Michel Serres aime les mots et les idées qu’ils nomment. On devine quand il nous parle, cette jubilation de philologue qui fait rendre gorge et raison au verbe trituré par l’étymologie, l’histoire, les associations, les rencontres phonétiques ou graphiques… Rendre raison, certes, mais avec raison. Dans deux ouvrages “Le Contrat Naturel” (Champs Flammarion) et “Le Mal propre – Polluer pour s’approprier” (Le Pommier) Michel Serres part de la proximité Propreté / Propriété pour nous proposer une étude convaincante du contrat écologique..
…. “J’ai souvent noté qu’à l’imitation de certains animaux qui compissent leur niche pour qu’elle demeure à eux, beaucoup d’hommes marquent et salissent, en les conchiant, les objets qui leur appartiennent pour qu’ils restent leur propre ou les autres pour qu’ils le deviennent. Cette origine stercoraire ou excrémentielle du droit de propriété me paraît une source culturelle de ce qu’on appelle pollution, qui, loin de résulter, comme un accident, d’actes involontaires, révèle des intentions profondes et une motivation première”….
A propos de mot on peut aller voir ‘A la fortune du mot”.