La communication est le mythe central de nos sociétés partagées entre le développement de la circulation et l’atomisation. D’un côté, l’accent est mis sur tout ce qui circule (gens, choses et savoirs), sur les voyages, les transports et ces grands échangeurs d’idées et d’images que sont les écoles et les médias. De l’autre, notre organisation sociale ne cesse d’éparpiller et de fragmenter groupes, individus et traditions, en défaisant la logique interne qui structurait d’anciens savoirs, un usage des relations, une langue de l’ordinaire et de la mémoire propre à habiter les gestes et les mots. À mesure que croît l’information distribuée dans tout l’espace social, décroissent les relations entre les pratiquants de cet espace. La communication devient ainsi le paradoxe et le système de la jonction entre ce qui informe et ce qui relie: la distribution de communication augmente, mais sa réalité diminue. Au coeur de ces tensions, on trouve le lieu et ce qui relève du local… Extrait de”L’ordinaire de la communication” de Michel de Certeau et Luce Giard. Dalloz 1983
Ce site en annexe du “percolateur” ne prétend à l’exhaustivité, ni à l’autorité mais simplement à une curiosité vagabonde dans cette “bribiothèque” de notre époque, ces “bouts écrits”, ces fragments, ces éclats de Vérité voire ces coups de gueule. Kaléidoscope ou Patchwork. Du tabulaire forcément lacunaire.
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les titres
Ordinaire mais pas simple
Webd'azard
La mécroissance.
Avec la fin du « siècle de l’automobile » et de « l’ère » du pétrole, ce sont aussi la télévision, les industries de programme et les industries culturelles en général qui sont entraînées dans une crise profonde, subissant la désaffection d’une partie croissante de la population. L’ensemble du système consumériste s’avère aujourd’hui caduc. Dès son origine, Ars Industrialis a soutenu que le consumérisme constitue un processus autodestructeur, soumettant les technologies d’information et de communication à l’hégémonie d’un marketing irresponsable et empêchant la formation d’un nouvel âge industriel. Car au cours de la dernière décennie, un autre modèle comportemental est apparu qui dépasse l’opposition de la production et de la consommation, dont le logiciel libre et les licences creative commons sont les matrices conceptuelles et historiques. Ce nouveau modèle constitue la base d’une économie de la contribution. Il permet d’espérer qu’après la domination de la bêtise systémique à laquelle aura conduit le consumérisme, les technologies numériques seront mises au service d’une nouvelle intelligence collective et d’un nouveau commerce social ¿ pour autant qu’émergent une volonté politique et une intelligence économique nouvelles, et que s’engage la lutte pour en finir avec la mécroissance. Présentation par l’éditeur (Flammarion) du livre “Pour en finir avec la mécroissance” qui réunit grâce à Bernard Stiegler, Alain Giffard et Christian Fauré, quelques réflexions d’Ars Industrialis sur notre temps.
Les corbeaux pétitionnaires, nouveaux inquisiteurs universitaires.
L’affaire Gougenheim (auteur d’un livre austère et savant sur Aristote au Mont-Saint-Michet, qui avait passionné le webdo-perco) (voir Juillet 2008)ne représente que le plus récent avatar de ces nouvelles chasses aux sorcières que la logique d’ïllimitation libérale conduit inexorablement à développer – pour le plus grand bonheur de ces éternels corbeaux et maîtres chanteurs qui ne manquent jamais de sortir des bois lorsque le ciel de l’Histoire s’assombrit. Dans la mesure où cette affaire .illustre de manière exemplaire (ou, si l’on préfère, de manière caricaturale) les nouvelles erreurs de la gauche libérale, on se reportera à l’étude minutieuse – et saisissante – qu’André Perrin a consacrée à la méthode de « travail» des corbeaux pétitionnaires (<< Le médiéviste et les nouveaux inquisiteurs», texte à paraître). Sa conclusion est sans appel; «Est-il. conforme à la démarche scientifique et à la déontologie de l’historien dont pourtant ils se réclament. écrit ainsi André Perrin – que des dizaines d’universitaires aient osé condamner un ouvrage qu’ils n’avaient pas lu, dans un texte débutant par ces mots : “Historiens et philosophes, nous avons lu avec stupéfaction l’ouvrage de Sylvain Gougenheim…” ? Quel crédit le non-spécialiste, qui n’est pas en mesure de faire lui-même oeuvre d’historien, pourra t-il leur accorder désormais ? Peut – on dénoncer l’idéologie au nom de la science à l’intérieur d’une démarche qui bafoue les règles élémentaires de la probité scientifique et que seul le parti pris idéologique peut rendre intelligible? La réception du livre de Sylvain Gougenheim aura mis en évidence le climat délérère d’intimidation intellectuelle qui règne aujourd’hui. Celui-ci laisse peu de place au dialogue et peu de chance à la liberté de l’esprit.
A partir du livre de Jean-claude Michéa “:La double pensée” Champs-Flammarion.
Technicisation des territoires et des imaginaires
Un livre d’architecte, certes, mais qui est le plus à même d’interroger la consistance du meilleur des mondes que celui qui est susceptible d’ôter le U de l’Utopie pour atteindre la complexité technique, sociale et spatiale du technocosme!
