Du Nouvel-Obs qui, tel “Gala” et “Voici” pipolise Simone de Beauvoir pour la célébrer, à Libération qui use du vocabulaire et de l’accent de Sarko pour le stigmatiser, la presse (cette presse sur laquelle nous comptons) donne une piètre image d’elle-même ! Question de style, de respect dû au lecteur et d’efficience.
Ce site en annexe du “percolateur” ne prétend à l’exhaustivité, ni à l’autorité mais simplement à une curiosité vagabonde dans cette “bribiothèque” de notre époque, ces “bouts écrits”, ces fragments, ces éclats de Vérité voire ces coups de gueule. Kaléidoscope ou Patchwork. Du tabulaire forcément lacunaire.
February 2008
les titres
La “ravalangue” de la une.
Webd'azard
Stratégie de la vulgarité.
A propos de l’altercation entre un badaud (« Touche-moi pas, tu me salis ») et le président («Casse-toi alors, pauvre con, va »), au Salon de l’agriculture,
Le directeur de la revue Mots, les langages du politique, Paul Bacot, estime que Nicolas Sarkozy a adopté volontairement une « stratégie de la vulgarité ». « La vraie rupture est là, poursuit cet enseignant en sciences politiques. En brouillant les pistes et les repères, le chef de l’État finira par rendre acceptable ce qui ne l’était pas, et ce dans n’importe quel domaine, politique, économique ou social. Il s’agit d’un terrorisme symbolique. »
Le professeur de linguistique, Jean Veronis, ne dit pas autre chose : selon lui, la campagne présidentielle a inauguré « une séquence d’abolition des codes et des repères » fondateurs de la société. « Le policier ne doit pas parler comme le voyou, ni le président comme l’homme de la rue. Ce faisant, il affaiblit la fonction et s’affaiblit lui-même. Nul ne peut dire comment cette séquence va se terminer. »
Quoi qu’il en soit, les spécialistes s’accordent pour dire que l’exemple ainsi donné est « catastrophique ». « Le président met les enseignants et les parents dans l’embarras, affirme Louis-Jean Calvet. Comment ces derniers pourront-ils demander aux jeunes de tenir leur langage si le chef de l’État lui-même ne le peut pas ? »
Solenne de ROYER, le journal“ LA CROIX”
Ellul et la technique orientale
La technique est essentiellement orientale: c’est dans le Proche-Orient principalement que la technique se développe. Et elle ne comporte presque pas de fondements scientifiques. La technique tout entière tournée vers l’application ne connaît pas de théories générales: on sait que ce sont les théories générales qui, seules, donnent naissance à un mouvement scientifique. Cette prédominance de la technique en Orient, et dans tous les domaines permet de rectifier un leit-motiv: “l’esprit oriental serait tourné vers le mystique et n’a pas eu d’action concrète alors que l’Occidental serait tout entier tourné vers le savoir-faire, vers l’action donc vers la technique”. En réalité nous constatons que L’Orient est au départ de toute action, autrefois et primitivement technique au sens courant, par la suite spirituelle et magique. “La technique ou l’enjeu du siècle” Ed. Economica 1990
L’appel de Jean Daniel
“Les personnalités signataires de cet appel se placent résolument en dehors de toute stratégie politique et de toute spéculation électorale. Elles apprécient diversement, sur tel ou tel point, la façon dont le président et le gouvernement conçoivent leurs responsabilités. Mais il s’agit ici d’une urgence citoyenne. Nous adjurons le président de la République de revenir sans attendre sur une proposition qu’il a cru devoir faire dans un lieu déjà communautaire et juif. Il s’agit du désir du président de confier à de jeunes enfants la mémoire d’autres enfants morts victimes de la Shoah. Nous nous refusons à discuter la noblesse des intentions, la bonne volonté et le niveau de spiritualité qui animent un tel projet. Mais nous en voyons déjà les effets et ils sont catastrophiques. Ils divisent les communautés y compris, et peut-être plus encore que les autres, la communauté juive. Ils suscitent déjà une sordide compétition des victimes, ils empoisonnent toutes les ambitions pédagogiques des professeurs et ils sont désavoués par tous les pédiatres et les psychanalystes. Il faut purement et simplement renoncer à cette proposition. Nous saurions tous gré au président de la République française de faire ce geste indispensable”.
