En 2006, le grand critique Genette publiait un abécédaire intime, Bardadrac. C’était un livre autobiographique profond et divertissant (l’un va rarement sans l’autre), plein d’amitié armée pour les hommes, les mots, pour ce qu’ils disent et ne disent pas. Genette flânait dans ses souvenirs et dans les livres sous le signe de Montaigne, le regard clair et la patte précise, sérieux sans esprit de sérieux, comme un vieux félin jouant avec une pelote ou triant des arêtes. Le ton était donné par l’ironie – forme méandreuse d’autodérision sans ostentation, d’enthousiasme méfiant, de discrétion révélée, variation pleine de bon sens sur les ordres du discours. L’immense culture de Genette ne s’accompagnait d’aucune cuistrerie : elle ne semblait destinée qu’à le (et nous) simplifier. Il y avait des entrées ouvrant sur des choses lourdes, d’autres sur des choses légères, c’était bien : comme dit Montaigne, l’âme se fatigue à être continuellement tendue. On riait avec Bardadrac, d’un rire qui permet de croire qu’on est (ou qu’on pourrait devenir) intelligent. Á propos de “Codicille” de Gérard Genet (au Seuil)“ dans Libération.
Ce site en annexe du “percolateur” ne prétend à l’exhaustivité, ni à l’autorité mais simplement à une curiosité vagabonde dans cette “bribiothèque” de notre époque, ces “bouts écrits”, ces fragments, ces éclats de Vérité voire ces coups de gueule. Kaléidoscope ou Patchwork. Du tabulaire forcément lacunaire.
May 2009
les titres
Il est des codicilles qui valent tous les testaments.
Webd'azard
Indispensable pour qui ne veut pas penser en rond
Réédition au “Cherche midi” en 2007 de “Le système technicien” de Jacques Ellul dont l’édition initiale est due à Calman-Lévy, en 1977.
Cet essai, publié en 1977 dans la collection ” Liberté de l’Esprit ” de Raymond Aron et introuvable en librairie depuis longtemps, est la clef de voûte de sa trilogie (La Technique – Le Système technicien – Le Bluff technologique). Il est considéré comme son livre le plus abouti. La Technique, pour Ellul, est le facteur déterminant de la société. Plus que le politique et l’économie. Elle n’est ni bonne ni mauvaise, mais ambivalente. Elle s’auto-accroît en suivant sa propre logique. Elle piétine la démocratie. Elle épuise les ressources naturelles. Elle uniformise les civilisations. Elle a des effets imprévisibles. Elle rend l’avenir impensable. Grâce à l’informatique, la Technique a changé de nature : elle forme, à l’intérieur de la société, un ” système technicien “. L’informatique, en unifiant tous les sous-systèmes (téléphonique, aérien, de production et distribution d’énergie, etc.), lui a permis de devenir un tout organisé, lequel vit à l’intérieur de la société, la modèle, l’utilise, la transforme. Mais ce système, qui s’auto-engendre, est aveugle. Il ne sait pas où il va. Et il ne corrige pas ses propres erreurs. Un livre indispensable pour qui ne veut pas penser en rond.
Biographie de l’auteur
Jacques Ellul (1912-1994) : un penseur iconoclaste libertaire. Protestant. Anti-communiste mais spécialiste de Marx. Le seul, en France, à avoir mené durant 50 ans une critique en profondeur du ” progrès ” technique. L’équivalent français de Heidegger, mais plus clair, plus percutant. Prophétique. Visionnaire. Il a prévu toutes les crises que nous vivons aujourd’hui. Nombre d’altermondialistes se revendiquent de sa réflexion philosophique.
Raccourci.
R…A…D…I…S. Les lettres s’affichent lentement sur l’écran, une par une, toutes les 3-4 secondes. Rien d’extraordinaire a priori sauf que la personne qui écrit le fait à la seule force de la pensée, sans souris, ni clavier. C’est l’une des applications vedette du projet OpenVIBE, mené principalement par l’Inserm et l’INRIA, et qui vient de s’achever après quatre ans de recherche interdisciplinaire entre les deux organismes et leurs partenaires (CEA, CNRS, Association française contre la myopathie, France Telecom).
