussi bien les alliances que les alliages. Composition, mélange, la complexité comme une sorte d’alchlmle qui se fonde sur l’intersection parfois provocatrice.
Nous avons montré, dans ces pages, à propos de l’esperluette (&) considérée comme l’hiéroglyphe opératoire de la relation et la composition, ce qui la distinguait du “et” de l’addition et de la simple juxtaposition.
Pensée symphonique
Au pied de la tour de Babel, George Steiner comprendra qu’autant de langues l’homme sait parler, autant de fois il est homme. Quelques années plus tard, après le vide béant laissé comme héritage par l’horreur nazie, le polyglottisme, d’une vocation, devient chez lui une nécessité. Il enseigne la littérature comparée en quatre langues et dans de nombreux pays à des élèves qu’il passionne à la mesure de la passion qui l’habite. “On ne négocie pas ses passions. Les choses que je vais essayer de vous présenter, je les aime plus que tout au monde. Je ne peux pas les justifier.” Dans un souci de transmission touchant au sacerdoce, Steiner veut que l’étudiant sente qu’il est un peu fou, qu’il est possédé par ce qu’il enseigne. C’est ce moment miraculeux où le dialogue commence à s’établir avec une passion que Steiner désigne comme l’éveil d’un talent : la maïeutique dans toute sa splendeur. Extrait de “La pensée symphonique, PORTRAIT DE GEORGE STEINER”, de Mélanie Youssefane pour Evene.fr – Mars 2008. On peut voir aussi l’hommage du “Percolateur”.
Actu 02/07/08
Mercredi 02 juillet 2008. “Supprimer, corriger un mot, surveiller une aphonie ou une figure, trouver un néologisme, cela participe pour moi d’un nouveau plaisir véritablement romanesque.” Roland Barthes, cité dans ARC n°56, 1974.
Changement d’ères.
“Certains d’entre vous ont lu dans le Monde (ancien 2003 ? ?), sous la signature de Michel Serres, le texte de l’une des premières « conférences du XXI e siècle » organisées par l’UNESCO : le maître mot en était que, si nous avons perdu une histoire de deux millénaires, nous avons gagné en contrepartie une histoire de dix milliards d’années. L’histoire qui se réduisait à deux millénaires, c’est celle de la Méditerranée, qui occupait une place centrale dans notre culture et dans notre système d’enseignement, et dans lequel Michel Serre propose de voir une histoire étriquée, tout entière centrée sur cette mer intérieure, toute petite à l’échelle du monde, et sur la naissance d’une civilisation particulière, la nôtre, marquée par l’avènement d’une religion, le christianisme, suivi de quelques siècles par son concurrent, l’Islam. L’histoire de dix milliards d’années, c’est au contraire celle de l’univers, celle de la naissance de la vie sur la terre, de la formation des espèces végétales et animales, de la lente émergence de l’espèce humaine, de l’affirmation progressive de sa prétention à la maîtrise sur son environnement”. Rapporté par Maurice Aymard, lors de première réunion de lancement du programme Strabon, Paris, Musée National des Arts et Traditions Populaires).
La fée hydrogène.
Depuis près de deux ans, le concept de l’économie de l’hydrogène est devenu l’un des fondements majeurs autour duquel l’Union européenne axe l’ensemble de sa politique énergétique durable pour les prochaines décennies. Pourquoi cette option centrale, qui implique aussi toute la recherche sur l’énergie, s’impose-t-elle avec autant de force ?
Jusqu’il y a peu, on voyait dans les piles à combustible une solution de la “voiture propre de demain”. Désormais, on envisage l’avènement d’une véritable “économie de l’hydrogène”, car cet élément, inépuisable à l’échelle de la planète, peut devenir un vecteur énergétique aussi important que l’électricité. Ses avantages ? Il peut être produit dans un premier temps par reformage des hydrocarbures, mais aussi en s’appuyant sur les énergies renouvelables (donc sans émissions de CO2). Il peut être aisément stocké – ce qui n’est pas le cas de l’électricité. Il renforcerait considérablement l’indépendance énergétique de l’Europe.
Actu 29/06/08
Dimanche 29 juin 2008. «Ce que peut apporter Valéry aujourd’hui, c’est donc bien le plaisir du texte. Mais c’est également autre chose, vers quoi il nous guide lui-même lorsqu’il écrit que Nietzsche est pour lui un “excitant” plus qu’un “aliment”. Valéry est les deux. Il suffit d’ouvrir au hasard un de ses livres pour voir que sa pensée nourrit, parce que c’est toujours une pensée personnelle, atypique, inattendue. Et c’est pourquoi en même temps elle excite : elle excite à penser par soi-même, contre ce qu’on vient de lire ou d’entendre, et contre la “pensée unique”, ce qui aujourd’hui n’est tout de même pas si mal.» Michel Jarretty, “Paul Valéry“, Fayard; 2008.