Mercredi 26 novembre 2008. “Une langue orpheline ( le Français) est ainsi devenue l’exemple universel de la perfection naturelle que confortent les artistes et les doctes, ainsi que l’identité d’une nation, et sa passion la plus vertueuse.” Bernard Cerquiglini, “La langue orpheline”, éditions de Minuit, 2007.
Heuristique & Sémiologique
Actu 25/11/08
Coalescence
Au début des années 50, Claude Lévi Strauss faisait appel à la notion de coalition pour expliquer que des cultures isolées ne pouvaient espérer créer à elles seules les conditions d’une histoire vraiment cumulative. Il faut pour cela, disait-il, que des cultures diverses combinent volontairement ou involontairement. Claude Lévi Strauss remarquait plus tard (1971) que les généticiens proposaient des vues assez voisines sur l’évolution biologique,. Ce qui était vrai au niveau du génome individuel l’était aussi à celui d’une population, “qui doit toujours être telle, par la combinaison qui s’opère en son sein de plusieurs patrimoines génétiques, qu’un équilibre optimal s’établisse et améliore ses chances, de survie….Le sémiologue structuraliste, puis l’ ethnologue, l’anthropologue humaniste et constructiviste nous apprend, au cours de son siècle que l’humaine évolution se fonde sur la complexification, la combinaison, la coopération, la collaboration, la coalition, la coalescence qui s’appelle aussi amitié, amour, entraide..
Actu 23/11/08
Dimanche 23 novembre 2008. “Il faut regarder en face cette petite tache que tous les parfums de toutes les Arabies idéologiques ne pourront jamais effacer : aucune relation concrète entre des individus ou entre des groupes humains ne peut jamais être dépouillée de sa dimension de pouvoir”. Michel Crozier, sociologie des organisations, 1970.
Perception relative.
Une étude publiée par le “Program on International Policy Attitudes“ (PIPA) de l’Université du Maryland présente des résultats parfois inattendus en matière de perception par le public des risques liés au changement climatique.
On observe tout d’abord que l’opinion publique est partout consciente que le changement climatique est un problème “sérieux” ou “très sérieux”. Les réponses vont de 64% en Jordanie à 97% en Corée du Sud. Sur la réalité du phénomène et sur sa gravité, les avis sont encore partagés. Les américains sont en effet 75% à considérer le problème comme “sérieux” ou “très sérieux”, ce qui est peu par rapport aux 95% observés en France, mais qui indique que la réalité du phénomène est relativement acceptée.
Les réponses (aux USA) montrent que l’opinion publique n’est pas totalement convaincue de l’origine anthropique ni de la gravité du phénomène. Elles indiquent une perception qui est en-dessous de la moyenne générale, et faible par rapport aux autres pays développés. 70% des américains considèrent en effet qu’ils seront “probablement” ou “très probablement” personnellement affectés par le phénomène. Ils sont également 71% à estimer que ce sont bien les activités humaines qui en sont la cause, ce qui les place encore dans la moyenne basse (la France étant à 89%), mais indique que l’école de pensée tendant à minimiser l’origine anthropique du réchauffement ne fait plus recette.
France, Europe : l’expectative
Où en est la France, après une année de « rupture » sarkozyenne ? Marcel Gauchet et Michel Winock scrutent le suspens politique où le pays semble se trouver, entre une présidence activiste rattrapée par l’impopularité et une opposition qui ne parvient pas à exister. Denis Lacorne examine, de son côté, ce que recouvre l’américanophilie affichée du Président.
La difficulté d’être de la gauche n’est pas que française. Elle est européenne, fait ressortir Ernst Hillebrand. Il analyse les voies qui pourraient lui permettre de renouveler son audience.
La construction européenne elle-même n’est pas mieux lotie. Indépendamment des vicissitudes liées à la redéfinition de ses mécanismes institutionnels, elle est en panne de perspectives. À l’occasion de la présidence française, Bruno Le Maire envisage les moyens de lui redonner du sens et du souffle.
Revue “Le Débat” N°151″ Sept. Oct. 2008
Actu 19/11/08
Mercredi 19 Novembre 2008.”J’ai souvent noté qu’à l’imitation de certains animaux qui compissent leur niche pour qu’elle demeure à eux, beaucoup d’hommes marquent et salissent, en les conchiant, les objets qui leur appartiennent pour qu’ils restent leur propre ou les autres pour qu’ils le deviennent. Cette origine stercoraire ou excrémentielle du droit de propriété me paraît une source culturelle de ce qu’on appelle pollution.” Michel Serres “Le contrat naturel” ed. François Bourin, 1987.
L’Europe, la voie romaine.
L’avènement de l’Europe ne doit rien à la filiation linéaire, raciniste. Lorsqu’il s’est agi de définir son identité, elle a été très tôt rapportée à une double origine, une composition complexe, grecque et juive. C’est, sous la plume des historiens des Lumières comme des romantiques du siècle dernier, la célèbre opposition entre Athènes et Jérusalem. Rémi Brague reprend à nouveaux frais la question de l’identité, en s’intéressant à la ” voie romaine “, à la latinité de l’Europe. Le propre de l’Europe ? C’est une appropriation de ce qui lui est étranger. Historiquement, philosophiquement, l’Europe prend, en effet, sa source hors d’elle. A partir d’emprunts à d’autres civilisations, la voie romaine a opéré une synthèse fondatrice de la première unité culturelle qui fut le premier espace européen. Au point que, aujourd’hui encore, définir l’Europe, c’est marquer comment elle se distingue de ce qui n’est pas elle par son caractère originairement latin. “La voie romaine” est un livre de Rémi Bague, édité par Gallimard, Folio Essais (1999), que je viens de découvrir. Il s’inscrit parfaitement dans la perspective “constructiviste et complexe” de l’Histoire. Jérusalem, Athènes, Rome.
On peut consulter “Qui est Européen ? ” sur le Percolateur Heuristique ainsi que plusieurs pages du Webdo-perco