Le charme, la séduction, si l’on tente de définir leur « essence » sont inclassables. Ce sont plutôt des « événements ». Ils « arrivent », tombent sur le sujet, le « suppôt » qu’ils affectent. Plutôt des environnements, des atmosphères, une aura au sens que lui donnait Walter Benjamin. Ou alors, ce « presque rien », ce « je ne sais quoi » que Wladimir Jankélévitch a rendus célèbres ; en particulier à propos de la musique. Mais le musical ne leur est-il pas spécialement approprié ? Fourier aussi, parlant de la composition du charme, la règle sur des accords musicaux, leurs modes et leurs degrés.« Un je ne sais quel charme.. ».
Un charme est toujours précédé du « je ne sais » ; non pas par ignorance, mais parce que cette incertitude appartient à sa production ou à son apparition. Il n’entre pas, je viens de le dire, dans des significations strictement définies, mais il compose et fait émerger des formes dont il conserve ou préserve l’ambiguïté, le trouble. C’est qu’il répugne à toute exclusion et pratique l’inclusion, des opposés mêmes.
Texte du philosophe René Schérer. Voir le site Recherche Anarchiste.