Une utopie est un système, clos sans doute, donc une île, un monastère, un hôpital, une prison, une usine, une école, bref un ensemble d’éléments liés par une loi de solidarité et aussi par leur solitude. Singularité et totalité, unité et unicité: l’utopie, symétrique inverse du mythe, promène dans son paradoxe des synthèses impossibles et de l’idéalisme radical, la lumière blanche de sa transparence et de son uchronie. Comment s’étonner alors que le réseau devienne l’oeil de Big Brother, le langage inversé de Nowhere, la police stalinienne ou ce remède universel, physique ou mental, si performant qu’il se détruit lui-même puisqu’il peut tout guérir? Comme Robinson qui construit des palissades sur son île pour mieux se protéger de sa solitude, l’utopie, sous ses modes les plus forts, touche aux questions philosophiques et littéraires fondamentales d’une culture à laquelle Thomas More, Campanella, G. Bruno et bien d’autres ont dû payer le tribut de leur radicalité.
Ce site en annexe du “percolateur” ne prétend à l’exhaustivité, ni à l’autorité mais simplement à une curiosité vagabonde dans cette “bribiothèque” de notre époque, ces “bouts écrits”, ces fragments, ces éclats de Vérité voire ces coups de gueule. Kaléidoscope ou Patchwork. Du tabulaire forcément lacunaire.
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les titres
Utopie comme système clos.
Webd'azard
“Utopies nomades” de René Schérer
“Nomades” ce mot est, pour une grande part, inspiré par l’usage qu’en fait Gilles Deleuze dans Logique du sens où il qualifie les significations multiples dispersées dans l’univers et dans l’esprit sans qu’il soit légitime ni possible de leur conférer une même origine, une unique source, de les faire dépendre de la transcendance d’un principe. Elles sont immanentes au cours même de la vie, de toutes les vies foisonnantes dont elles expriment, à chaque fois, en chaque point, les singularités. Une « distribution nomade des singularités ».
Il nous a paru que l’utopie, elle aussi, circule et se distribue nomadiquement, surgissant, toujours singulière, à propos de tel ou tel problème, en tel ou tel point.
L’utopie est nomade dans son déploiement et en son sens, avant même de concerner les déplacements humains du nomadisme proprement dit de l’être humain en son errance.”
Extrait de “Utopies nomades” de René Schérer, éditions : “Les Presses du Réel”. 2009
Nourritures anarchistes de René SCHÉRER (éd. Hermann)
Cet anarchisme explosé, c’est celui qui inspire la liberté de pensée philosophique. Et en premier lieu le conflit entre jugement et justice, par lequel s’ouvre le livre. René Schérer y critique la prolifération cancéreuse d’un droit qui se prétend transcendant, l’angoisse du légiste “semblable à celle du promoteur immobilier devant une plage déserte”. Il évoque la tragédie qui dénonce l’ambiguité du langage, notamment celui de la logique binaire, “coupable ou non coupable absolument” . A l’opposé du nihilisme ambiant, il propose de “penser ensemble la séduction et le désir, désir conçu comme productif au sens deleuzien.
Et, en effet, nous retrouvons Deleuze, aussi bien dans un débat avec cet autre philosophe, Alain Badiou, qu’à propos de celui sur le rapport entre anarchisme et ontologie, que Daniel Colson a réouvert dans les milieux libertaires. Car il ne s’agit pas de pures spéculations mais de questions toujours actuelles, comme le montrent les réflexions d’u Noam Chomsky ou les discours au sujet de l’écologie.
Les débats sont parfois ardus, mais ils se déroulent dans un environnement des plus agréables. La lecture nous offre des compagnons de route tels que La Boétie, Péguy et, pourquoi pas ? Don Quichotte, le chevalier à la triste figure. Les citations sont inattendues comme autant de fleurs qui s’ouvrent dans la rosée du matin. Des lettres viennent se mêler au discours : bref, loin de la philosophie pontifiante, René Schérer persévère dans ce périlleux exercice qui consiste à “parler en son propre nom” .
René Schérer sera au CÉDRATS à Lyon le 16 mai 2009.
Merci à Édouard Glissant.