On peut joindre sa signature à celle de Jean Daniel sur le site du Nouvel Obs.
Avènement de la Démocratie?
L’Avènement de la démocratie de Marcel Gauchet propose, échelonnées sur quatre livres, à la fois une histoire philosophique du XXe siècle et une théorie de la démocratie. L’entreprise constitue la suite du “Désenchantement du monde”. Ce qui advient avec la sortie de la religion, c’est un monde où les hommes ambitionnent de se gouverner eux-mêmes. Mais c’est en fait le monde le plus difficile à maîtriser qui soit. Ce sont les péripéties de ce parcours tumultueux, traversé d’embardées et de crises, dont il est fait une analyse raisonnée. Édité chez Gallimard.
Debray en Terre Sainte
Résumé du dernier livre de Régis Debray par lui-même
« D’après les Évangiles, et dans sa courte vie tant cachée que publique, le Galiléen s’est rendu, sans visa ni carte d’identité, en Israël, Palestine, Jordanie, à Gaza, au Liban, en Égypte et en Syrie. Je me suis faufilé dans tous ces pays : il y faut plus qu’un passeport et des détours. Jésus pouvait traverser la mer de Génésareth, aller “au-delà du Jourdain”, et revenir le lendemain sur l’autre rive. Ce n’est plus possible. Aussi ce voyage d’un flâneur des deux rives n’a-t-il pu s’effectuer d’un seul trait.
C’est un pari que de refaire l’itinéraire de Jésus à travers le Proche-Orient d’aujourd’hui, pour observer comment juifs, chrétiens et musulmans vivent à présent leur foi. Les surprenantes et souvent rebutantes vérités qui se dévoilent en Terre sainte ont valeur d’avertissement. Plus qu’un voyage au bout de la haine, ce carnet de route peut servir à la connaissance du monde profane tel qu’il va. Tout à la fois témoignage, chronique et méditation, l’enquête peut dès lors se lire comme un pèlerinage au cœur de l’homme, qu’il soit croyant ou agnostique, d’ici ou de là-bas. »” “Un Candide en Terre Sainte” Régis Debray. (Gallimard)
“Cette décision assombrit l’avenir” Hervé Bourges.
Je suis pour le service public, donc contre cette décision, car elle assombrit son avenir. Il faut se préserver de toute fascination pour le modèle britannique. Certes, il n’y a jamais eu de pub à la BBC, ses antennes produisent de belles fictions et de grands documentaires et ses chaînes internationales ont un modèle du genre Mais les programmes de la BBC I sont encore plus racoleurs que ceux des chaînes privées françaises ! Et la téléréalité dégouline sur son antenne et nourrit son audience, tandis que la société commerciale de la BBC répand sur le marché international – dont la France – des productions hautement culturelles comme “Le maillon faible” ! ! ! Sans ses ressources publicitaires, I’ audiovisuel public pourra-t-il remplir sa mission ? le groupe France Télévisions ne doit pas abandonner son ambition de rester leader pour jouer à plein son rôle de lien social et défendre des valeurs collectives fondamentales et non mercantiles. Le service public doit se garder de céder aux sirènes élitistes aux corporatismes ou à la routine. Cela serait mortel ! Si les chaînes de France Télévisions ne sont plus regardées elles perdront leur légitimité et ce sera la porte ouverte au démantèlement. Aujourd’hui, c’est l’identité, la diversité, le périmètre, l’indépendance et le financement de France Télévisions qui paraissent menacés. CF ci-dessous: La TELE sans PUB.
Griffes, graphes et glyphes.
