Samedi 1er novembre 2008. «Les Grecs nous ont en grande partie inventés. Notamment en définissant un type de vie collective, un type d’attitude religieuse et aussi une forme de pensée, d’intelligence, des techniques intellectuelles, dont nous leur sommes en grande partie redevables. L’histoire de l’Occident commence avec eux.» Jean-Pierre Vernant.( historien et anthropologue français, spécialiste de la Grèce antique et plus spécialement des mythes grecs. Il a été professeur au Collège de France et l’un des héros de la Résistance).
Heuristique & Sémiologique
Actu 01/11/08
“Entre les murs”
Aujourd’hui on se félicite que les Américains aient compris la beauté d’un film qui donne la parole au « parler banlieue », on admire l’enseignant dont le courage n’a d’égale que sa propension à se mettre à la portée de ses élèves, on s’apitoie devant la candeur insolente des jeunes issus de l’immigration enfermés dans leur vision étriquée du monde, on s’étonne qu’un professeur puisse craquer sans retenue devant des collègues médusés et prostrés de compassion (cette scène où le prof de techno « pète un câble » en criant « qu’ils y restent dans leur merde » est pourtant d’une époustouflante vérité), et on prétend que tout va bien dans le meilleur des mondes.
Reste une question essentielle : comment tenir droit entre les murs d’une classe lorsqu’on est enseignant et qu’on aime son métier ? Soit on s’accroche à ses certitudes, on se fout de la hiérarchie et de la prochaine grève qui n’abordera pas les vrais problèmes, soit on prend sa retraite dès qu’on en a la possibilité pour fuir le désastre. Ce film me donne plutôt envie de choisir la deuxième voie.
Brigitte Bré Bayle, enseignante, Riposte Laîque; Suite à la projection du film “Entre les murs”.
“L’art des ponts, homo pontifex”de l’écrivain-philosophe Michel Serres, édition Le Pommier.
“Le percolateur” conseille à ses percolecteurs ce livre emblématique de la pensée de Michel Serres que présente ainsi son éditeur :
“ Je n’ai jamais rêvé que de ponts, écrit que d’eux, pensé que sur ou sous eux ; je n’ai jamais aimé qu’eux. Ce livre sur les ponts finit comme le livre de tous mes livres. ” Michel Serres. Ce livre est un hommage très personnel aux ponts de toutes natures, aussi bien matériels qu’immatériels, qui relient les hommes les uns aux autres. Un superbe cri d’amour, tant par la richesse kaléidoscopique du propos que par la beauté des images qui l’épousent. Tantôt amoureux transi, tantôt amant passionné, Michel Serres déclare sa flamme aux ponts et nous entraîne sur leurs tabliers, qu’ils soient de chair ou de métal, de pierre ou de paroles. Une ode virevoltante, profonde et aérienne, qui nous émerveille autant qu’elle nous enrichit.
Actu mercredi 29/10/08
Mercredi 29 octobre 2008.«La métaphore grammaticale permet de comprendre que, dans la vie éthique, les structures objectives ont une priorité qui est comparable à celle de la syntaxe sur la sémantique La liberté n’est pas l’autre des règles : au moyen des institutions, elle parle « le langage de la nécessité » Hegel
Harold Kaplan, un être d’exception.
Fils d’un charpentier juif russo-polonais qui découvre Proust et Stendhal en cherchant Shakespeare et Milton. patriote américain et francophile passionné autant qu’averti, Harold Kaplan délaissa Chicago et une thèse sur Marcel Proust pour débarquer en Afrique du Nord. Diplomate à Paris, où beaucoup de ceux qui comptaient dans la littérature, la pensée et les arts ont fréquenté son salon du Boulevard Montparnasse, il fut aussi correspondant pour l’Europe d’une revue marxiste anti-communiste aux côtés de George Orwell et d’Arthur Koestler. Traducteur de Raymond Queneau, lui-même romancier et essayiste, Harold Kaplan a aussi pratiqué la diplomatie au Viet Nam, avant de devenir vice-président d’un groupe industriel, puis de revenir en France où il vient de fêter ses 90 ans. Philippe Meyer l’a rencontré chez lui, à Saint Germain des Prés pour une série d’entretiens « A voix nue » au cours desquels ce polonais conte dans un français subtil et précis son enfance à Newark dans une famille de charpentiers, la vie au département des langues romanes de l’université de Chicago, les disputes de deux normaliens exceptionnels, Robert Vigneron et René Etiemble, ses relations avec Sartre … Un être d’exception qui fut aussi un spécialiste de Montaigne !
(Sur France-Culture le 27 / 10 / 08)
Beyrouth, francophonie, salon du livre et de la liberté.
Les Libanais ont écrit dans cette langue avant même que ce pays ne passe sous mandat français. Au Liban le Français n’est pas une fatalité coloniale.
La sixième édition du Salon du livre de Beyrouth se tient du 30 octobre au 9 novembre. Son thème : « Lire en français et en musique ».Exclusivement francophone, cette manifestation permet de mesurer la vitalité de la francophonie libanaise dans un pays trop longtemps déchiré, où se dégagent lentement de nouveaux équilibres et de nouvelles ambitions, y compris dans les domaines éducatifs, linguistiques et culturels. Ainsi, l’émergence d’une classe trilingue – arabe, français, anglais – de plus en plus nombreuse, constitue-t-elle à la fois un espoir et un défi pour la francophonie. L’espoir du maintien et du développement du français, langue d’identité et de culture nationales mais aussi de communication internationale, et le défi d’un effort accru pour réaliser cette gageure trilingue dans laquelle, malgré bien des avantages liés à la force de son réseau scolaire et universitaire, notre langue est gravement handicapée par la quasi-absence de ses chaînes de télévision.
Actu 25/10/08
Samedi 25 octobre 2008.”La complexité ne nous met pas seulement dans le désarroi de l’incertain, elle nous permet de voir, à côté du probable, les possibilités de l’improbable, parce qu’il y en a eu dans le passé et qu’elles peuvent se retrouver dans l’avenir..” Edgar Morin, “Intelligence de la Complexité,” éditions de l’aube, 2007.