Il s’agit d’une interface homme-machine sans autre lien entre les deux que les signaux cérébraux détectés par des électrodes posées sur le crâne du démonstrateur (du même type que celles d’un électroencéphalographe) et interprétés par un logiciel.
Pour écrire, le cobaye a devant les yeux un écran noir et blanc où sont disposées les lettres de l’alphabet. Des flashs lumineux éclairent alors aléatoirement et rapidement les lettres. Le cobaye compte le nombre de fois que la lettre souhaitée s’éclaire. Lorsqu’il l’a repérée dix fois, une onde cérébrale se crée, associée à la détection d’un stimulus attendu. Celle-ci est repérée dans la foule de signaux électriques et le système donne l’ordre d’afficher la lettre souhaitée…..
A partir de Sciences Avenir et NO.
Grammaire de François Laplantine
A propos de “Je, nous et les autres”, François Laplantine (éditions Le Pommier)
L’identité, derrière laquelle nous préférons souvent nous réfugier, et la représentation, image fixe à laquelle nous réduisons volontiers un individu ou un groupe, sont deux notions réductrices qui figent la pensée. En réaction contre les certitudes identitaires, l’auteur propose de cultiver, de conjuguer nos différences. Une conception nouvelle et vivante de l’anthropologie.François Laplantine a effectué de nombreuses recherches, notamment au Brésil, concernent l’anthropologie de la maladie et des religions, ainsi que les rapports entre anthropologie et écriture. Il est également professeur d’ethnologie à l’université de Lyon-2. Il est l’auteur de nombreux ouvrages de Sociologie, dont “De tout petits liens” (Mille et une nuits) que nous avons évoqué dans ces colonnes? “Micrologie” (voir ci contre)
Hybridité, ambivalence
Homi K. Bhabha, né en 1949 à Bombay, en Inde, est professeur de littérature anglaise et américaine à l’Université Harvard, où il est également directeur du Humanities Center depuis 2005, Il est, entre autres l’auteur de : “Les lieux de culture”( Paris, Payot, 2007) où il expose une théorie post-coloniale qui se fonde sur les notions d’hybridité, d’imitation, d’ambivalence qui intéressent particulièrement “le Percolateur”.
En voici la présentation par son éditeur :
Salué aussi bien par Edward Said que par Toni Morrison ou J. M. Coetzee, Homi K. Bhabha est l’un des théoriciens les plus importants et les plus influents du post-colonialisme. S’appuyant sur la littérature, la philosophie, la psychanalyse et l’histoire, il invite notamment à repenser les questions très actuelles d’identité et d’appartenance nationales ; à dépasser, grâce au concept très fécond d’hybridité culturelle, la vision d’un monde dominé par l’opposition entre soi et l’autre ; à saisir comment, par le biais de l’imitation et de l’ambivalence, les colonisés introduisent chez leurs colonisateurs un sentiment d’angoisse qui les affaiblit considérablement ; ou encore, plus largement, à comprendre les liens qui existent entre colonialisme et globalisation.
La mécroissance.
Avec la fin du « siècle de l’automobile » et de « l’ère » du pétrole, ce sont aussi la télévision, les industries de programme et les industries culturelles en général qui sont entraînées dans une crise profonde, subissant la désaffection d’une partie croissante de la population. L’ensemble du système consumériste s’avère aujourd’hui caduc. Dès son origine, Ars Industrialis a soutenu que le consumérisme constitue un processus autodestructeur, soumettant les technologies d’information et de communication à l’hégémonie d’un marketing irresponsable et empêchant la formation d’un nouvel âge industriel. Car au cours de la dernière décennie, un autre modèle comportemental est apparu qui dépasse l’opposition de la production et de la consommation, dont le logiciel libre et les licences creative commons sont les matrices conceptuelles et historiques. Ce nouveau modèle constitue la base d’une économie de la contribution. Il permet d’espérer qu’après la domination de la bêtise systémique à laquelle aura conduit le consumérisme, les technologies numériques seront mises au service d’une nouvelle intelligence collective et d’un nouveau commerce social ¿ pour autant qu’émergent une volonté politique et une intelligence économique nouvelles, et que s’engage la lutte pour en finir avec la mécroissance. Présentation par l’éditeur (Flammarion) du livre “Pour en finir avec la mécroissance” qui réunit grâce à Bernard Stiegler, Alain Giffard et Christian Fauré, quelques réflexions d’Ars Industrialis sur notre temps.
