J’ai assisté, tout au long de ma vie, à cette généralisation globale de l’épistémologie, alors on ne l’appelle pas comme ça, on dit « l’écologie » maintenant, ou quelque chose de ce genre. C’est là vraiment un phénomène social, et politique même, nouveau. Si l’on m’avait dit, au sortir de l’agrégation, qu’un parti politique se mettrait en place à partir de la chimie, de la biologie, de la climatologie, etc., j’aurais dit : ce n’est pas possible. Eh bien si, un tel parti politique est là, qu’on appelle « les Verts », qui met au cœur de ses préoccupations ces problèmes de climatologie, de physique nucléaire, etc. Alors on est pour ou contre, ça n’a pas ici d’importance. L’essentiel est que c’est un phénomène nouveau, et que, du coup, là, de l’imprévisible surgit : on aurait dit cela à Bachelard et Canguilhem, ils auraient ri. Ils étaient vraiment très XIXe siècle et ne pouvaient prévoir la bifurcation brusque qu’a prise la société à cette époque. Voir Mag-Philo
Ce site en annexe du “percolateur” ne prétend à l’exhaustivité, ni à l’autorité mais simplement à une curiosité vagabonde dans cette “bribiothèque” de notre époque, ces “bouts écrits”, ces fragments, ces éclats de Vérité voire ces coups de gueule. Kaléidoscope ou Patchwork. Du tabulaire forcément lacunaire.
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les titres
Ahurissement épistémologique de Michel Serres !
Webd'azard
Il est des codicilles qui valent tous les testaments.
En 2006, le grand critique Genette publiait un abécédaire intime, Bardadrac. C’était un livre autobiographique profond et divertissant (l’un va rarement sans l’autre), plein d’amitié armée pour les hommes, les mots, pour ce qu’ils disent et ne disent pas. Genette flânait dans ses souvenirs et dans les livres sous le signe de Montaigne, le regard clair et la patte précise, sérieux sans esprit de sérieux, comme un vieux félin jouant avec une pelote ou triant des arêtes. Le ton était donné par l’ironie – forme méandreuse d’autodérision sans ostentation, d’enthousiasme méfiant, de discrétion révélée, variation pleine de bon sens sur les ordres du discours. L’immense culture de Genette ne s’accompagnait d’aucune cuistrerie : elle ne semblait destinée qu’à le (et nous) simplifier. Il y avait des entrées ouvrant sur des choses lourdes, d’autres sur des choses légères, c’était bien : comme dit Montaigne, l’âme se fatigue à être continuellement tendue. On riait avec Bardadrac, d’un rire qui permet de croire qu’on est (ou qu’on pourrait devenir) intelligent. Á propos de “Codicille” de Gérard Genet (au Seuil)“ dans Libération.
L’Amour des langues
Personne n’est indifférent aux langues humaines, dont l’apparition, aux aurores de notre espèce, est ce qui a permis à ses membres de nouer des relations sociales qu’aucune autre espèce animale ne connaît. Ceux et celles qui n’aiment pas les langues, parce que la difficulté d’apprendre certaines d’entre elles les rebute, trouveront dans ce Dictionnaire, sinon des raisons de les aimer, du moins assez de matière pour rester étonnés devant tout ce que les langues nous permettent de faire, de dire, et de comprendre sur notre nature. Partout apparaît avec éclat l’ingéniosité infinie des populations humaines, confrontées au défi de dire le monde avec des moyens très limités.
« Comme tout dictionnaire, celui-ci ne requiert pas de lecture d’un bout à l’autre : il est inspiré par l’amour des langues, qui est peut-être un des aspects de l’amour des gens. ». Dictionnaire amoureux des Langues, Claude Hagége, Plon-Odile Jacob. Avril 2009
Le propre et le sale, de la scatologie à l’eschatologie ? ! Ou l’histoire du propre !
Michel Serres aime les mots et les idées qu’ils nomment. On devine quand il nous parle, cette jubilation de philologue qui fait rendre gorge et raison au verbe trituré par l’étymologie, l’histoire, les associations, les rencontres phonétiques ou graphiques… Rendre raison, certes, mais avec raison. Dans deux ouvrages “Le Contrat Naturel” (Champs Flammarion) et “Le Mal propre – Polluer pour s’approprier” (Le Pommier) Michel Serres part de la proximité Propreté / Propriété pour nous proposer une étude convaincante du contrat écologique..
