Dimanche 17 mai 2009. “En mat!ére de science, on ne saurait aller trop lentement; en matière de pratique. on ne peut attendre.” Marcel Mauss.
Heuristique & Sémiologique
Actu 17/05/09
Technicisation des territoires et des imaginaires
Un livre d’architecte, certes, mais qui est le plus à même d’interroger la consistance du meilleur des mondes que celui qui est susceptible d’ôter le U de l’Utopie pour atteindre la complexité technique, sociale et spatiale du technocosme!
“De la ville au technocosme” n’est pas un essai ordinaire. Son auteur, Xavier Bonnaud, est un architecte qui a exercé pendant plus de vingt ans en région parisienne. C’est fort de cette expérience et de ses lectures qu’il s’est plongé dans ce monde, le nôtre, constamment renouvelé par la technologie. En interrogeant ce nouvel environnement – un assemblage de réseaux, de fonctions et de lieux qui équipent notre existence et servent notre quête de performance, Xavier Bonnaud nous propose de réfléchir à l’impact de la technicité croissante de nos existences. Une question domine du reste sa réflexion : pourquoi, à travers son génie technique, l’homme construit pour lui-même des cités qui lui paraissent soudain inhospitalières ?
Ouvrage « de société », au sens où il est ancré dans le réel, et de philosophie de l’urbain, “De la ville au technocosme” questionne finalement le devenir de l’homme : puisqu’il n’y a pas d’alternative au monde urbain, est-ce que l’homme saura y mettre de l’espérance ?
” De la ville au microcosme” de Xavier Bonnaud aux éditions “L’Atalante”
Actu 14/05/09
Jeudi 14 mai 2009. “ Il est au coeur du monde occidental un conflit sans espoir, sous quelque forme que nous le découvrions : celui de l’homme et de ce qu’il a créé.” André Malraux. La Tentation de l’Occident.
” La double pensée”; de Jean Claude Michéa
Le libéralisme est, fondamentalement, une pensée double : apologie de l’économie de marché, d’un côté, de l’État de droit et de la « libération des moeurs » de l’autre. Mais, depuis George Orwell, la double pensée désigne aussi ce mode de fonctionnement psychologique singulier, fondé sur le mensonge à soi-même, qui permet à l’intellectuel totalitaire de soutenir simultanément deux thèses incompatibles. Un tel concept s’applique à merveille au régime mental de la nouvelle intelligentsia de gauche. Son ralliement au libéralisme politique et culturel la soumet, en effet, à un double bind affolant. Pour sauver l’illusion d’une fidélité aux luttes de l’ancienne gauche, elle doit forger un mythe délirant : l’idéologie naturelle de la société du spectacle serait le « néoconservatisme », soit un mélange d’austérité religieuse, de contrôle éducatif impitoyable, et de renforcement incessant des institutions patriarcales, racistes et militaires. Ce n’est qu’à cette condition que la nouvelle gauche peut continuer à vivre son appel à transgresser toutes les frontières morales et culturelles comme un combat « anticapitaliste ». La double pensée offre la clé de cette étrange contradiction. Et donc aussi celle de la bonne conscience inoxydable de l’intellectuel de gauche moderne.
Voir l’éditeur : Champs-Flammarion.
L’art numérique est-il un oxymore ?
De la curiosité à l’invention formelle. …À ceux qui se demandent encore si des œuvres générées par un logiciel peuvent être véritablement considérées comme des œuvres d’art, on peut répondre que si, au début, la magie du procédé rendait moins exigeant à l’égard de la performance esthétique, ce temps est révolu. Les artistes du numérique produisent aujourd’hui des œuvres qui allient une haute technicité à une grande richesse émotionnelle et à un grand intérêt plastique. Sans compter qu’en poussant l’exploration du champ de la réalité jusqu’à ses confins et en se risquant même au-delà, ils contribuent de façon souvent sensible et toujours féconde au renouvellement des images ainsi qu’à l’élargissement, si ce n’est à la redéfinition, du concept d’art que nous avons hérité de la modernité.
Il est grand temps que tombent les dernières résistances que rencontre encore l’art numérique. Mais pour cela, il faut que les artistes aident le public réticent en proposant des œuvres qui ne font pas prendre la nouveauté technologique pour la nouveauté de leur message, mais qui interrogent les transformations apportées à notre vision du monde par ces mêmes technologies et en proposent une traduction formelle inventive. La rupture technologique doit s’accompagner d’un changement d’imaginaire. C’est déjà souvent le cas.
Certes l’art numérique est un peu cabotin. Il sait nous séduire, nous amuser, exciter notre curiosité, nous donner envie d’aller y voir. Est-il pour autant moins sérieux ? On le croit ludique alors qu’il est lucide sur notre monde dont il anticipe la maîtrise par le contrôle et l’intelligence artificielle.
Extrait d’un article de Françoise Gaillard dans la revue Esprit -Avril 2009.
Le mathématicien Gromov reçoit le Prix Abel.
Le mathématicien français d’origine russe Mikhail Gromov a reçu aujourd’hui le prix Abel pour ses travaux en géométrie. Ce prix qui récompense la carrière d’un mathématicien est remis chaque année depuis 2003 par l’Académie norvégienne des Sciences et des Lettres, sur avis d’un comité composé de cinq mathématiciens de renom.
Mikhail Gromov, né en Union soviétique en 1943, devenu citoyen français en 1992, «est toujours à la poursuite de nouvelles questions et pense constamment à de nouvelles solutions pour résoudre des problèmes longtemps restes sans réponse» écrit le comité Abel. «Il a produit des travaux originaux, d’une grande profondeur, et demeure remarquablement créatif».Info de NO Sciences.
Exploration du “Hors Limite”.
L’écrivain écossais, Kenneth White, amoureux du langage, de notre langue et de sa littérature a besoin d’espace, Il s’intéresse aux limites de la littérature, à l’hétérogénéité des styles, à ce que Valéry appelait “l’Extrême-Nord-Humain”, le hors-frontière de cette prose qui se dépasse en poésie puis en philosophie. Tel un manifeste anti-médiocratie Kenneth White propose dans “Les affinités extrêmes” des auteurs “hors-normes”, “hors-limites”, des solitaires, qui ont vécu et travaillé à l’écart de la confusion contemporaine et des idéologies qui jalonnent l’histoire. Ce sont les habitants clairvoyants d’une atopie dont on peut énumérer les régions comme ceci: l’anarchie géographique de Reclus, l’asocialité rayonnante de Rimbaud, l’ascension ontologique de Segalen, l’animisme cosmique de Saint-John Perse, l’automatisme surréalisant de Breton, l’absolutisme jusqu’au-boutiste de Céline, l’annihilation méditative de Michaux, l’alexandrinisme pérégrin de Cingria, l’australité lyrique de Delteil, l’aporie pyrrhonienne de Cioran…Lecture conseillée : “Les .affinités extrêmes” chez Albin Michel. 2009