Les corbeaux pétitionnaires, nouveaux inquisiteurs universitaires.
L’affaire Gougenheim (auteur d’un livre austère et savant sur Aristote au Mont-Saint-Michet, qui avait passionné le webdo-perco) (voir Juillet 2008)ne représente que le plus récent avatar de ces nouvelles chasses aux sorcières que la logique d’ïllimitation libérale conduit inexorablement à développer – pour le plus grand bonheur de ces éternels corbeaux et maîtres chanteurs qui ne manquent jamais de sortir des bois lorsque le ciel de l’Histoire s’assombrit. Dans la mesure où cette affaire .illustre de manière exemplaire (ou, si l’on préfère, de manière caricaturale) les nouvelles erreurs de la gauche libérale, on se reportera à l’étude minutieuse – et saisissante – qu’André Perrin a consacrée à la méthode de « travail» des corbeaux pétitionnaires (<< Le médiéviste et les nouveaux inquisiteurs», texte à paraître). Sa conclusion est sans appel; «Est-il. conforme à la démarche scientifique et à la déontologie de l’historien dont pourtant ils se réclament. écrit ainsi André Perrin – que des dizaines d’universitaires aient osé condamner un ouvrage qu’ils n’avaient pas lu, dans un texte débutant par ces mots : “Historiens et philosophes, nous avons lu avec stupéfaction l’ouvrage de Sylvain Gougenheim…” ? Quel crédit le non-spécialiste, qui n’est pas en mesure de faire lui-même oeuvre d’historien, pourra t-il leur accorder désormais ? Peut – on dénoncer l’idéologie au nom de la science à l’intérieur d’une démarche qui bafoue les règles élémentaires de la probité scientifique et que seul le parti pris idéologique peut rendre intelligible? La réception du livre de Sylvain Gougenheim aura mis en évidence le climat délérère d’intimidation intellectuelle qui règne aujourd’hui. Celui-ci laisse peu de place au dialogue et peu de chance à la liberté de l’esprit.
A partir du livre de Jean-claude Michéa “:La double pensée” Champs-Flammarion.
Technicisation des territoires et des imaginaires
Un livre d’architecte, certes, mais qui est le plus à même d’interroger la consistance du meilleur des mondes que celui qui est susceptible d’ôter le U de l’Utopie pour atteindre la complexité technique, sociale et spatiale du technocosme!
“De la ville au technocosme” n’est pas un essai ordinaire. Son auteur, Xavier Bonnaud, est un architecte qui a exercé pendant plus de vingt ans en région parisienne. C’est fort de cette expérience et de ses lectures qu’il s’est plongé dans ce monde, le nôtre, constamment renouvelé par la technologie. En interrogeant ce nouvel environnement – un assemblage de réseaux, de fonctions et de lieux qui équipent notre existence et servent notre quête de performance, Xavier Bonnaud nous propose de réfléchir à l’impact de la technicité croissante de nos existences. Une question domine du reste sa réflexion : pourquoi, à travers son génie technique, l’homme construit pour lui-même des cités qui lui paraissent soudain inhospitalières ?
Ouvrage « de société », au sens où il est ancré dans le réel, et de philosophie de l’urbain, “De la ville au technocosme” questionne finalement le devenir de l’homme : puisqu’il n’y a pas d’alternative au monde urbain, est-ce que l’homme saura y mettre de l’espérance ?
