Extrait de l’introduction au Colloque de Cerisy ; “Intelligence de la Complexité”(2007) par “Edgar Morin”.
Le lien entre sciences et philosophie a été rompu. Encore au XVIIe siècle les grands scientifiques étaient enmême temps de grands philosophes. Certes, ils n’identifiaient pas science et philosophie. Quand Pascal faisait ses expériences au Puy de Dôme, il ne pensait pas au problème du Pari. Mais du temps de Pascal, Gassendi, Leibniz, il n’y avait pas cette coupure. La coupure est devenue un fossé redoutable. Le fossé d’ignorance et de méconnaissance sépare la culture scientifique de la culture des humanités.
‘Mais le courant a commencé à s’inverser: les sciences les plus avancées arrivent aux problèmes philosophiques fondamentaux: pourquoi y a-t-il un univers à partir de rien? Comment est né cet univers d’un vide qui n’était pas en même temps le vide? Qu’est-ce que la réalité? L’essence de l’univers est-elle voilée ou totalement connaissable?
Le problème de la vie se pose désormais dans une complexité qui dépasse la biologie: les conditions singulières de son origine, les conditions des émergences de ses puissances créatives. Bergson avait tort en pensant qu’il y avait un élan vital, mais avait raison en parlant de l’évolution créatrice. Il aurait même pu parler de la créativité évolutive……
Le livre a été édité aux éditons de I’aube, avec le sous-titre : Épistémologie et pragmatique