…. “J’ai souvent noté qu’à l’imitation de certains animaux qui compissent leur niche pour qu’elle demeure à eux, beaucoup d’hommes marquent et salissent, en les conchiant, les objets qui leur appartiennent pour qu’ils restent leur propre ou les autres pour qu’ils le deviennent. Cette origine stercoraire ou excrémentielle du droit de propriété me paraît une source culturelle de ce qu’on appelle pollution, qui, loin de résulter, comme un accident, d’actes involontaires, révèle des intentions profondes et une motivation première”….
A propos de mot on peut aller voir ‘A la fortune du mot”.
Le trope “Moussu”
Roland Barthes raconte que lors d’un voyage aux États -Unis, il avait fait la connaissance d’une dame qu’il appelle Madame Moussu, avec laquelle il bavardait souvent sur le pont du bateau. Un jour alors qu’il allumait une cigarette, madame Moussu lui dit: « Oh, mon fils dit toujours: Depuis que je suis entré à Polytechnique, je ne fume plus. » Roland Barhes de remarquer qu’il y avait là une figure de rhétorique dans laquelle l’information principale, (que madame Moussu est seule à connaître), est que son fils était polytechnicien, Cette proposition importante est donnée à travers une subordonnée; comme accessoirement ! Voilà «une véritable figure de rhétorique» à laquelle Roland Barthes. a donné un nom propre ». “La figure Moussu”. Le trope que Madame Moussu patronne servira désormais à subordonner le principal à l’accessoire, au secondaire.
“un je ne sais quel charme”
Le charme, la séduction, si l’on tente de définir leur « essence » sont inclassables. Ce sont plutôt des « événements ». Ils « arrivent », tombent sur le sujet, le « suppôt » qu’ils affectent. Plutôt des environnements, des atmosphères, une aura au sens que lui donnait Walter Benjamin. Ou alors, ce « presque rien », ce « je ne sais quoi » que Wladimir Jankélévitch a rendus célèbres ; en particulier à propos de la musique. Mais le musical ne leur est-il pas spécialement approprié ? Fourier aussi, parlant de la composition du charme, la règle sur des accords musicaux, leurs modes et leurs degrés.« Un je ne sais quel charme.. ».
Un charme est toujours précédé du « je ne sais » ; non pas par ignorance, mais parce que cette incertitude appartient à sa production ou à son apparition. Il n’entre pas, je viens de le dire, dans des significations strictement définies, mais il compose et fait émerger des formes dont il conserve ou préserve l’ambiguïté, le trouble. C’est qu’il répugne à toute exclusion et pratique l’inclusion, des opposés mêmes.
Texte du philosophe René Schérer. Voir le site Recherche Anarchiste.
Sur le bout de la langue…
Pour une société, posséder une langue riche et vivante, complétée par des instruments de référence comme les dictionnaires et les grammaires, est un préalable à toute forme d’expression par la littérature, de diffusion par les arts et de progrès par les sciences, les technologies et les techniques. Aujourd’hui, comme hier, la configuration de tous les champs du savoir et les comportements quotidiens sont assujettis à la néologie, à la créativité lexicale incessante et vigilante, spontanée ou aménagée. La formation des mots se fonde sur la morphologie, la sémantique, sur l’emprunt, la métaphore, les glissements phonétique ou graphique, l’étymologie (souvent approximative !) et aussi (pourquoi pas?) sur l’humour. La création lexicale, motivée, ludique ou gratuite se doit d’être justifiée, expliquée, respectueuse de la grammaire et des règles de construction, il lui arrive souvent de s’auto-définir. À vrai dire, là est sa seule contrainte philologique ! Sa sanction en sera l’usage, donc son statut chez Alain Rey ou dans l’oubliette ! !
Dans Le Percolateur, on peut se rendre sur le “Percolexique n°3″ et/ou sur “à la fortune du mot”
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