” De la ville au microcosme” de Xavier Bonnaud aux éditions “L’Atalante”
” La double pensée”; de Jean Claude Michéa
Le libéralisme est, fondamentalement, une pensée double : apologie de l’économie de marché, d’un côté, de l’État de droit et de la « libération des moeurs » de l’autre. Mais, depuis George Orwell, la double pensée désigne aussi ce mode de fonctionnement psychologique singulier, fondé sur le mensonge à soi-même, qui permet à l’intellectuel totalitaire de soutenir simultanément deux thèses incompatibles. Un tel concept s’applique à merveille au régime mental de la nouvelle intelligentsia de gauche. Son ralliement au libéralisme politique et culturel la soumet, en effet, à un double bind affolant. Pour sauver l’illusion d’une fidélité aux luttes de l’ancienne gauche, elle doit forger un mythe délirant : l’idéologie naturelle de la société du spectacle serait le « néoconservatisme », soit un mélange d’austérité religieuse, de contrôle éducatif impitoyable, et de renforcement incessant des institutions patriarcales, racistes et militaires. Ce n’est qu’à cette condition que la nouvelle gauche peut continuer à vivre son appel à transgresser toutes les frontières morales et culturelles comme un combat « anticapitaliste ». La double pensée offre la clé de cette étrange contradiction. Et donc aussi celle de la bonne conscience inoxydable de l’intellectuel de gauche moderne.
Voir l’éditeur : Champs-Flammarion.
L’art numérique est-il un oxymore ?
De la curiosité à l’invention formelle. …À ceux qui se demandent encore si des œuvres générées par un logiciel peuvent être véritablement considérées comme des œuvres d’art, on peut répondre que si, au début, la magie du procédé rendait moins exigeant à l’égard de la performance esthétique, ce temps est révolu. Les artistes du numérique produisent aujourd’hui des œuvres qui allient une haute technicité à une grande richesse émotionnelle et à un grand intérêt plastique. Sans compter qu’en poussant l’exploration du champ de la réalité jusqu’à ses confins et en se risquant même au-delà, ils contribuent de façon souvent sensible et toujours féconde au renouvellement des images ainsi qu’à l’élargissement, si ce n’est à la redéfinition, du concept d’art que nous avons hérité de la modernité.
Il est grand temps que tombent les dernières résistances que rencontre encore l’art numérique. Mais pour cela, il faut que les artistes aident le public réticent en proposant des œuvres qui ne font pas prendre la nouveauté technologique pour la nouveauté de leur message, mais qui interrogent les transformations apportées à notre vision du monde par ces mêmes technologies et en proposent une traduction formelle inventive. La rupture technologique doit s’accompagner d’un changement d’imaginaire. C’est déjà souvent le cas.
Certes l’art numérique est un peu cabotin. Il sait nous séduire, nous amuser, exciter notre curiosité, nous donner envie d’aller y voir. Est-il pour autant moins sérieux ? On le croit ludique alors qu’il est lucide sur notre monde dont il anticipe la maîtrise par le contrôle et l’intelligence artificielle.
Extrait d’un article de Françoise Gaillard dans la revue Esprit -Avril 2009.
Le mathématicien Gromov reçoit le Prix Abel.
Le mathématicien français d’origine russe Mikhail Gromov a reçu aujourd’hui le prix Abel pour ses travaux en géométrie. Ce prix qui récompense la carrière d’un mathématicien est remis chaque année depuis 2003 par l’Académie norvégienne des Sciences et des Lettres, sur avis d’un comité composé de cinq mathématiciens de renom.
Mikhail Gromov, né en Union soviétique en 1943, devenu citoyen français en 1992, «est toujours à la poursuite de nouvelles questions et pense constamment à de nouvelles solutions pour résoudre des problèmes longtemps restes sans réponse» écrit le comité Abel. «Il a produit des travaux originaux, d’une grande profondeur, et demeure remarquablement créatif».Info de NO Sciences.
Exploration du “Hors Limite”.