Qu’est-ce que l’écriture? Les historiens et les géographes en font une technique de mémorisation ou de transport de l’information, mais originellement l’écriture pourrait bien être l’une des formes d’expression d’une sorte de pulsion grattante, rognante, mordante, griffante, qui serait celle de la vie même. En indo-européen, la racine graph- signifie égratigner et glyph- tailler; le “gramme” est, en grec, un caractère “gravé “, le “glymme” une image “taillée” : l’écriture a d’abord été ciselure. Il faut considérer l’étagement historique des modes d’incision, des manières d’inscription, des instruments de traçage, des outils de marquage, si l’on veut pénétrer tous les sens possibles de la métaphore de l’écriture. Le dur et le doux, le volatil et le pérenne, le labeur de la plume et les caresses des calames, les couches sensibles du papyrus, du parchemin et de la gélatine photochimique, le scintillement des électrons et l’amoncellement des circuits intégrés sont autant d’étapes du phénomène le plus significatif de la vie : plutôt que de passer sans traces, laisser dans l’épaisseur du monde le souvenir de la morsure de l’être…
Lyon et Venise capitales du texte et du tissu.
Grâce aux correspondances entre la fabrication des étoffes et la production des œuvres théâtrales et littéraires, Goldoni multiplie les variations sur les rapports entre le texte et le tissu. Tous deux résultent de la collaboration entre celui qui en compose les motifs et tous ceux qui les mettent en forme et les proposent au public. La comédie ( la production de texte) retrouve ainsi l’évolution étymologique qui, à partir du premier siècle avant J-C., donne un sens figuré au verbe latin « texere », qui ne signifie plus seulement tisser ou tresser, mais aussi composer un ouvrage, et qui, au premier siècle après J-C attribue au mot « textus » son sens moderne de texte écrit, tout en le maintenant au sein du lexique du tissage :« textor» (tisserand), « textrinum » (atelier), « textum » ou « textura » (tissu) …
TÉLÉ sans PUB
APPEL POUR UN DEBAT SUR L’AVENIR DE LA TELEVISION PUBLIQUE
L’annonce par Nicolas Sarkozy de la suppression dès 2009 de la publicité à la télévision publique nous paraît, en l’état, dangereuse. Nous exigeons l’ouverture d’un débat public avec l’ensemble des professionnels concernés, préalable indispensable à toute décision. Nous demandons que cessent l’improvisation et les effets d’annonce brutaux. Tous les professionnels s’accordent à dire que cette réforme massive de l’audiovisuel public met en danger l’équilibre d’un secteur stratégique tant industriel que culturel. Voir : www.sauvonslatele.com
Patrimoine sacrifié
.Sur l’impulsion donnée par François Ier en 1538, le cardinal de Richelieu crée en 1640, sous Louis XIII, la Manufacture royale d’imprimerie. Les gouvernements successifs en feront, selon le régime en vigueur, l’Imprimerie de la République, puis l’Imprimerie impériale, l’Imprimerie royale pour devenir l’Imprimerie nationale. Mais depuis 2003 afin d’obéir aux injonctions de l’Europe l’IN doit se séparer de plusieurs sites. Garamonpatrimoine, un collectif interdisciplinaire qui regroupe des universitaires (historiens, anthropologues, informaticiens, etc.), des graphistes, des ouvriers typographes et des enseignants des métiers du livre, souhaite attirer l’attention des décideurs politiques et de l’opinion publique. fort de 13000 signatures (78 pays) il lance une pétition pour sauver et valoriser ce patrimoine et ces savoir-faire. Mais rien n’y fit et en ce début de 2008 c’est la fin de cette belle entreprise créée par François 1er au XVIe siècle et que le monde nous enviait. Plus qu’une partie de notre patrimoine qui disparaît c’est un symbole de notre civilisation européenne qui est sacrifié.
“Écologica” de Gorz.