“De la ville au technocosme” n’est pas un essai ordinaire. Son auteur, Xavier Bonnaud, est un architecte qui a exercé pendant plus de vingt ans en région parisienne. C’est fort de cette expérience et de ses lectures qu’il s’est plongé dans ce monde, le nôtre, constamment renouvelé par la technologie. En interrogeant ce nouvel environnement – un assemblage de réseaux, de fonctions et de lieux qui équipent notre existence et servent notre quête de performance, Xavier Bonnaud nous propose de réfléchir à l’impact de la technicité croissante de nos existences. Une question domine du reste sa réflexion : pourquoi, à travers son génie technique, l’homme construit pour lui-même des cités qui lui paraissent soudain inhospitalières ?
Ouvrage « de société », au sens où il est ancré dans le réel, et de philosophie de l’urbain, “De la ville au technocosme” questionne finalement le devenir de l’homme : puisqu’il n’y a pas d’alternative au monde urbain, est-ce que l’homme saura y mettre de l’espérance ?
” De la ville au microcosme” de Xavier Bonnaud aux éditions “L’Atalante”
Extrait de l’interview d’André de Peretti sur le site “diversifier”
Le refus d’une logique de cloisonnement dans les rapports humains s’est encore alimenté pour moi aux lectures plus récentes de scientifiques et d’épistémologues. Des auteurs tels que Prigogine (La nouvelle alliance), Michel Serres (Les cinq sens), Henri Atlan (Entre le cristal et la fumée, A tort et à raison), Bertrand d’Espagnat (A la recherche du réel, Une incertaine réalité), m’ont invité à penser les phénomènes dans leur diversité, dans l’incertitude aux carrefours des disciplines, sans crainte des moments de rupture ou de “catastrophes” (cf. René Thom). Il fallait intervenir en profondeur pour accroître les rapports sociaux et les interactions entre les personnes.avec Lewin, j’obtenais dans la dynamique de groupe, la confirmation qu’un groupe n’est pas nécessairement un rassemblement d’individus identiques sur une variable quelconque, mais au contraire plus généralement et plus opératoirement peut-être un rassemblement de personnes différentes et cependant inter-dépendantes dans la poursuite de leurs objectifs individuels.
Cette définition, la plus générale et la plus puissante qu’on ait pu donner d’un groupe, est le refus de ce que j’ai appelé le “mythe identitaire”: elle apporte une conception contraire au mythe indo-aryen. Car le piège indo-aryen repose sur l’idée que deux êtres A et B sont ou radicalement identiques ou radicalement différents. S’il y a différence, alors apparaît l’idée d’une exclusion totale, d’une séparation, et donc d’un ordre pur, d’une supériorité et d’une infériorité absolutisée…
Salaires des patrons, le scandale ! !
Aujourd’hui presque tout le monde en convient : les dirigeants des grandes firmes sont beaucoup trop payés et l’écart fantastique des rémunérations qui s’est creusé au sein des entreprises pose des problèmes non seulement de justice sociale, mais aussi, et de plus en plus, d’efficacité économique. Tant au niveau des entreprises elles-mêmes que de la société dans son ensemble….
Cette construction intellectuelle s’effondre aujourd’hui. L’enrichissement incroyable des dirigeants d’entreprise apparaît de plus en plus comme un accaparement pur et simple de la richesse créée par l’entreprise au profit d’une infime minorité de ses acteurs.
Ils étaient d’autant plus incités à travestir la réalité que la part variable de leur rémunération était devenue plus importante, pesant en général plus de la moitié du total. Et, sur un plan macroéconomique, le type d’incitation mis en place pour leur rémunération a beaucoup concouru à rendre l’économie plus cyclique avec ses enchaînements de bulles et de krachs …
Reste maintenant à inventer les nouveaux modes de rémunération des dirigeants, mais aussi plus généralement le mode de gouvernance des sociétés qui permettra à l’avenir d’éviter ces pièges et de rétablir la cohésion du corps social que constitue une entreprise. Une cohésion non seulement souhaitable moralement, mais aussi indispensable à l’efficacité même de leur activité économique.
Extraits d’un article de Philippe Delvalée. Alternatives Économiques.
La part incompressible de risque que recèle l’humaine condition.
La terre n’est pas une mère. Au mieux une marâtre. Les tremblements de terre, comme les tsunamis qui en sont la conséquence marine, viennent nous rappeler cette vérité cruelle. Ce sont des malheurs qui n’ont pas de sens. On ne saurait les imputer aux hommes, bien incapables de les prévoir ou de s’en prémunir vraiment, et seuls les croyants extrêmes les attribuent à Dieu ou au diable. Ils procèdent seulement d’une fatalité impassible. Cette absurdité même suscite deux remarques très contemporaines. Si la nature est une victime qui doit être justement secourue, elle est aussi et surtout une entité inhumaine que nous habitons par effraction, à force d’ingéniosité et de lutte. Dans sa philosophique indifférence aux hommes, elle est d’abord, comme la mer, une force hostile. Il faut la protéger, mais il faut aussi s’en protéger. Elle ne saurait donc, à rebours d’une certaine religiosité écologique, servir de divinité de rechange, qui serait la source d’une nouvelle morale.
Aussi bien l’événement amende une autre prescription d’aujourd’hui : le principe de précaution, qu’on veut étendre sans cesse à toute chose. La précaution consisterait, en l’espèce, à faire évacuer tout de suite les villes les plus menacées ou, à tout le moins, à se lancer dans de dispendieux efforts de sécurité sismique. Ces efforts sont utiles mais ils trouvent leur limite : faut-il évacuer Nice ou Los Angeles ou encore les reconstruire ? Cette priorité terrible mais inévitable nous ramène seulement à la part incompressible de risque que recèle l’humaine condition
Extrait de l’éditorial de Laurent Joffrin dans Libération de ce Mardi 7 Avril 2009.
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