L’écrivain écossais, Kenneth White, amoureux du langage, de notre langue et de sa littérature a besoin d’espace, Il s’intéresse aux limites de la littérature, à l’hétérogénéité des styles, à ce que Valéry appelait “l’Extrême-Nord-Humain”, le hors-frontière de cette prose qui se dépasse en poésie puis en philosophie. Tel un manifeste anti-médiocratie Kenneth White propose dans “Les affinités extrêmes” des auteurs “hors-normes”, “hors-limites”, des solitaires, qui ont vécu et travaillé à l’écart de la confusion contemporaine et des idéologies qui jalonnent l’histoire. Ce sont les habitants clairvoyants d’une atopie dont on peut énumérer les régions comme ceci: l’anarchie géographique de Reclus, l’asocialité rayonnante de Rimbaud, l’ascension ontologique de Segalen, l’animisme cosmique de Saint-John Perse, l’automatisme surréalisant de Breton, l’absolutisme jusqu’au-boutiste de Céline, l’annihilation méditative de Michaux, l’alexandrinisme pérégrin de Cingria, l’australité lyrique de Delteil, l’aporie pyrrhonienne de Cioran…Lecture conseillée : “Les .affinités extrêmes” chez Albin Michel. 2009
L’illusion identitaire
L’Occident impose-t-il au reste du monde sa propre définition des droits de l’homme et de la démocratie ? La globalisation menace-t-elle l’identité française ? Le confucianisme est-il vraiment le moteur de la réussite économique de l’Asie ? La culture africaine est-elle compatible avec le multipartisme ? L’islam est-il un obstacle insurmontable à l’intégration des Maghrébins et des Turcs en Europe de l’Ouest ? Autant d’incertitudes, ou plutôt de trop grandes certitudes sur lesquelles nous butons constamment et qui tiennent pour acquise la permanence des cultures.
Or, c’est paradoxalement l’idée même de culture qui nous empêche de saisir la dimension culturelle de l’action politique ou du développement économique. Car la formation de l’Etat met en jeu des conceptions esthétiques et morales ; elle est aussi affaire de pratiques sexuelles, alimentaires, vestimentaires ou pileuses. Au terme d’une pérégrination ironique – et souvent drôle – dans les imaginaires et les passions politiques du monde contemporain, cet ouvrage décapant invite le lecteur à réinventer l’universel démocratique pour mieux s’opposer aux tenants du ” combat identitaire “.
Les conflits qui font l’actualité – les guerres de Yougoslavie, du Caucase, d’Algérie, d’Afrique noire, ou les affrontements communalistes en Inde – tirent leur force meurtrière de la supposition qu’à une prétendue ” identité culturelle ” correspond une ” identité politique “, en réalité tout aussi illusoire. Dans les faits, chacune de ces identités est une construction, souvent récente. Il n’y a pas d’identité ” naturelle ” qui s’imposerait à nous par la force des choses.
Il n’y a que des stratégies et des rêves ou des cauchemars identitaires auxquels nous adhérons parce qu’ils nous enchantent ou nous terrorisent. Mais nous ne sommes pas condamnés à demeurer prisonniers de tels sortilèges. Le ” choc des civilisations ” n’est pas une fatalité.
Extraits de “L’illusion identitaire” de Jean-François Bayart. éd. Fayard. 1996
Extrait de l’interview d’André de Peretti sur le site “diversifier”
Le refus d’une logique de cloisonnement dans les rapports humains s’est encore alimenté pour moi aux lectures plus récentes de scientifiques et d’épistémologues. Des auteurs tels que Prigogine (La nouvelle alliance), Michel Serres (Les cinq sens), Henri Atlan (Entre le cristal et la fumée, A tort et à raison), Bertrand d’Espagnat (A la recherche du réel, Une incertaine réalité), m’ont invité à penser les phénomènes dans leur diversité, dans l’incertitude aux carrefours des disciplines, sans crainte des moments de rupture ou de “catastrophes” (cf. René Thom). Il fallait intervenir en profondeur pour accroître les rapports sociaux et les interactions entre les personnes.avec Lewin, j’obtenais dans la dynamique de groupe, la confirmation qu’un groupe n’est pas nécessairement un rassemblement d’individus identiques sur une variable quelconque, mais au contraire plus généralement et plus opératoirement peut-être un rassemblement de personnes différentes et cependant inter-dépendantes dans la poursuite de leurs objectifs individuels.