“Le Percolateur” a, en Septembre 2007, consacré un article au suicide du philosophe André Gorz et de sa femme Dorine. Les éditions “Galilée” viennent de publier “Écologica” qui réunit des textes déjà proposés dans des ouvrages antérieurs, de “l’Idéologie sociale de la bagnole” (1975) à “La sortie du capitalisme a déjà commencé”(2006) où l’on retrouve les thèses contre l’économisme, l’utilitarisme, le productivisme, le consumérisme, la logique capitaliste de l’accumulation des biens, le développement hyperbolique des faux besoins. et des articles d’analyses de “la sortie du capitalisme”, proposant un modèle de vie visant à faire plus et mieux, avec moins. Utopique ?
Paul Valéry 1919
Nous autres, civilisations, nous savons maintenant que nous sommes mortelles.
Nous avions entendu parler de mondes disparus tout entiers, d’empires coulés à pic avec tous leurs hommes et tous leurs engins; descendus au fond inexplorable des siècles avec leurs dieux et leurs lois, leurs académies et leurs sciences pures et appliquées, avec leurs grammaires, leurs dictionnaires, leurs classiques, leurs romantiques et leurs symbolistes, leurs critiques et les critiques de leurs critiques. Nous savions bien que toute la terre apparente est faite de cendres, que la cendre signifie quelque chose. Nous apercevions à travers l’épaisseur de l’histoire, les fantômes d’immenses navires qui furent chargés de richesse et d’esprit. Nous ne pouvions pas les compter. Mais ces naufrages, après tout, n’étaient pas notre affaire…“La crise de l’esprit” de Paul Valéry après la Grande Guerre.
Épistémocritique.
La littérature s’est-elle jamais distinguée de l’univers des savoirs au point de s’en isoler totalement ? Ne trouve-t-on pas au contraire, dans les œuvres comme dans les réflexions explicites des écrivains sur leur projet, la trace d’une imbrication toujours présente et active, parfois centrale ? En voulant faire de l’entreprise littéraire et de l’entreprise scientifique des champs à l’identité close, notre culture ne s’est-elle pas rendue partiellement aveugle à la réalité d’un fondement cognitif commun ? La connaissance peut prendre bien des formes et sait, selon les besoins et les moments, forger des outils très divers. Les savoirs et leurs langages peuvent jouer ce rôle dans le travail de l’écrivain, tout comme le scientifique ne peut se passer des jeux du langage et de ses puissances de figuration. La perspective épistémocritique consiste, devant un texte, à se poser la question des usages que fait ce dernier de ce qui relève des savoirs, parfois des sciences, au sens le plus élaboré de ce mot. Quelle est la nature du rapport épistémique entre un texte et son lecteur, lui dont cette expérience mobilise les facultés cognitives, parfois pour l’édifier, le plus souvent pour ébranler ou réorganiser ses certitudes ?
Le laboratoire des idées.
Les revues sont indissociables du mouvement des idées ; tous les mouvements littéraires, tous les groupes intellectuels ont eu leur revue – souvent éphémère. Mais les plus importantes ont non seulement marqué leur temps, mais aussi donné naissance à de grandes maisons d’édition: ainsi La Nouvelle Revue française, La N.R.F. est à l’origine des Éditions Gallimard, comme le Mercure de France le fut quelques années plus tôt pour ses Éditions. De cette filiation, les Éditions Gallimard ont conservé la tradition éditoriale des revues. À côté de La N.R.F., qui paraît maintenant depuis près de 92 ans, se sont ajoutés au fil du temps de nombreux titres, les uns disparus, les autres toujours publiés, et surtout un nouveau domaine de réflexion et d’investigation : les sciences humaines, explorées depuis vingt ans par Le Débat. Site des éditions Gallimard.
Grâce au numérique !
Les “Presses Universitaires de France” créent une nouvelle collection “Sources” qui réédite à l’identique des ouvrages anciens et rares. Parmi la première livraison on peut noter le premier ouvrage d’Ambroise Paré de 1551: “Manières de traiter les plaies”, mélange d’esprit scientifique et de remèdes pittoresques, illustré de 42 dessins. Grâce au numérique ! !
Certes, mais l’objet-livre existe et peut être feuilleté et sa reliure (belle) caressée !
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