Par la pensée de l’errance nous refusons les racines uniques et qui tuent autour d’elles: la pensée de l’errance est celle des enracinements solidaires et des racines en rhizome. Contre les maladies de l’identité racine unique, elle est et reste le conducteur infini de l’identité relation. L’errance est le lieu de la répétition, quand celle-ci aménage les infimes (infinies) variations qui chaque fois distinguent cette même répétition comme un moment de la connaissance. Les poètes et les conteurs se donnent instinctivement à cet art délicat du listage (par variations accumulées), qui nous fait voir que la répétition n’est pas un inutile doublement…
SI l’errance est ainsi constitutive de Relation, elle a affaire avec la philosophie, avec la philosophie de la Relation, qui serait non seulement un art de l’errance mais à la lettre une philosophie errante, dont les pôles et les points d’échange se déplaceraient sans cesse….
Extrait du dernier ouvrage d’ Édouard Glissant : “Philosophie de la relation” NRF, Gallimard, mars 2009.
L’ordre compliqué et autres fragments,
«Le désordre n’existe pas, n’existe que l’ordre compliqué.» C’est à partir de ce simple postulat que Yona Friedman construit une image du monde fondée sur l’harmonie et qui défie les lois habituelles de la physique. L’univers devient alors erratique, l’espace est composé de granules infimes de vide et notre perception de la mosaïque du monde s’attache autant à chacune de ses pierres qu’à l’ensemble qu’elles constituent.
“L’ordre compliqué et autres fragments” se présente comme une nouvelle monadologie, illustrée de dessins au trait et traduite en «bande dessinée» par l’auteur – (L’éclat, 2008)
Yona Friedman est né à Budapest en 1923. Il vit et travaille à Paris depuis 1948. Je l’ai découvert, il y a une trentaine d’années avec un livre auquel je dois beaucoup : “Comment vivre entre les autres sans être esclave et sans être chef” éditions Pauvert, Paris, 1974 ( ce livre est hélas épuisé)
Nourritures anarchistes de René Schérer (éd. Hermann 2009)
Il est question ici d’un anarchisme sans attentat, sinon sans bombe ; de celui qui accompagne et inspire la liberté de pensée philosophique. À l’écart du courant moralisateur qui a trop souvent imprégné les mouvements de l’anarchisme institué jusqu’à nous ; pur de tout ressentiment et immoraliste comme le voulaient Nietzsche et Gide.
Eclaté ou explosé en directions diverses, « en miettes » ainsi qu’Italo Calvino a vu l’utopie contemporaine. Car il n’est en rien concentré dans un programme ou une doctrine. Il épouse la multiplicité chatoyante de la vie. Il s’agit d’un anarchisme de ce domestique auquel Charles Fourier a donné la prévalence sur le politique, se nourrissant du sol passionnel dans lequel il plonge. Il n’est plus synonyme de destruction ni de désorganisation ; il n’est plus négatif et réactif, mais affirmatif et créateur.
Il n’est pas non plus borné aux revendications exclusives de l’individu; il ne se conçoit que dans le cadre d’une nouvelle socialité que porte en gestation le monde déchiré d’aujourd’hui.
Ces Nourritures, qui se succèdent sous forme de «menu», viennent alimenter un nouvel anarchisme qui, à l’imitation du prospectus que Charles Fourier adressait en 1808 à ses lecteurs, souhaiterait intéresser tout aussi bien les critiques, les curieux et les voluptueux.
René Schérer, est professeur émérite en philosophie à l’Université de Paris 8 – Vincennes, il honorera de sa présence LYON et le CEDRATS. le 16 Mai 2009. On en reparlera dans Le Percolateur et ailleurs.
La duction.
Nous ne connaissons les choses que par les systèmes de transformation des ensembles qui les comprennent. Au minimum, ces systèmes sont quatre. La déduction, dans l’aire logico-mathématique. L’induction, daus le champ expérimeutal. La production, dans les domaines de pratique. La traduction dans l’espace des textes. il n’est pas complètement obscur qu’ils répètent le même mot. Qu’il n’y ait de philosophie que de la Duction – au préfixe, variable et nécessaire, près; on peut passer sa vie à tenter d’éclairer cet état de choses. Au feu de la réjouissance, aux lumières de la séduction. De fait, nos aïeux avaient un meilleur mot, déduit (récréation, divertissement). Á cet extrait de la préface de “La Traduction” de Michel Serres j’ajouterais volontiers la Conduction (aire de la transmission), et la “Transduction“, (aire de la médiation entre les domaines de la connaissance).
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