Cette définition, la plus générale et la plus puissante qu’on ait pu donner d’un groupe, est le refus de ce que j’ai appelé le “mythe identitaire”: elle apporte une conception contraire au mythe indo-aryen. Car le piège indo-aryen repose sur l’idée que deux êtres A et B sont ou radicalement identiques ou radicalement différents. S’il y a différence, alors apparaît l’idée d’une exclusion totale, d’une séparation, et donc d’un ordre pur, d’une supériorité et d’une infériorité absolutisée…
L’Hétérogène
Le mot n’a pas toujours bonne presse, pourtant il fait partie des mots clefs du Percolateur. Vous imaginez avec quelle joie je viens de le rencontrer sur la Toile, avec des mots, des concepts, des références, des auteurs qui me sont familiers.
La mondialisation, les changements accélérés de notre époque mettent en contact brusque des représentations ou des réalités, des moeurs ou des cultures. Quel traitement peut-il être apporté aux conflits permanents qui en résultent une homogénéisation forcée, une euphémisation plus ou moins laxiste ? Ou bien une articulation des hétérogénéités, un accueil franc de leurs enchevêtrements baroques ? C’est à une recherche d’équilibre sans concession ni facilité, que s’attachent, en dialogues successifs, deux amis, reliés par une même orientation professionnelle et heuristique la psychosociologie. Les différences de leurs expériences et de leurs styles les aident à échanger selon une dialectisation soutenue et sans cesse infléchie. Ils rebondissent alors en contrepoint des événements sociaux et politiques qui les stimulent, de pensées en pensées, d’auteurs ou de témoins de Paul Valéry à Julien Benda, de Freud à Carl Rogers, de Nietzsche à Leibnitz, de Michel Serres à Edgar Morin, de Teilhard de Chardin à Spengler, sans oublier Claudel, Sartre et quelques autres. Transgressions ou trahisons, concessions ou originalisations en quelle marge peut se situer l’équilibre, cognitif et existentiel, des cultures et de la civilisation nouvelle ?
“Penser l’hétérogène” de “De Peretti, André, Ardoino Jacques, chez Desclée de Brouwer
Salaires des patrons, le scandale ! !
Aujourd’hui presque tout le monde en convient : les dirigeants des grandes firmes sont beaucoup trop payés et l’écart fantastique des rémunérations qui s’est creusé au sein des entreprises pose des problèmes non seulement de justice sociale, mais aussi, et de plus en plus, d’efficacité économique. Tant au niveau des entreprises elles-mêmes que de la société dans son ensemble….
Cette construction intellectuelle s’effondre aujourd’hui. L’enrichissement incroyable des dirigeants d’entreprise apparaît de plus en plus comme un accaparement pur et simple de la richesse créée par l’entreprise au profit d’une infime minorité de ses acteurs.
Ils étaient d’autant plus incités à travestir la réalité que la part variable de leur rémunération était devenue plus importante, pesant en général plus de la moitié du total. Et, sur un plan macroéconomique, le type d’incitation mis en place pour leur rémunération a beaucoup concouru à rendre l’économie plus cyclique avec ses enchaînements de bulles et de krachs …
Reste maintenant à inventer les nouveaux modes de rémunération des dirigeants, mais aussi plus généralement le mode de gouvernance des sociétés qui permettra à l’avenir d’éviter ces pièges et de rétablir la cohésion du corps social que constitue une entreprise. Une cohésion non seulement souhaitable moralement, mais aussi indispensable à l’efficacité même de leur activité économique.
Extraits d’un article de Philippe Delvalée. Alternatives Économiques.
Carte éolienne pour la Tunisie
Le Centre National d’Energies Renouvelables espagnol (appelé CENER) vient de finaliser le premier atlas éolien de Tunisie commandé par le gouvernement de ce pays. Cet atlas éolien a été présenté en Tunisie par le chef du service d’évaluation et de prévisions des ressources éoliennes du CENER Marti Pérez, dans le cadre des Journées de l’Energie organisées conjointement par le Ministère tunisien de l’Industrie et l’Energie et l’Ambassade d’Espagne.
La réalisation de cet atlas permet de renforcer le développement de l’énergie éolienne de Tunisie car il existe dès à présent une réelle connaissance des zones à fort potentiel et grande rentabilité comme le nord-est du pays. Dans le sud du pays, la zone qui recouvre le désert du Zahara attire également l’attention du point de vue des critères européens en la matière. Extrait des Bulletins électroniques.
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